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3/11/12 | Claude Reichman |
Fernand reviens, ils sont devenus fous ! On se souvient du sketch de Fernand Raynaud, « Les croissants ». Fernand commande un café crème avec deux croissants. Le garçon de café lui dit qu’il n’y a plus de croissants. Qu’à cela tienne, « je ne suis pas le client embêtant : donnez-moi donc autre chose, je ne sais pas moi, un café nature … avec deux croissants ». Le débat sur « le choc de compétitivité » qui occupe la sphère politique en ce moment nous renvoie irrésistiblement à ces fameux croissants. La baisse des charges sociales des entreprises n’est envisagée qu’à la condition de les remplacer par une augmentation de la CSG ou de la TVA, ou des deux. Or il n’y a pas plus d’argent dans la poche des Français que de croissants au bistrot de Fernand. Et comme le dit celui-ci « s’il n’y en a plus, je ne peux pas en avoir ». Forte parole, dont devraient s’imprégner les politiciens et les journalistes français. La baisse des charges des entreprises doit se faire sans compensation fiscale. Car il ne sert à rien de faire passer d’une épaule à l’autre le sac de pierres que trimbale l’économie française : c’est toujours le même poids qui nous afflige. Le seul critère qui ait du sens est celui du total des dépenses publiques. Il est de 56 % du PIB en France, soit dix points de plus qu’en Allemagne. La France supporte donc 200 milliards d’euros de dépenses en trop par rapport à notre principal partenaire et concurrent. La zone euro et l’Union européenne ne survivront pas si la France ne baisse pas très rapidement ses dépenses publiques de ces 200 milliards, ce qui représente 20 % de leur montant. Je ne cesse de le répéter : n’importe quel ménage en difficulté est capable de baisser ses dépenses de 20 % sans qu’il en résulte une catastrophe. Il en va de même pour notre pays. Et cette baisse doit se faire de façon globale, sans en exclure quiconque. Car si l’on commence à se livrer au petit jeu des méritants qu’il convient d’épargner, on a vite fait d’y inclure tout le monde et la réforme disparaît. Une politique telle que celle-ci ne s’appelle pas de la rigueur mais de la survie. Cependant il y a des conditions à sa mise en œuvre. Il y faut soit un climat de salut public provoqué par une catastrophe économique, soit un effort pédagogique réalisé par des dirigeants convaincus du bien fondé de cette politique et déterminés à la conduire sans faiblesse. La deuxième hypothèse est aujourd’hui invraisemblable en France. L’urgence ne lui laisse pas le temps nécessaire. Il va donc falloir faire de la pédagogie accélérée dans un climat de catastrophe, en espérant que le patriotisme de nos concitoyens permette à l’idée de salut public de s’imposer. La chute de la maison France est impressionnante. Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. Le président de la République et le gouvernement sont tétanisés. L’opposition n’a pas l’ombre d’une idée qui puisse améliorer la situation. Les journalistes n’écoutent et ne donnent à entendre que les porteurs de fausses solutions. La véritable information s’est réfugiée sur Internet. Mais il faut à présent que tous les Français l’entendent. Pour cela, elle doit atteindre l’agora, c’est-à-dire les médias grand public, de façon à ce que s’opère enfin la cristallisation de l’opinion sur les vrais remèdes à nos problèmes. Si le bras d’honneur de Gérard Longuet fait le « buzz » sur Internet, c’est parce qu’il marque le premier recul (d’ailleurs involontaire) de l’autocensure de la classe parlante. D’autres vont suivre rapidement, car un flot trop longtemps comprimé devient dévastateur dès que s’ouvre une brèche. Le jour où la parole se libèrera, la République des coquins et des copains tremblera. Tout indique que ce jour est proche ! Claude Reichman
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