Eric Revel censuré
par TF1
Sur son blog (https://blog-eric-revel.lci.fr
) Eric Revel, directeur de la rédaction de
LCI, la chaîne d’information filiale de TF1, a publié mardi 7 avril 2009 un
article critiquant les propos de Ségolène Royal à Dakar. L’ancienne
candidate à l’élection présidentielle de 2007 demandait pardon à l’Afrique
pour le discours de Nicolas Sarkozy prononcé dans cette même ville à
l’occasion de son voyage officiel en juillet 2007. Le président de la
République avait notamment déclaré que « l’homme africain n’est pas
suffisamment entré dans l’histoire ».
« Je suis outré par votre démagogie et votre populisme », lançait Eric
Revel dans son article à l’adresse de Ségolène Royal. […]. Vous savez
pertinemment ce que le Chef de l’Etat voulait dire : que hélas, l’Afrique
n’est pas assez mondialisée et qu’elle n’a pas pris à bras le corps son
avenir pour entrer dans l’Histoire. »
L’entourage de Mme Royal s’est indigné que celle-ci soit ainsi prise à
partie par le directeur de la rédaction de LCI, au point que la direction de
TF1 a cru devoir indiquer que les propos d’Eric Revel ne sauraient engager
ni TF1 ni LCI, a obtenu de ce dernier qu’il retire l’article incriminé de
son blog et évoqué de possibles sanctions.
Cette affaire est d’une extrême gravité. Elle met en cause la liberté
d’expression en France. Si le directeur d’une rédaction n’a plus le droit
d’exprimer un point de vue, au motif que « quand on est le patron de LCI, on
n’est pas un simple citoyen », comme on l’indiquait, selon Le Point,
« au sein de la direction de TF1 », cela signifie que la presse politique
n’a plus droit de cité dans notre pays.
Ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas là d’un incident isolé, mais
bien d’une tendance lourde. Face à l’exaspération de l’opinion publique qui
accorde de moins en moins de crédit aux hommes et femmes politiques accusés
d’être incapables de résoudre les problèmes de la France, la classe
politicienne réagit selon le bon vieux principe qui veut qu’on casse le
thermomètre quand on ne sait pas faire baisser la fièvre. Et le plus grave
c’est qu’elle parvient à ses fins : que reste-t-il de la presse libre dans
notre pays ?
Les médias sont punis par là où ils ont péché. A force de conformisme et
de censure à l’égard des opinions « politiquement incorrectes », ils ont
fini par se faire censurer eux-mêmes. Eric Revel, quant à lui, avait
toujours démontré qu’il était un journaliste libre. Il ne l’est plus. C’est
une grosse perte pour la démocratie.
Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.
Afin de permettre à chacun de forger son opinion, nous publions
ci-après l’article publié le 7 avril 2009 par Eric Revel sur son blog.
Madame la Présidente de Poitou Charente,
J’ai longtemps hésité avant de vous écrire ces quelques lignes. J’ai hésité
car je me suis dit seulement que ces phrases seraient vite prises pour une
position politique, pour ou contre, alors qu’il ne s’agit ici que de la
réaction d’un simple citoyen.
Je suis outré par votre démagogie et votre populisme. Vos déclarations au
Sénégal, pays de votre naissance, revenant sur les propos de Nicolas Sarkozy
qui avait dit que “l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire”,
sont dangereuses.
Vous savez pertinemment ce que le Chef de l’Etat voulait dire : que hélas,
l’Afrique n’est pas assez mondialisée et qu’elle n’a pas pris à bras le
corps son avenir pour entrer dans l’Histoire. Lorsque l’on parle d’Afrique,
ce n’est le plus souvent que pour parler de misère, de famine et de maladie,
le tout sur fond éternel de la « mauvaise colonisation ».
L’Afrique, que je connais et aime, a besoin de considération et d’aides.
Mais surtout, elle a besoin pour se développer qu’on lui parle vrai : la
colonisation n’expliquera pas tout jusqu’à la fin des temps ; la corruption
de ses élites est une plaie ouverte. L’Afrique ne doit pas attendre toujours
en tendant la main. Elle travaille et se bat. Elle lutte avec espoir pour se
construire et trouver les voies d’un développement qui lui est propre.
Madame Royal, vos propos ne sont pas corrects. D’abord parce qu’ils
distillent l’idée d’une repentance tellement à la mode en ce moment.
Ensuite, parce qu’ils me semblent donc d’une incroyable mauvaise foi. Vous
faites de la politique. Vous vous dites que l’on parle de vous sur cette
nouvelle affaire en bien ou en mal, l’important c’est d’en parler … Ce que
je fais !
Vous avez décidé que la politique n’était plus l’exposé d’idées et de
convictions mais un simple chemin de communications réussies. C’est votre
problème. Je ne partage pas cette conception de la politique. Merci d’avoir
pris un peu de votre temps que je sais précieux pour lire cette lettre.
Recevez, Madame la Présidente, l’expression de mon sentiment le plus direct,
Eric Revel
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