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14/7/11 | Alain Dumait |
Vers la banqueroute généralisée ! Il est normal qu’un débiteur rembourse ses dettes dans la monnaie où il a emprunté. Sauf accord volontaire du créancier. La Grèce aurait-elle emprunté en drachmes ou en or, qu’elle devrait aujourd’hui rembourser dans la monnaie et selon les termes de ses emprunts. Le problème n’est donc pas principalement monétaire, mais financier et économique. La Grèce, qui a emprunté par excès, sur la base de comptes falsifiés, avec des espérances de croissance déraisonnable, ne pouvant faire face, est contrainte de se déclarer en faillite. Elle y perdra son crédit. Et ses créanciers une partie de leurs avoirs. Tôt ou tard, c’est ce qui se produira. C’est inéluctable. Car on ne voit pas comment ce pays pourrait retrouver avant longtemps une capacité d’emprunt internationale. On dira que si la Grèce avait conservé sa drachme, elle pourrait aujourd’hui la dévaluer et ainsi ne rembourser que partiellement. C’est techniquement vrai, mais moralement inacceptable. On peut d’ailleurs se demander si les créanciers auraient aussi facilement souscrit à des obligations qui n’auraient pas été libellées en euros. Le même raisonnement s’appliquerait d’ailleurs à la dette française. Sortir de l’euro serait possible, et même peut être souhaitable, sans doute inéluctable, mais pas sur le motif d’un remboursement avantageux de la dette publique. Sauf à ruiner le crédit du pays. L’un des effets les plus pervers de l’euro (et rarement signalé) est qu’il a incité les pays qui l’utilisaient à s’endetter encore plus. Avec l’euro, solide comme le deutschemark, on pouvait emprunter toujours davantage. On a encore vu il y a quelques jours des anciens premiers ministres européens faire campagne pour que l’Europe s’engage résolument, à son tour, sur le terrain de l’endettement massif. C’est un signe de plus que le mythe du financement de la croissance par le crédit a la vie dure, bien qu’il soit totalement erroné. La croissance d’une entreprise, ou d’une collectivité, doit se financer par une épargne préalable. C’est la raison pour laquelle il faut laisser aux jeunes entreprises tout l’argent qu’elles gagnent les premières années. Pour pouvoir se passer des banquiers. De ce mythe, plusieurs autres erreurs découlent. On s’imagine que des taux d’intérêt bas favorisent le développement économique. C’est parfois vrai et parfois faux. Quand ces taux d’intérêt bas favorisent le développement de mauvais projets ou de rêves, portés par des agents impécunieux, le crédit bon marché aboutit à détruire de la valeur et à exclure des projets judicieux, mis sur le même rang que des nanars. Tout comme les autres prix, les taux d’intérêt ne doivent être ni bas ni hauts, mais justes. Il faut donc faire en sorte qu’ils soient fixés par des marchés libres. On s’imagine que l’abondance de la monnaie favorise la croissance économique. C’est tout aussi faux. Car la quantité de biens et de services produite à l’instant t est parfaitement indépendante de la quantité de monnaie disponible, laquelle ne détermine que le niveau moyen des prix. Faire tomber un autre rideau de fer La vérité, bien connue de tous les historiens de l’histoire contemporaine des faits économiques et sociaux, est que l’instauration des monnaies de papier, sans aucune référence réelle depuis 1971, n’avait d’autre raison que de permettre aux gouvernements de tous les pays du monde de dépenser toujours plus, et même bien au delà des impôts levés, par le «miracle» de la dette publique, dont on voit bien aujourd’hui qu’elle ne pouvait être garantie, en dernier ressort, que par les larmes et le sang de populations dont des politiciens manipulateurs et sans scrupule prétendaient faire le bonheur malgré eux ! Au delà de l’euro, c’est sur le mythe de la monnaie de papier qu’il faut revenir. Les « reliques barbares », aujourd’hui, ce n’est pas l’or, comme le disait Keynes, mais bel et bien l’euro, le dollar et toutes les autres monnaies dites fiduciaires. Il est possible qu’une banqueroute généralisée se produise dans les mois qui viennent. C’est le scénario catastrophe souvent évoqué : après la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, la France… La seule chance – en vérité minime – de l’éviter est d’annoncer non pas que les dettes ne seront pas payées mais au contraire qu’elles seront honorées. Une promesse qui doit être accompagnée d’un double plan de redressement économique : un retour rapide (2 ou 3 ans) à l’équilibre budgétaire, et un retour plus long, mais programmé avec précision, à un niveau de dette faible voire nul. Un tel plan est de nature à redonner confiance dans les économies des pays qui l’adopteraient. Et pour sortir des monnaies de papier, émises par des instituts irresponsables, il suffira de mettre ces vils assignats en concurrence directe avec l’or et l’argent, en cessant d’interdire l’utilisation de ces vraies-monnaies, aussi bien dans les contrats que dans les transactions. Gardons l’euro, le dollar et toutes les autres monnaies scripturales. Mais mettons- les en concurrence avec celle qui les précéda : le bon vieux et toujours adoré métal précieux ! Et après, on verra bien… On a vu, en son temps, comment une simple brèche a pu avoir raison d’un autre rideau de fer. Alain Dumait
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