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15/1/12 | Claude Reichman |
Il faut faire décoller la chasse ! La France ne va plus pouvoir vivre à crédit. Telle est la signification essentielle de la perte de son triple A. Le déficit public annuel de notre pays est actuellement de l’ordre de 100 milliards d’euros. Le ramener à l’équilibre sans hausse d’impôts nous obligerait, par exemple, à supprimer toutes les dépenses d’éducation et de défense, c’est-à-dire à nous priver d’écoles et d’armée. Bien entendu les coupes budgétaires sont toujours réparties dans la plupart des secteurs, mais cet exemple donne la mesure des sacrifices à faire. Autre exemple : si l’on veut reporter le financement de la protection sociale sur la consommation (ce qui ne ferait que déplacer la charge, mais ne l’allègerait nullement), il faudrait porter la TVA de 19,6 % à 92,8 % ! Rappelons que le Danemark, souvent cité en exemple, finance sa protection sociale avec une TVA de 25 % ! Ces quelques chiffres montrent à quel point les dépenses publiques de la France sont démesurées. Elles n’ont pu être soutenues depuis 38 ans que par l’emprunt. Cette voie vient d’être coupée. Il ne nous reste plus que les restrictions. Et celles-ci vont devoir être si sévères que le régime politique de notre pays va obligatoirement changer. En effet on ne prive pas une population de toute une série d’allocations et de services sans qu’elle ne se tourne vers de nouveaux gouvernants. C’est d’autant plus vrai qu’en France aucun des partis prétendant au pouvoir ne propose de mesures réellement susceptibles de ramener les comptes publics à l’équilibre. On se dirige donc tout droit vers une table rase politique qui amènera au pouvoir de nouveaux dirigeants issus du peuple. La seule inconnue réside dans les conditions qui présideront à ce bouleversement. Se fera-t-il dans la violence ou avec un minimum d’ordre et de méthode ? Le moment est venu pour les Français lucides et patriotes de monter au créneau. Ils doivent commencer par exiger des grands médias qu’ils fassent place à la diversité des opinions, afin que le pays comprenne les enjeux et juge les solutions. Actuellement, quand vous regardez les informations à la télévision ou que vous les écoutez à la radio, vous entendez des journalistes ânonnant de sommaires dépêches d’agence, avant qu’un homme ou une femme tronc ne donne la parole à un officiel quelconque qui n’a rien compris au film dans lequel il joue. Cela ressemble étrangement à l’Union soviétique, la réclame en plus. Nous sommes en révolution. Si les médias ne le comprennent pas, ils disparaîtront. D’autant plus vite qu’Internet offre des circuits de dérivation dans lesquels l’information passe sans la moindre censure. La nécessité où se trouve la France conduira les citoyens à délaisser les médias du système, les privant de publicité et donc d’argent. Toute organisation un peu ancienne a tendance à s’ankyloser. Au bout d’un certain nombre d’années de vie paisible, les facultés mentales et les réflexes de ses dirigeants et de ses desservants ne fonctionnent plus qu’au ralenti, dans la routine et le confort. Quand survient un grand changement dans leur environnement, ils ne savent que se raidir au lieu de s’adapter. Et l’on en arrive aux émigrés de Coblence qui n’ont « rien appris ni rien oublié ». Aujourd’hui, les marquis poudrés d’ancien régime vivent dans une cité interdite de quelques hectares dans le centre de Paris. L’argent public arrose le moindre de ses recoins. Son tarissement va soudain faire sortir les rats d’un fromage devenu trop maigre pour les nourrir tous. C’est assurément une bonne nouvelle. Les rats ne sont féroces qu’en groupe. Ils vont cesser de nous mordre et de nous affaiblir. « Jamais le sort de tant de personnes n’aura dépendu de si peu d’hommes », avait dit Churchill, évoquant l’héroïsme des pilotes de chasse britanniques qui empêchèrent les nazis d’envahir l’Angleterre. Il ne s’agit plus aujourd’hui, en France, de guerre aérienne, mais il va falloir quand même faire décoller la chasse. Face à l’immense désordre public qui s’annonce, nous ne pourrons compter que sur des âmes fortes et décidées. Il y en a encore dans notre pays. Qu’elles se manifestent au plus vite. Quand après bien des années de latence, une crise majeure éclate dans un pays, le destin se joue en peu d’heures. Tendez l’oreille : elles s’égrènent ! Claude Reichman
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