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6/11/09 | Claude Reichman |
Les dissidents sont le seul espoir de la France ! Aucune réflexion politique sérieuse n’est possible si elle ne se fonde sur une juste appréciation de la situation. C’est à partir de celle-ci que des prévisions peuvent être faites et une stratégie élaborée. Concernant la France, beaucoup disent qu’elle est avec Cuba et la Corée du Nord le dernier pays communiste du monde. Mais aucun de ceux qui expriment ce diagnostic n’en tire les conséquences. Au point qu’on est en droit de se demander si de tels propos ne sont finalement rien d’autre qu’une plaisanterie de comptoir, qui n’engage pas plus leurs auteurs que le fait d’avoir bu un coup au bistrot avec des copains avant de rentrer chez eux pour se vautrer devant la télévision. Or on a bien tort de ne pas prendre au sérieux la nature communiste du régime français et son caractère dictatorial. Certes, il ne s’agit pas d’un régime botté et casqué, mais tout y est organisé pour priver la contestation des moyens d’agir et donc pour étouffer la liberté. Les partis politiques en place sont seuls autorisés à bénéficier du financement public, sans lequel il est impossible de se présenter aux élections avec quelque chance de succès, et tous défendent le même type de société, avec à peine quelques nuances : il s’agit d’une société de prélèvement et de redistribution, où les efforts individuels ne sont récompensés que dans une très stricte limite, fixée par l’impôt et les charges sociales. Le régime évite ainsi d’avoir à affronter des adversaires disposant du minimum de moyens d’agir. Les médias se répartissent entre les tenants de la majorité et ceux de l’opposition officielle, et tous soutiennent le système, la prétendue droite faisant semblant de le rendre plus supportable, la vraie gauche reprochant à cette dernière de privilégier ainsi les nantis, alors que ceux-ci sont partis depuis longtemps vers des rivages plus hospitaliers, ne laissant face à la dictature fiscale et sociale que les membres des classes moyennes, qui à force de descendre les échelons se retrouvent de plus en plus nombreux parmi les pauvres. C’est ainsi qu’année après année la France coule un peu plus profondément vers l’abîme, ce qui n’émeut pas les politiciens ni les dirigeants des médias qui, toute honte bue, savent qu’ils n’ont plus d’autre alternative que de persévérer dans la corruption, la lâcheté et l’immoralité ou d’organiser des positions de repli à l’étranger quand ils seront contraints à la fuite par la révolte du peuple. Le maintien en place de cette vaste classe d’usurpateurs n’est rendu possible que par le découragement d’une majorité de citoyens. Et c’est précisément le résultat obtenu par l’impossibilité manifeste des changements électoraux et par la propagande médiatique, l’une et l’autre persuadant les mécontents et les malheureux que toute résistance est inutile. Il ne reste alors plus face au pouvoir et au système que les dissidents. Par bonheur pour notre pays, ils existent encore, même s’ils subsistent de plus en plus difficilement en raison des difficultés économiques qui leur rendent la tâche chaque jour plus rude. Ils sont isolés non seulement parce que tout le monde est prostré, mais aussi parce que les plus importants chefs d’entreprise, qui devraient être à la tête du camp de la liberté, sont, s’ils ne soutiennent pas le régime, poursuivis en justice pour des délits le plus souvent inventés ou abusivement montés par une justice avide de régner sur la société et de démontrer ainsi son pouvoir. Voilà le terrible tableau de la France d’aujourd’hui. Il est vain d’espérer sauver notre pays par une action politique classique. Tout est verrouillé. Mais il est tout aussi vain pour les tenants du système d’espérer le maintenir en vie. Il ne tient plus que par des bouts de ficelle plus pourris les uns que les autres et va s’effondrer dans un avenir désormais proche. Seuls les dissidents peuvent agir, en multipliant les actions de résistance par les moyens légaux, c’est-à-dire en exigeant de bénéficier des lois qui leur sont favorables alors que le pouvoir a l’habitude de s’asseoir dessus. Ils exacerberont ainsi les contradictions du système et les dissensions entre tous ceux qui en profitent, hâtant le moment de sa fin. Après viendra le temps de reconstruire. Pour ceux qui douteraient de l’efficacité et des perspectives de la dissidence, je recommande la lecture de l’article de Vaclav Havel qui suit celui-ci. Le système totalitaire s’est effondré comme un château de cartes, écrit celui qui allait devenir président de la République tchèque une fois la liberté rétablie. Il a suffi pour cela qu’ « une boule de neige fortuite provoque une avalanche ». Précisément, nous approchons de l’hiver ! Claude Reichman
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