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21/7/09 Olivier de Ducla

Comment faire à dix ce qu’on peut faire à deux

Administrer le pays avec trop de fonctionnaires, c’est aussi détourner des ressources qui font cruellement défaut par ailleurs. Le surnombre n'est pas l'apanage de la fonction publique.

Lorsque j'ai commencé ma carrière au sein d'une entreprise de négoce international, J'ai pu voir le mécanisme pervers se dérouler.

Le négoce international consiste à transporter des denrées d'un pays qui en a trop à un pays qui en a besoin. Pour cela il faut affréter des bateaux. Ultérieurement, dans une entreprise de négoce plus modeste, j'ai eu l'occasion en tant que « trader » d'affréter les bateaux moi même. Mais en l'occurrence, la taille de la société pouvait justifier que les affrètements soient confiés à des spécialistes, qui géraient toutes les demandes émanant de chaque département, blé, soja, maïs, huile végétale, etc.

Au début deux personnes suffisaient. Puis on leur a adjoint un chef qui a trouvé que pour assurer la relève, il fallait former des jeunes. Ils étaient bientôt cinq, les deux traders de fret, leur chef et les deux apprentis. On se trouva bien vite devant la nécessité de prendre une secrétaire pour taper les contrats, puis une assistante pour la remplacer pendant les vacances. Le chef eut besoin d'un adjoint pour gérer tout ce monde, répartir les congés, et d'un jeune pour distribuer les télex à, tous les membres du département fret. C'était devenu un Etat dans l'État, sans que le trafic affrété augmente de façon sensible ! À la fin ils étaient devenus dix.

Si c'est possible dans le privé, imaginez ce qui peut arriver dans le public. Les emplois publics sont reconduits d'année en année, et on soupçonne que les hommes politiques ont parfois quelques personnes à caser dans les mairies ou collectivités locales. Nous sommes tous témoins d'abus.

Déjà en 1995, Jacques Chirac plaidant pour un abaissement des prélèvements obligatoires écrivait :

« L'expérience l'a montré trop d'impôt tue l'impôt. On ne réduira pas les déficits en durcissant la pression fiscale pour une raison très simple : lorsqu'un nombre croissant de personnes vit du travail d'un nombre toujours plus réduit d'actifs, l'effort est découragé et le chômage augmente. L'orientation est donc claire : il faut réduire les prélèvements obligatoires. C'est possible. La politique que j'ai menée entre 1986 et 1988 le prouve. Oui, nous avons apporté la preuve que l'allègement de la pression fiscale stimule l'activité économique et donc augmente les recettes de l'État. »
(Projet de Jacques Chirac pour la France, 1995.)

L’inspirateur du Jacques Chirac de 1995 était Henri Guaino. Aujourd’hui « conseiller spécial » du président de la République, Nicolas Sarkozy, le même Henri Guaino n’a pas changé d’avis : « On a mis trop de personnes à la charge d’un nombre de plus en plus réduit de travailleurs et de producteurs », a-t-il déclaré au Parisien dans une interview parue le 13 juillet 2009.

Le temps passe, et rien ne change. C’est la France éternelle !

Olivier de Ducla

 

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