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5/7/08 Claude Reichman

Et voici pourquoi la France est malade !

On connaît la théorie économique des insiders-outsiders, qui explique les rigidités à l’embauche sur le marché du travail par l’opposition entre ceux qui bénéficient d’un contrat stable et ceux qui n’ont pas d’emploi ou qui travaillent sous statut précaire. En réalité, cette théorie se contente de prendre en compte des comportements aussi vieux que l’humanité. Celui qui a cherche à conserver son bien et sa situation par tous les moyens, sans se soucier de celui qui voudrait bien avoir. Toute société est écartelée entre ces deux types de comportement et ne parvient à s’équilibrer et à durer qu’en associant le besoin de sécurité et la nécessité du renouvellement.

C’est par nature le rôle des hommes politiques que d’arbitrer entre ces deux tendances et de trouver des solutions satisfaisant aussi bien que possible les aspirations de tous. Dans les grandes démocraties modernes, cet équilibre est à peu près trouvé, même s’il faut sans cesse procéder à des ajustements en raison de la rapidité des changements sous l’effet de la mondialisation et de l’accélération de l’histoire.

La France seule fait exception à la règle. Si bien qu’il y règne une grande tension dans les rapports sociaux, au point qu’une explosion de violence est possible à tout moment. Les insiders français sont parvenus à se protéger par des statuts si blindés que seules des réformes radicales pourraient les modifier. Et d’un autre côté les outsiders, plus faibles puisque moins assurés de leurs moyens d’existence, ne parviennent ni à faire valoir leurs aspirations ni même à se faire entendre, sauf à l’occasion de ce qu’on appelait, sous l’ancien régime, « des émotions populaires ».

Comment se fait-il que les hommes politiques français n’aient pas compris qu’une telle situation fait courir de terribles dangers au pays et ne prennent pas les mesures indispensables pour rééquilibrer la société ? L’explication est hélas très simple : l’opinion est sous le contrôle exclusif des insiders. Les politiciens bénéficient tous de situations protégées. Ils sont assurés soit de les retrouver en cas d’échec électoral soit d’être recasés par le pouvoir quel qu’il soit par le jeu de la solidarité des privilégiés. De même, la quasi totalité de ceux qui donnent des tribunes aux journaux ou sont invité aux micros des radios et sur les plateaux de télévision vivent de l’argent public et n’ont aucun intérêt à ce que son flot se tarisse. Quant aux propriétaires des grands médias, ils sont à la tête de groupes économiques puissants, aux intérêts étroitement imbriqués avec ceux de l’Etat, et leurs journalistes n’ont pas d’autre choix que se taire sur tout ce qui pourrait fâcher celui-ci.

Ainsi donc tout ce qui s’exprime en France a intérêt au maintien du système. L’immense majorité des citoyens est dans la situation exactement inverse, mais n’ayant aucun autre moyen d’expression que la manifestation ou l’émeute, ne s’y résout qu’à la dernière extrémité, et, pour tout dire, ne s’y résout plus du tout tant elle est accablée de difficultés et soûlée de propagande.

L’élection de Nicolas Sarkozy a été un leurre lancé par la coalition des insiders et destiné à apaiser les outsiders, qui sont l’immense majorité du peuple français, en leur faisant croire à une « rupture » qui leur redonnerait chance de reprendre leur place naturelle et légitime au sein de la société. Bien entendu, Sarkozy n’a pas touché aux oeuvres vives du système, à savoir son système social et fiscal. Et voilà qu’une hausse vertigineuse du pétrole et des denrées alimentaires vient frapper de plein fouet les ressources du peuple. Qui peut croire un instant que celui-ci restera inerte face à une telle dégradation de ses conditions d’existence ?

La révolte des outsiders n’attend plus qu’un prétexte pour éclater. Autant dire qu’elle est certaine. Pourtant, tous ces drames à venir auraient pu être évités si l’information avait fonctionné correctement dans notre pays ! Parce qu’alors les hommes politiques auraient été contraints, sous la pression de l’opinion, de prendre enfin leurs responsabilités. Les grands médias français sont tous animés d’une sainte frousse face à l’irruption et à la progression d’Internet. Mais aucun ne pratique le moindre examen de conscience face à sa responsabilité dans la grave crise française. Une chose est sûre en tout cas : ils ne le feront – peut-être – qu’à l’article de la mort. Pour eux, et par pure charité, préparons nos pavanes !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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