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5/2/09 Gérard Pince

Ce que peuvent faire l’Europe et la France face à la crise

INTRODUCTION

L’Union européenne, forte de 490 millions d’habitants, représente en 2008 un produit intérieur brut de 19.000 milliards de dollars, soit 30 % du produit mondial . Elle devance les USA (14.000 milliards) et n’a donc aucune raison de se situer à leur remorque (1). En raison de son poids déterminant, elle doit imposer ses propres règles du jeu sur la scène mondiale.

Pour sortir de la crise, il faut donc abandonner les lubies mondialistes et se recentrer sur l’Europe. Nous ne proposons pas mille mesures mais simplement six : Trois qui concernent l’Union européenne et trois autres la France.

1-SOLUTIONS EUROPEENNES

11-Rétablir une protection communautaire à l’égard des marchandises, des capitaux et des travailleurs immigrés.

Le rétablissement d’une protection communautaire est la condition préalable à toute réduction du chômage et de la paupérisation. La globalisation a entraîné une diminution relative de la part des salaires qui a été compensée soit par un surendettement excessif des ménages, soit par des allocations étatiques. Pour rétablir la demande globale sur des bases saines, il faut laisser les salaires augmenter spontanément, en rétablissant la préférence communautaire (2).

En ce qui concerne le commerce des biens et services, la pratique des changes flottants rend tout tarif inopérant. La meilleure solution consisterait à équilibrer la balance courante grâce à des accords de clearing négociés annuellement avec chaque grande zone économique. Vous trouverez un exemple concret de tels accords en cliquant ici .  Négociés sur une base bilatérale, ils donneraient à l’Union, en raison de son poids économique, une position prédominante lui permettant de privilégier les intérêts exclusifs de ses populations (consommateurs, travailleurs et industriels).

S'agissant des capitaux, les délocalisations à l’extérieur de l’Union européenne seraient soumises à autorisation préalable. On devrait notamment limiter les exportations de savoir faire et de technologies sensibles d’une part, et les investissements étrangers prenant le contrôle de filières stratégiques, d’autre part.

La compression des salaires a aussi été réalisée au moyen d’une immigration massive dont les coûts induits (sécurité, intégration) ont été mis à la charge des contribuables. La prohibition de l’immigration et le rapatriement des travailleurs étrangers extra communautaires réduiraient le chômage, favoriseraient l’augmentation des salaires et le redémarrage de l’économie. Le retour de ces étrangers dans leurs pays pourrait faire partie des conditions figurant dans les accords de clearing précités.

Cette protection communautaire devrait aussi nous mettre à l'abri des conflits que la crise risque de provoquer. Rappelons que la dépression des années 30 a débouché sur la guerre et l’holocauste de 38 millions d’Européens (dont notamment 20 millions de Russes, 7 millions d’Allemands et 5 millions de Polonais).

12-Résoudre la crise bancaire à l’échelon européen

Depuis le G20 de Washington, la crise bancaire n’a pas été surmontée et nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux chocs. Certains envisagent la création de « bad banks » qui rachèteraient les actifs toxiques. Sachant que le marché est incapable de fixer un prix pour ces actifs, un tel rachat risque de se réaliser à l’aveuglette au détriment des contribuables. D’autres proposent une nationalisation qui aurait le mérite de la clarté. Dans ce contexte d’incertitudes, la prochaine réunion de G20 de Londres s’annonce d'autant plus mal que la nouvelle direction américaine ne veut pas remettre en cause la globalisation financière (3).

Il importe donc d’agir dès à présent dans un cadre européen . Quelle que soit la solution technique retenue, elle devrait imposer aux banques européennes un contrôle public renforcé, la clôture de leurs opérations avec les paradis fiscaux et l’obligation de réguler leurs contrats dérivés par le biais d’une chambre unique de compensation. Il faudrait aussi rétablir la distinction entre banques de dépôts et banques d’investissements afin de préserver la sécurité des déposants. Seules, de telles mesures rétabliraient la confiance du public dans les marchés financiers.

13-Lancer des grands travaux : la filière charbon-essence

Certains économistes considèrent que les grands travaux lancés par Roosevelt n’ont eu aucun effet sur la reprise. Pourtant, c’est bien la commande publique d’armements qui a fait sortir les USA et l’Allemagne de la Grande Dépression. Il est vrai que dans le contexte actuel, de grands travaux n’auraient qu’un effet limité puisqu’un euro consacré à la construction d’une route serait dépensé de la manière suivante : 30 centimes pour importer des matériels de travaux publics du Japon, 15 centimess pour importer des bitumineux du Moyen Orient, 10 centimes pour des gravillons de Chine et 45 centiess pour payer la main d’oeuvre immigrée. En bref, le contribuable dépenserait 1 euro pour le Roi de Prusse!

Dans le cadre de la préférence communautaire, les fournitures et le travail seraient d’origine européenne et de grands investissements pourraient donc jouer un rôle utile pour favoriser la relance. Alors qu’il existe de nombreux besoins, les programmes dorment dans les cartons de Bruxelles depuis la présidence de Jacques Delors en 1993 ! Toutefois, pour éviter le saupoudrage, il serait préférable de se mobiliser sur un seul programme. Compte tenu des pénuries prévisibles de matière premières, l’Europe devrait investir en vue de transformer la houille en essence synthétique. En effet l’Europe, pauvre en pétrole et en gaz, est riche en charbon et en lignite (4). La fabrication d’essence synthétique à partir du charbon et le développement du nucléaire pour la fourniture d'électricité, permettraient à l’Union européenne de regagner son indépendance énergétique.

Cette perspective serait renforcée si l’Union s’élargissait vers la Russie et l’Ukraine. La Russie dispose des premières réserves mondiales de gaz et reste un producteur de pétrole important. De plus la fonte du permafrost sibérien grâce au réchauffement pourrait libérer d’immenses ressources agricoles et minières. Dans ce contexte, l'Union européenne élargie redeviendrait la première puissance mondiale et constituerait le nouvel empire du 21e siècle.

2-SOLUTIONS FRANCAISES

La nouvelle régulation commerciale et financière ainsi que les grands investissements relèvent de la compétence de l’Union européenne. En revanche, la libération des forces du marché reste l’affaire de chaque Etat. Dans le cas de la France, nous n’avons rien à retrancher au Rapport sur les freins à la croissance de la Révolution bleue. Bien au contraire, la crise nous conduit à durcir certaines de ses dispositions.

21-Augmenter les salaires en abolissant le monopole de la sécurité sociale

On peut dès à présent augmenter tous les salaires en abolissant le système prédateur de la sécurité sociale .
Pour ce faire, il suffit de reverser aux salariés l’essentiel des cotisations salariales et patronales prélevées au titre de la maladie et de la retraite afin qu’ils puissent s’assurer auprès des compagnies de leur choix.
Comme l’indique Claude Reichman, « les Français perçoivent 689 milliards d’euros en salaires. Pour la seule assurance maladie on leur en prélève 151 milliards. Les simulations effectuées permettent d’estimer à 113 milliards ce qu’ils devraient dépenser pour contracter une assurance maladie auprès d’une société d’assurance, d’une mutuelle ou d’une institution de prévoyance. Autrement dit une assurance maladie privée coûte en moyenne 25 % de moins que celle de la sécurité sociale. Voila un plan de relance de 38 milliards qui ne coûte rien au contribuable »

22 -Réformer l’assistanat

Il est délicat en période de crise de diminuer les allocations servies aux ménages (allocations familiales, indemnités logement, indemnités de chômage, RMI etc.). Pour autant, il ne nous paraît plus possible de maintenir le régime d’assistanat actuel.

La solution consisterait à coupler les allocations à une mission d’utilité publique. Sachant que le rapatriement des étrangers extra communautaires risque d’occasionner des troubles à l’ordre public, on pourrait instituer une garde nationale ouverte à tous les chômeurs français. Les citoyens impliqués dans ces fonctions recevraient une rémunération financée par la suppression du RMI et des indemnités de chômage. Ce transfert présenterait deux avantages: d'une part, tout chômeur aurait bien comme aujourd'hui une allocation, d'autre part, nos compatriotes ne resteraient pas oisifs et auraient le sentiment de participer au redressement national.

23-Encourager l’investissement privé.

Certes, le gouvernement a eu raison de privilégier l’investissement au détriment de la consommation dans son plan de relance : on ne peut pas s’endetter pour financer des dépenses courantes, comme le demandent le parti socialiste et les syndicats. Cela étant, le contenu des investissements, à l’exception des infrastructures nucléaires, ne paraît pas pertinent. Ici encore, laissons la parole à Claude Reichman : ” La France n’a aucun besoin d’investissements dans ses infrastructures, qui sont excellentes. Il s’agirait de ce que les économistes appellent une mauvaise allocation des ressources et que les gens sensés rejettent comme des dépenses inutiles qui les empêcheront de faire celles dont ils ont vraiment besoin. Quant aux dépenses de recherche et de formation, elles ne sont, dans les structures actuelles, qu’argent dilapidé.”

L’Etat devrait donc se limiter à favoriser la relance de l’investissement privé en adoptant les mesures déjà énoncées par notre rapport sur les freins à la croissance
: réduction de l’impôt sur les sociétés de 30 % à 20 %; suppression de l’ISF et d’une manière générale de toute la fiscalité sur l’épargne; privatisation d es hôpitaux, des universités et des HLM ; suppression des réglementations obsolètes qui découragent les investisseurs ou les écartent de marchés protégés au profit de corporations déjà installées.

CONCLUSION

Dans le climat politique actuel, ces solutions peuvent paraître utopiques. Il est en effet difficile de demander à des pyromanes d’éteindre l’incendie qu’ils ont allumé. Alors que le système économique international s'effondre, nos élites mondialisées versent de l’argent public dans un puits sans fond. Elles ne savent plus comment sortir de la crise.

Tout espoir n’est pourtant pas perdu. Lorsque l'Europe comptera 40 millions de chômeurs, nos dirigeants seront obligés d'adopter nos propositions !

Je vous demande donc de les diffuser le plus largement possible. Des solutions existent. Les citoyens doivent exiger leur application.

Gérard Pince

Notes:

1- Se reporter aux statistiques du Fonds monétaire international : www.imf.org  

2- Toute société vivante a besoin de se protéger des agressions extérieures par une membrane. De même une société et un marché libre doivent se protéger des éléments toxiques. Il ne s’agit pas seulement des produits financiers toxiques. Il s’agit aussi des aliments frelatés, des produits dangereux et des marchandises fabriquées par des esclaves. Il s’agit surtout des religions, des coutumes et des mœurs toxiques qui véhiculent l’obscurantisme et ruinent de l’intérieur les forces d’une société libre. Il s’agit enfin de réhabiliter la notion essentielle de limite que le choc des orthodoxies fait trop souvent oublier. Tout le monde reconnaît que la chaleur est bienfaisante. A partir d’un certain degré, elle peut aussi devenir intolérable. De même, le libre échange est fécond mais son abus, dans le cas présent, génère des troubles graves. Assurément le protectionnisme est mauvais, mais tout comme l’arsenic, une dose limitée peut contribuer à la guérison. Depuis Davos, les responsables de la faillite clament à l’unisson leur opposition au protectionnisme. Autant que je sache, ce n’est pourtant pas le protectionnisme qui est à l’origine de la crise actuelle. On prétend qu’il aurait aggravé celle de 1929. On oublie que c’est l’économie de guerre, et donc une économie fortement protégée, qui a fait sortir l’Allemagne et les USA de la grande dépression.

3- Obama a été inventé, financé, propulsé par l’élite responsable de la faillite actuelle. Il s’agissait de tout changer pour que rien ne change. Tout changer, c’était porter un noir à la présidence. Ne rien changer, c’était s’assurer qu’il se contenterait de rafistoler le système au prix d’un endettement massif à la charge des contribuables. Il faut donc se distancier par rapport à cette politique ruineuse qui risque d’entraîner tous les Etats dans une crise de la dette.

4-Les réserves de charbon représentent 165 ans d’exploitation (contre 44 pour le pétrole et 65 environ pour le gaz). En dépit du réchauffement climatique, on assiste à une forte croissance de l’exploitation charbonnière puisque la consommation devrait passer de 123 quadrillion de BTU (British thermal units) en 2005 à 202 quadrillions en 2030.
 

 

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