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28/4//10 Thierry Desjardins
Pendant que l’Europe explose, Sarkozy            fait du tourisme en Chine !

L’Europe est en train d’exploser, Sarkozy fait du tourisme en Chine et, à Paris, on ne se préoccupe que de la burqa et du mari polygame de la femme voilée.

Maintenant tous les experts l’affirment, la faillite de la Grèce va entraîner dans l’abîme un certain nombre d’autres pays européens. On ne sait pas s’il faut parler de « l’effet domino » ou du « château de cartes ». Après Athènes qui, devant les réticences de l’Allemagne, ne trouve pas les 9 milliards qu’il lui faut absolument avant le 18 mai, c’est au tour de Lisbonne d’être pris dans la tourmente et de se voir déclasser au rang de pays « pourri ». Et on parle déjà de l’Espagne, de l’Italie, de l’Irlande, voire, demain, de la Grande-Bretagne et, qui sait, de la France. C’est la spirale infernale, la descente aux enfers pour tout le monde.

Le bel édifice bruxellois s’effondre, l’euro qui devait nous permettre de faire face aux Etats-Unis et à la Chine et nous protéger de tout - notamment du chômage ! - explose et l’on se rend compte, un peu tard, qu’il était absurde, parce que contre-nature, de mettre dans le même sac des pays aux économies et aux mœurs si différentes. Et, quand on ira regarder d’un peu plus près du côté des nouveaux entrés de l’Est, on s’apercevra de l’irresponsabilité de ceux qui ont voulu cette Europe à 27, « en sautant, comme des cabris, sur leurs tabourets et en criant « L’Europe ! L’Europe ! », pour reprendre une formule célèbre.

On se souvient des déclarations triomphantes de Nicolas Sarkozy qui, l’année dernière, nous affirmait le plus sérieusement du monde qu’il avait sauvé l’Europe au cours de sa présidence de l’Union et grâce à son mini traité de Lisbonne.

En fait, ses six mois de présidence ne lui ont permis que de laisser la Russie annexer deux provinces géorgiennes et que de porter, en grande pompe, sur les fonds baptismaux, un mort-né, l’Union pour la Méditerranée. Pour le reste, il a dû, évidemment, s’incliner devant les volontés d’Angela Merkel, une eurosceptique de fer qui méprise souverainement ses partenaires dès qu’ils lui demandent de les aider à boucler leurs fins de mois.

On nous avait raconté que l’union (européenne) ferait notre force. Nous nous apercevons qu’en nous étant tous embarqués dans la même galère nous risquons bien de couler tous ensemble. Qui aurait pu croire qu’un jour la situation économique de la Grèce entraînerait la chute de la bourse de Paris ?

Et pendant ce temps, alors que la maison brûle, le président de la République et sa femme font, bras dessus bras dessous, du tourisme en Chine. Certes, on ne reprochera pas au chef de l’Etat d’essayer de rattraper sur le plan international le terrain qu’il a perdu sur le plan national. Mais on peut tout de même se demander ce qu’il va faire là-bas.

On nous dit qu’il va officialiser « les grandes retrouvailles » avec Pékin. Cette fois, une fois n’est pas coutume, il n’y aura pas, à l’issue de la visite, d’annonces de contrats mirifiques (on se demande encore comment se sont concrétisés les contrats précédents, en Chine, en Inde, au Brésil…). Sarkozy ne va pas vendre d’Airbus, de Rafale, de TGV ou de centrales atomiques. Il va juste, pieds nus et la corde au cou, demander pardon aux Chinois pour trois ans d’incohérences de la diplomatie française dans ses relations avec Pékin, avec déclarations d’amour, volte-face, provocations, soumissions, défis et « déculottades ».

On se souvient des épisodes. L’Elysée annonce que Sarkozy va recevoir le Dalaï-lama, qu’il ne le recevra pas, que le président de la République française est seul maître de ses rendez-vous, qu’il va boycotter l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, que Carla a aperçu le Dalaï-lama en province, qu’il ira à Pékin, qu’il a croisé le Dalaï-lama en Pologne, qu’il est à Pékin, etc. Ces tergiversations (est le mot est faible) entre défense des Droits de l’Homme et réalisme économique nous ont coûté cher car elles nous ont ridiculisés, c’est-à-dire fait « perdre la face » ce qui est, pour les Chinois, la pire des choses.

Depuis, les Chinois méprisent Sarkozy et le sourire de Carla n’y changera rien. D’ailleurs, on peut se demander quel regard peut bien avoir le chef d’un Etat d’un milliard et demi d’habitants et dont la croissance est de 12% sur le président d’un pays de 62 millions d’habitants à la croissance insignifiante.

Mais tout cela n’a aucune importance. Sarkozy veut que la loi interdisant le port de la burqa dans tous les lieux publics passe « en urgence » au Parlement. Il n’y a rien de plus important, de plus nécessaire pour le peuple français. Pris dans la tourmente de la surenchère, le monde politique français se divise sur le sujet, on ne parle que de çà à Paris et on nous dit maintenant que le mari polygame de la femme voilée de Nantes était à la tête d’un réseau de prostitution…

Un milliard et demi de Chinois qui deviennent les maîtres du monde, 300 millions d’Européens au bord de la faillite et… 2.000 femmes voilées dans les quartiers de non-droit. Chacun a ses priorités, ses urgences.

Thierry Desjardins


 

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