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27/9/13 Henri Dumas
Le pouvoir, en France, s’approche dangereusement
                    du crime contre l’humanité !

Depuis que l'homme existe, il est probable qu'il commet sur son prochain des actes inacceptables, touchant gravement ses droits universels. Dans les sociétés primitives, ces agressions semblent paraître normales. Dans nos sociétés avancées, ce n'est plus le cas.

Bien que non encore parfaitement défini, le crime contre l'humanité a réellement vu le jour à l'occasion du procès de Nuremberg, suite aux exactions de la seconde guerre mondiale.

Aujourd'hui, l'ONU pense que les dirigeants de la Corée du Nord peuvent être accusés de ce crime au regard des conséquences de leur politique sur leur population. Alors qu'en son temps Staline, pour les mêmes faits, n'était aucunement inquiété.

Le crime contre l'humanité est un lac d'ignominie, ce lac est alimenté par des fleuves de connerie dont je vous propose de rechercher la source.

Il semble que le point de départ, la source, soit l'abstraction.

Eichmann, lors de son procès rapporté par Hannah Arendt, ne cesse de déclarer qu'il n'avait rien contre les juifs. Pour lui, il ne faisait que remplir au mieux sa mission qui consistait à déplacer ces populations. Il essayait, disait-il, de le faire le mieux possible compte tenu de la masse que cela représentait et des moyens en sa possession. Il se trouvait carrément fortiche. Il faisait abstraction des hommes qui se trouvaient pris dans ce système. Plus de quinze ans après les faits, il était toujours, incroyablement, dans le même processus de pensée : l'abstraction.

C'est cette même abstraction qui jette les Hutus contre les Tutsis. Ce ne sont pas des hommes qui assassinent d'autres hommes, ce sont les dominés qui traquent la force dominante et se vengent, les individus disparaissent dans ce schéma. Nous pourrions parler de Pol Pot et de bien d'autres.

Au départ du fleuve de boue qui précède le crime contre l'humanité, on trouve inévitablement l'abstraction, c'est à dire la négation ou l'oubli de l'individu.

Au risque de choquer, j'affirme que nos dirigeants flirtent dangereusement avec l'abstraction, qu'ils se rapprochent terriblement de l'inacceptable, du pire.

J'en attribue la faute à l'ENA et à son bras armé Bercy. Ces gens perdent de vue les individus, ils raisonnent en terme d'abstraction. Vous, moi, n'existons plus, nous ne sommes que des tableaux, des statistiques, des groupes, des pourcentages.

Pour imager mon propos je vous propose de réfléchir à ceci.

Le chiffre d'affaires de la grande distribution est, grosso modo, équivalent au budget de l'Etat. Vous avez donc à faire aux deux de façon égale.

Pour la grande distribution, chaque client compte, pour l'Etat vous êtes une masse abstraite. Je suis convaincu que vous ressentez la différence en poussant la porte de votre hypermarché et celle de votre perception.

Peut-être êtes-vous de ceux qui trouvent que la grande distribution s'enrichit sur votre dos, au moins vous pouvez le dire et elle en tient compte, elle ne vous menace pas.

Mais si, comme moi, vous constatez que Bercy vous vole, vous ne pouvez pas le dire et les tribunaux vous condamnent. Bercy va au delà de la menace, il vous ruine. Pour Bercy, l'individu ne compte pas.

Non seulement je pense que l'abstraction est la source à laquelle s'abreuve le crime contre l'humanité, mais je suis convaincu qu'à un certain niveau d'abstraction la survenance de ce crime est inéluctable.

Il se traduit par la négation de l'individu à travers la négation de son droit de propriété, puis par son pillage et enfin, inexorablement, par sa suppression arbitraire.

Je crois que nous nous rapprochons dangereusement de cette situation.

J'avais un peu plus de 20 ans en 1968. Différemment, pour d'autres raisons, à cette époque les individus ne comptaient pas non plus. Ils ont manifesté leur courroux, ont obtenu gain de cause, les années qui ont suivi furent une période de bonheur individuel.

Comment a-t-on pu régresser au point d'aujourd'hui ? Je n'en sais rien, mais je ressens profondément la nécessité d'une nouvelle révolution, d'une reconquête des individus sur l'abstraction.

Le comble est que cette reconquête va devoir combattre les soixante-huitards qui se sont emparés du pouvoir pour, soi-disant, défendre les droits individuels, et ont, depuis, totalement perdu de vue leurs revendications initiales.

Ils sont devenus le bras armé de l'abstraction, alors qu'ils étaient aux avant-postes en 68 pour réclamer le respect individuel !

Le cycle social est surprenant, espérons que le nouveau 68 sera aussi bon enfant que le précédent, que les dirigeants actuels seront spectateurs de leur chute inévitable comme de Gaulle, et non "acteurs-mauvais-joueurs" comme Bachar el-Assad.

Henri Dumas


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