Et maintenant les magistrats
d'Outreau insultent le peuple !
Non contents d'avoir dévasté dix-sept vie humaines, les juges d'Outreau essaient de se
justifier en accusant le peuple. Dans un document adressé au journal Le Monde et
publié par celui-ci dans son édition datée du 12 janvier 2006, les cinq magistrats de
la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai, chargés de contrôler le dossier
d'Outreau, font preuve d'une impudence révoltante. Bien entendu ils versent des larmes de
crocodile sur le malheur des victimes de cette catastrophe judiciaire : " Qu'ils
sachent que le souvenir de leurs vies broyées accompagne depuis des mois et des mois
notre quotidien et continuera de le hanter longtemps encore. "
Pauvres magistrats, comme ils souffrent ! Ils ont été aveugles et sourds pendant toute
l'instruction, mais maintenant ils veulent " comprendre l'enchaînement des faits
" qui a conduit au martyre de dix-sept innocents. Et leur façon de comprendre, c'est
d'accuser les autres. Que voulez-vous, c'est ainsi qu'ils conçoivent leur métier et l'on
ne se refait pas!
Pour ces admirables magistrats, le responsable de ce drame judiciaire, c'est l'"emballement
répressif et médiatique " et " la politique sécuritaire de plus en
plus envahissante " au nom de laquelle " le législateur a érigé
l'incarcération en principe de précaution et en a fait la clef de voûte de la politique
pénale ". Et voilà le coupable enfin découvert : c'est le peuple qui n'en
peut plus d'être agressé, volé, violé, assassiné et qui a l'audace de réclamer au
pouvoir politique et à la justice la punition de ces crimes !
Eh bien non, Mesdames et Messieurs les magistrats ! Les coupables du crime d'Outreau
- car c'est bien d'un crime qu'il s'agit, d'un crime contre l'innocence - c'est vous: juge
d'instruction, procureur de la République, membres de la chambre de l'instruction, et
vous seuls. Pas un seul instant, vous n'avez écouté les avocats qui dénonçaient les
incohérences et le délire de l'instruction. Pas un seul instant, vous n'avez fait appel
au doute, vertu pourtant cardinale de toute justice digne de ce nom. Pas un seul, pas une
seule d'entre vous n'a été capable du moindre sentiment humain à l'égard de celles et
ceux que vous mainteniez au cachot tandis que vous viviez heureux dans le confort que
procurent l'hermine et la toute puissance sur la vie d'autrui.
Alors comme vous êtes coupables, vous devez être châtiés. Comment se fait-il, alors
que l'innocence des accusés a été définitivement établie, que vous n'ayez pas été
suspendus de vos fonctions dans l'attente du jugement qu'il faudra vous appliquer ? C'est
un intolérable trouble à l'ordre public que vous continuiez à les exercer. On a
désigné une commission d'enquête parlementaire pour établir les responsabilités : ce
n'est pas devant une commission que vous devez comparaître, mais devant un tribunal. Qui,
lorsqu'il vous jugera, ne devra pas oublier de rendre la justice au nom du peuple
français. Ce peuple que vous venez d'insulter après l'avoir bafoué. Et qui ne tolérera
pas que vos fautes restent impunies.
Vive le peuple français, vive la France !
Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue
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