Les dissidents sont le seul espoir de la
France !
Aucune réflexion politique sérieuse n’est possible si elle ne se fonde
sur une juste appréciation de la situation. C’est à partir de celle-ci que
des prévisions peuvent être faites et une stratégie élaborée.
Concernant la France, beaucoup disent qu’elle est avec Cuba et la Corée
du Nord le dernier pays communiste du monde. Mais aucun de ceux qui
expriment ce diagnostic n’en tire les conséquences. Au point qu’on est en
droit de se demander si de tels propos ne sont finalement rien d’autre
qu’une plaisanterie de comptoir, qui n’engage pas plus leurs auteurs que le
fait d’avoir bu un coup au bistrot avec des copains avant de rentrer chez
eux pour se vautrer devant la télévision.
Or on a bien tort de ne pas prendre au sérieux la nature communiste du
régime français et son caractère dictatorial. Certes, il ne s’agit pas d’un
régime botté et casqué, mais tout y est organisé pour priver la contestation
des moyens d’agir et donc pour étouffer la liberté. Les partis politiques en
place sont seuls autorisés à bénéficier du financement public, sans lequel
il est impossible de se présenter aux élections avec quelque chance de
succès, et tous défendent le même type de société, avec à peine quelques
nuances : il s’agit d’une société de prélèvement et de redistribution, où
les efforts individuels ne sont récompensés que dans une très stricte
limite, fixée par l’impôt et les charges sociales. Le régime évite ainsi
d’avoir à affronter des adversaires disposant du minimum de moyens d’agir.
Les médias se répartissent entre les tenants de la majorité et ceux de
l’opposition officielle, et tous soutiennent le système, la prétendue droite
faisant semblant de le rendre plus supportable, la vraie gauche reprochant à
cette dernière de privilégier ainsi les nantis, alors que ceux-ci sont
partis depuis longtemps vers des rivages plus hospitaliers, ne laissant face
à la dictature fiscale et sociale que les membres des classes moyennes, qui
à force de descendre les échelons se retrouvent de plus en plus nombreux
parmi les pauvres.
C’est ainsi qu’année après année la France coule un peu plus profondément
vers l’abîme, ce qui n’émeut pas les politiciens ni les dirigeants des
médias qui, toute honte bue, savent qu’ils n’ont plus d’autre alternative
que de persévérer dans la corruption, la lâcheté et l’immoralité ou
d’organiser des positions de repli à l’étranger quand ils seront contraints
à la fuite par la révolte du peuple.
Le maintien en place de cette vaste classe d’usurpateurs n’est rendu
possible que par le découragement d’une majorité de citoyens. Et c’est
précisément le résultat obtenu par l’impossibilité manifeste des changements
électoraux et par la propagande médiatique, l’une et l’autre persuadant les
mécontents et les malheureux que toute résistance est inutile.
Il ne reste alors plus face au pouvoir et au système que les dissidents.
Par bonheur pour notre pays, ils existent encore, même s’ils subsistent de
plus en plus difficilement en raison des difficultés économiques qui leur
rendent la tâche chaque jour plus rude. Ils sont isolés non seulement parce
que tout le monde est prostré, mais aussi parce que les plus importants
chefs d’entreprise, qui devraient être à la tête du camp de la liberté,
sont, s’ils ne soutiennent pas le régime, poursuivis en justice pour des
délits le plus souvent inventés ou abusivement montés par une justice avide
de régner sur la société et de démontrer ainsi son pouvoir.
Voilà le terrible tableau de la France d’aujourd’hui. Il est vain
d’espérer sauver notre pays par une action politique classique. Tout est
verrouillé. Mais il est tout aussi vain pour les tenants du système
d’espérer le maintenir en vie. Il ne tient plus que par des bouts de ficelle
plus pourris les uns que les autres et va s’effondrer dans un avenir
désormais proche. Seuls les dissidents peuvent agir, en multipliant les
actions de résistance par les moyens légaux, c’est-à-dire en exigeant de
bénéficier des lois qui leur sont favorables alors que le pouvoir a
l’habitude de s’asseoir dessus. Ils exacerberont ainsi les contradictions du
système et les dissensions entre tous ceux qui en profitent, hâtant le
moment de sa fin. Après viendra le temps de reconstruire.
Pour ceux qui douteraient de l’efficacité et des perspectives de la
dissidence, je recommande la lecture de l’article de Vaclav Havel qui suit
celui-ci. Le système totalitaire s’est effondré comme un château de cartes,
écrit celui qui allait devenir président de la République tchèque une fois
la liberté rétablie. Il a suffi pour cela qu’ « une boule de neige fortuite
provoque une avalanche ». Précisément, nous approchons de l’hiver !
Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.
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