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1/3/09 Bernard Martoïa

Les dettes du nouvel ensemble Banques populaires- Caisses d’épargne sont un danger mortel pour le Titanic.

L’analyse graphique est d’une grande clarté : la chute s’est accélérée depuis le 20 janvier 2009, jour de la prise de fonction du nouveau président des Etats-Unis.

L’indice Dow & Jones a, de nouveau, reculé cette semaine : de 7365 points à 7032 points. Cela représente une baisse de 4,5 %, presque 1 % par séance. Depuis le zénith du 9 octobre 2007, à 14 164 points, l’indice a perdu 51 % de sa valeur. Quand Barack Obama a pris ses fonctions, le 20 janvier 2009, l’indice était à 8279 points. Il a perdu 15 % depuis cette date. Comme il a cassé, sans volume particulier, le support vieux de douze ans, la prochaine étape est à 6400 points.

La faible volatilité semble indiquer une capitulation du marché

Lors des points bas du 27 octobre 2008 et du 20 novembre 2008 qui correspondent aux pics de la crise bancaire, l’index de volatilité avait culminé à 80 % lors de ces deux séances. Il n’est plus que de 50 % actuellement. C’est un signal du marché particulièrement inquiétant. Michael Ashbaugh, un analyste de MarketWatch, l’a commenté ainsi : “Des extrêmes de l’indice de volatilité traduisent un excès de pessimisme, qui est consistant avec un bas majeur du marché, en d’autre terme une opportunité d’achat, alors que la complaisance avec de nouveaux bas traduit un risque de rechute". Autrement dit nous n’avons pas encore atteint l’abysse.

Pour ma part, la comparaison avec 1930 me hante. J’y vois le signal d’une capitulation du marché. Elle confirme ma prédiction d’une descente aux enfers. Sauf un miraculeux redressement, rien ne devrait stopper celle-ci. A titre de comparaison, le point le plus bas ne fut atteint que le 8 juillet 1932 (43 points). La descente aux enfers avait duré 34 mois. Si ce scénario catastrophique se répète, nous ne serions qu’à mi-chemin de la purge. L’abysse ne sera atteint que le 9 août 2010 quand le Dow & Jones voisinera les 1558 points. Je préfèrerais me tromper dans mes prédictions.

La nationalisation rampante des banques

Même si l’administration Obama s’en défend, on a assisté, cette semaine, à des prises de participation importantes du gouvernement fédéral dans de grandes banques. Notons que c’est la troisième opération de renflouement de la banque Citigroup et de l’assureur AIG. Cela démontre l’inefficacité des mesures prises. Comme je l’ai écrit, il n’y a que deux options possibles : laissez tomber les canards boiteux ou les nationaliser. Le gouvernement américain a choisi la voie que Lionel Jospin avait suggérée au président François Mitterrand : ni privatisation, ni nationalisation. C’est la pire voie. Le marché ne s’y est pas trompé.

Si les déboires des Américains pouvaient nous servir de leçon…

Alors que la crise nous a amplement démontré le danger mortel que représente une grande banque pour le marché (Lehman Brothers), le président de la République a donné son feu vert au mariage entre les Banques populaires et les Caisses d’épargne.

La nomination du président du nouvel ensemble est conforme à la tradition française du capitalisme de copinage. Elle est un mépris des contre-pouvoirs laborieusement mis en place. C’est l’absolutisme du prince. La gauche ignare en économie s’est focalisée sur ce détail. Mais il y a beaucoup plus grave que la nomination d’un inspecteur des finances appartenant au sérail.

Les dettes du nouvel ensemble bancaire sont un danger mortel pour le Titanic. Rien que celles de la Caisse d’épargne (633 milliards d’euros à la fin 2008) représentent plus d’un tiers du PIB de la France. Ce n’était donc pas une fusion qu’il fallait organiser mais un éclatement des caisses d’épargne pour faire diminuer le risque pesant sur le Titanic.

Une saine gestion du secteur bancaire voudrait qu’aucune dette d’une banque ne dépasse 10% du PIB.

On mène en France tout le contraire d’une gestion prudente. Pour votre information, sachez que la dette de la banque Paribas est de 2017 milliards d’euros alors que le PIB de la France est de 1792 milliards d’euros. Ses fonds propres ne s’élèvent qu’à 59 milliards d’euros. Comme toutes les grandes banques françaises, elle ne respecte pas le ratio défini par la Banque des Règlements Internationaux (actifs/passifs) qui est de 8 %. Paribas a un ratio de 2,9 %. Comme la Fed, elle s’approche dangereusement du seuil d’insolvabilité avec toutes les conséquences désastreuses que l’on peut imaginer alors que sa dette représente 112 % du PIB de la France.

L’inverse de ce ratio µ (passif/actif) est de 34. Il représente l’effet de levier. Quand Richard Fuld, le directeur général de la Banque Lehman Brothers, a témoigné devant la commission d’enquête du Congrès américain, il s’est défendu d’avoir fait prendre trop de risques à sa banque. Je me souviens qu’il a donné un ratio µ de 30. C’était un peu mieux que celui de Paribas. Toutes les grandes banques américaines respectent ces ratios mais aucune grande banque française. Le pire est devant nous.

Bernard Martoïa

 

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