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7/2/09 | Bernard Martoïa |
La Fed bientôt insolvable ! "La banqueroute est un procédé légal dans lequel vous mettez votre argent dans la poche du pantalon et donnez votre chemise aux créditeurs." Joe Adams Sous la houlette de Bernanke, la Fed nous a épargné un risque systémique. C'est le moins que l'on puisse attendre d'une institution qui est à l'origine de la crise financière… N'en a-t-elle pas trop fait depuis le 15 septembre 2008, jour de la faillite de Lehman Brothers ? C'est ce que pensent deux économistes de l'école autrichienne : Philipp Bagus et Markus Schiml. Les pompiers de la Fed ont mis au point trois grandes lances pour combattre le feu à Wall Street. 1) Term Auction Facility (T.A.F) fut introduit, le 12 décembre 2007, en conjonction avec les banques centrales du Canada, de la Suisse, du Royaume-Uni et de Francfort (Euroland). Ce fonds a été créé parce que les banques ne se prêtaient plus entre elles. De plus, les banques ne voulaient pas utiliser la procédure publique du taux d'escompte qui est celle employée pour les banques éprouvant des difficultés temporaires de trésorerie. Cela aurait immanquablement porté la suspicion sur elles. La confiance étant rompue sur le marché interbancaire, la Fed a donc mis au point ce fonds noir où l'identité des emprunteurs est protégée. 2) La deuxième grande lance, Term Securities Landing Facility, a été créée le 11 mars 2008, lorsque la banque d'investissement Bear Stearns, saturée de subprimes, a fait faillite. Il s'agit d'une facilité de paiement, étalée sur 28 jours, accordée par le Trésor aux participants -"primary dealers" - de la banque fédérale de New York. Les "primary dealers" sont des banques internationales. Parmi les dix-sept banques recensées, figure une seule banque française : BNP Paribas Securities Corp, qui est la division d'investissement de cette banque commerciale. Le Trésor leur offre la possibilité d'échanger une dette (pourrie ou saine) contre des bons du Trésor américains qui ne connaissent pas encore la méfiance du marché. 3) La troisième grande lance, Primary Dealer Credit Facility, est intervenue le 16 mars 2008, avec les rumeurs de faillite de Fannie Mae et Freddie Mac. Il s'agit d'une facilité de paiement, juste pour une nuit, accordée directement par la Fed, en échange de collatéraux éligibles, aux « primary dealers ». Pour éteindre le feu qui se propageait dans la brousse, la Fed a utilisé beaucoup d'eau (d'argent). Le 7 octobre 2008, elle a accru les collatéraux pour y inclure le papier commercial. Il s'agit de notes émises par des banques ou des entreprises pour une maturité fixe de 270 jours et qui leur permettent d'assurer la paye des salaires. Le montant du papier commercial en circulation est de 1.61 trillions de dollars ! Craignant que l'industrie de la finance soit détruite à son tour par l'incendie, le pompier a mis au point, le 21 octobre 2008, une autre grande lance : Money Market Investor Funding Facility. En raison de ses interventions multiples, le bilan de la Fed a triplé : de 800 milliards de dollars en septembre, il a atteint 2 400 milliards en janvier 2009. A la quantité astronomique de ses interventions pour sauver le système financier mondial, s'ajoute désormais la question de la qualité douteuse des créances que la Fed a accumulées en si peu de temps. Malgré tous ses efforts, la machine économique reste grippée. La politique monétaire est arrivée au bout de ses possibilités avec le taux directeur qui a été abaissé à 0,35 %. Le capitaine des pompiers envisagerait de se porter au secours des cartes de crédit dont l'encours est d'un trillion de dollars. Les deux économistes de l'école autrichienne notent que le ratio de fonds propres de la Fed est tombé de 4,5 % à 2 %. L'effet de levier est passé de 22 à 50. Cela veut dire que si seulement 2 % des actifs de la Fed sont irrécouvrables, ou que la Fed perde 2 % sur son portefeuille de titres, elle se trouve insolvable ! Que se passerait-il si la Fed était insolvable ? Pour contrer la panique prévisible des marchés, il ne resterait que deux possibilités. Une intervention du Trésor américain pour recapitaliser la banque fédérale par une augmentation massive des impôts (le président s'y refusera), par un emprunt sur les marchés qui affaiblirait inéluctablement le dollar. C'est un cercle vicieux. Une deuxième hypothèse, envisagée par les deux économistes de l'école autrichienne, serait de réévaluer les réserves d'or de la Fed qui sont maintenues artificiellement basses. Le cours officiel de 42,44 $ par once d'or passerait à celui du marché : 900 $. Ainsi le ratio de fonds propres de la Fed atteindrait un seuil confortable de 12,35 % pour traverser la tempête. Compte tenu de ces aléas, on peut s'interroger sur la pertinence de la valeur refuge de l'or. Bernard Martoïa
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