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11/3/09 Bernard Martoïa

Assez de dinosaures, assez d’énarques !
 

La faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, a déclenché une véritable explosion nucléaire du système financier international dit de Bretton Woods. Ce système fut mis en place, en juillet 1944, par les Alliés qui se réunirent dans cet hôtel victorien qui ressemble à un paquebot échoué au pied de la chaîne présidentielle dans le New Hampshire.

Même si nous ne savons pas le montant des déchets toxiques que cachent les banques dans leur hors-bilan, il y a une leçon que le G20 doit tirer lors de sa prochaine réunion :  "Une banque ne devra plus jamais mettre en péril le système financier international." Comme le revendique l’extrême gauche, il est scandaleux que les banquiers fautifs soient secourus par les gouvernements alors que tant de gens sont victimes de la crise qu’ils ont déclenchée. Voilà pour le constat.

Besancenot et ses épigones proposent le renversement du capitalisme pour on ne sait quoi à la place. Il n’y a d’ailleurs qu’en France où l’on songe sérieusement à remplacer, à moraliser ou à réformer le capitalisme. Cette cacophonie est la conséquence de notre inculture économique.

L’école autrichienne a toujours milité en faveur de l’aléa moral.

C’est la seule façon de responsabiliser les banquiers. Depuis le début de la crise, beaucoup de commentateurs ont réfléchi à ce dilemme : « Pouvait-on laisser tomber Lehman Brothers ? » Le non fait l’unanimité. Il fallait l’aider pour éviter l’accident nucléaire que nous déplorons. Le contexte actuel ne permet pas de rétablir l’aléa moral en raison de la taille gigantesque des banques. Le troisième sauvetage de l’assureur A.I.G était inévitable en raison de sa position dominante sur le marché des credit defaut swaps. Dans un article du 7 mars 2009, le Wall Street Journal a dévoilé que sur les 173 milliards de dollars que le gouvernement américain lui a perfusés en trois fois, 50 ont servi à payer une douzaine de banques internationales dont la Société Générale…

Small is beautiful

Pour rétablir l’aléa moral, il faut réaliser que les banques ne doivent plus atteindre une masse critique qui mette en péril tout le système financier. Au lieu de s’occuper des paradis fiscaux qui sont très utiles pour neutraliser l’appétit insatiable des enfers fiscaux comme celui de la France, le G20 ferait mieux de casser ces mastodontes. Selon l’adage de l’économiste Ernst Friedrich Schumacher, small is beautiful. Cet économiste allemand trouva refuge en Angleterre avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Il fut aidé par Keynes qui lui trouva un poste à l’université d’Oxford. Il se détacha rapidement de son protecteur pour suivre une voie originale. Il eut la tâche délicate de préparer l’eulogie de son protecteur bien avant sa mort…

C’est tout le contraire de la politique de grandeur suivie par la France. Nous nous glorifions de nos champions nationaux sans réaliser qu’un jour nous en serons les victimes. Le mariage du gorille Paribas avec le chimpanzé Fortis va, évidemment, dans le sens contraire de l’histoire.

La société en commandite pour se débarrasser des énarques

Pourquoi y a-t-il eu autant de banques naufragées en France ? Parce que les énarques sont irresponsables sur un plan juridique. Même s’ils font perdre des milliards d’euros aux contribuables français, ils ont l’assurance de réintégrer leur sésame de l’inspection des finances. Il est normal qu’il en soit ainsi puisque ce sont eux qui fixent les règles du jeu. La solution est simple pour y remédier. Il faut demander au parlement que toutes les banques fonctionnent sur le principe de la société en commandite.

La société en commandite est composée de deux catégories d'associés : les commandités et les commanditaires. Les commandités (énarques) sont les seules personnes autorisées à administrer et à représenter la société. En tant qu'administrateurs, ils ont une responsabilité illimitée à l'égard des dettes et des obligations de la société de personnes envers les créanciers.

L'apport de capital dans la société en commandite revient aux commanditaires (capitalistes et actionnaires); ils fournissent le capital et ne sont responsables des dettes de la société que jusqu'à concurrence de leur mise de fonds.

Dans ce cadre juridique réformé, nul doute que les impétrants de Bercy ne se bousculeraient plus pour briguer la présidence d’une banque.

John Naisbitt disait que les grandes fusions d’entreprises ressemblent aux périodes nuptiales des dinosaures. Ces mastodontes ne purent pas s’adapter au brutal changement de climat infligé par l’impact d’un astéroïde sur la péninsule du Yucatan il y a soixante millions d’années. C’est exactement ce qui est en train de se produire avec les grandes banques internationales depuis l’explosion nucléaire du 15 septembre 2008. Il est temps de changer non pas de modèle mais d’échelle dans le capitalisme.

Bernard Martoïa


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