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24/10/09 Claude Reichman
                  EPAD : la déroute de Sarkozy !

Deux Sarkozy pris la main dans le pot de confiture. Tel est le bilan peu glorieux de la tentative de prise de pouvoir familiale à l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (EPAD). On pourrait en rire si l’homme qui a tout manigancé n’était le président de la République française. Notre pays passe désormais aux yeux du monde, qui a suivi cette affaire avec stupéfaction, pour une république bananière, ce qu’il est à bien des égards.

On n’a pas fini de mesurer les dégâts intérieurs et internationaux de ce mauvais feuilleton. Dès le début de son mandat, Nicolas Sarkozy a fait montre d’un matérialisme et d’une attirance pour le monde de l’argent qui ne correspond en rien à l’image qu’on se fait, en France, de l’élu de la nation. Il a eu beau tenter de gommer cet aspect de son personnage, le naturel est revenu au galop. Qui peut croire en effet que le raid sur l’EPAD ne devait rien aux milliards que draine ce quartier d’affaires ? Au lieu de garder prudemment sa fonction à l’écart de ce terrain risqué, Nicolas Sarkozy s’y est précipité, et le voilà couvert de la boue du marécage.

Ce qui s’est exprimé pendant toute la durée publique de cet épisode, c’est l’indignation et le mépris du peuple, en même temps que l’effarement de l’opinion internationale. La pitoyable propagande du clan présidentiel en faveur de la candidature de Jean Sarkozy n’a fait qu’aggraver les choses. N’a-t-on pas entendu le porte-parole du gouvernement aller jusqu’à laisser clairement entendre que l’opposition à cette candidature faisait appel à des sentiments rappelant les heures les plus sombres de notre histoire, selon l’expression consacrée ? Une telle impudence est grave. Si tout citoyen qui s’oppose à une décision du pouvoir peut se voir imputer les pires pensées et les tendances les plus condamnables, on passe de la démocratie à la dictature, et c’est ce pas qui a été franchi à l’occasion de cette affaire, même si elle s’est soldée par un échec pour l’Elysée. Mais ne nous y trompons pas : quand on a commencé à user de telles méthodes, on continue, surtout si tout ce qu’on entreprend peine à s’imposer ou échoue lamentablement.

On peut donc s’attendre à voir le débat se durcir dans notre pays, jusqu’à mettre en péril la paix civile. Celle-ci est d’ailleurs déjà mal en point en raison de la crise économique et sociale, à laquelle s’ajoute désormais une crise morale et politique. Sinistre bilan pour un président de la République à peine parvenu à mi-mandat.

Il est clair que l’affaire de l’EPAD marque le second tournant du quinquennat. Le premier avait été ce qu’il est convenu d’appeler « le malaise » du président pendant une séance de course à pied à la fin du mois de juillet dernier. Depuis, Nicolas Sarkozy montre des signes de plus en plus évidents de fatigue et de nervosité. Il a manifestement perdu confiance en lui et en sa politique, plaidant à chacune de ses interventions publiques, dont le nombre n’a pas diminué, bien au contraire, en faveur des mesures qu’il a prises et promettant monts et merveilles comme s’il était perpétuellement candidat aux fonctions qu’il occupe.

Tout cela est inquiétant. La France se dirige à grands pas vers une des grandes épreuves de son histoire, non seulement parce que la situation du pays est grave, mais aussi et surtout parce que celui qu’elle a élu à la fonction suprême n’est manifestement pas à la hauteur de ses responsabilités. La logique voudrait qu’à cet affaiblissement du chef de l’Etat corresponde une montée en puissance de ceux qui peuvent aspirer à prendre sa suite. Il n’en est rien. La médiocrité des politiciens est accablante. Pas un seul – pas un seul, vraiment – ne tient des propos élevés ni ne propose des solutions crédibles aux problèmes du pays. Les médias – à l’exception de quelques rares esprits libres, mais qui risquent de ne pas pouvoir le rester longtemps en raison des pressions du pouvoir sur leurs employeurs - ne sont pas en reste dans ce concours de niaiserie, de mauvaise foi et de grossiers mensonges.

Faut-il désespérer ? Certainement pas, mais au contraire prendre son courage à deux mains et mettre un pied devant l’autre sur le chemin du redressement, en commençant par rallier en actes et non plus seulement en pensée ceux qui se battent pour une France digne d’elle-même. Jamais le rassemblement et l’union des énergies n’a été aussi nécessaire. Puissions-nous être entendus avant que ne survienne une catastrophe dont notre pays mettra très longtemps à se remettre !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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