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	La fin du monopole de la sécurité sociale à la télévision 
	!  
	Le Magazine de la santé sur France 5, a diffusé le 29 mai 2006 un 
	reportage de 5 minutes sur « la sécurité sociale étrangère ».  
	Nous publions le texte de l’émission.  
	Présentateur (Michel Cymes) : 
	Des salariés qui fuient l’assurance-maladie et font jouer la concurrence 
	à l’étranger : près de 5 000 Français ont fait ce 
	choix depuis qu’une directive européenne a mis fin en 2001 au monopole de 
	l’assurance-maladie en France. Il faut quand même rappeler que tous les 
	salariés et les employeurs cotisent à la sécurité sociale, qui en retour 
	prend en charge les arrêts maladie, ou les congés maternité, par exemple. De 
	leur côté, les professions libérales doivent cotiser à l‘URSSAF pour 
	bénéficier de cette couverture.  
	Présentatrice (Marina Carrère d’Encausse) : 
	Nous avons suivi un salarié et un médecin qui ont justement choisi de 
	quitter l’assurance-maladie et l’URSSAF, et qui versent désormais leurs 
	cotisations à une assurance-maladie d’un autre pays de l’Union européenne. 
	Objectif : faire des économies. Alors, comment ces Français ont-ils fait 
	pour sortir de l’assurance-maladie, en ont-ils vraiment le droit ? Les 
	réponses avec Ludovic Jean et Mathieu Huvetot.  
	Voix off : 
	C’est décidé, Frédéric ne cotisera plus à la Caisse d’assurance-maladie. 
	Ce salarié, qui travaille chez un grand opérateur téléphonique, a choisi de 
	s’affilier à une compagnie d’assurance privée britannique.  
	Frédéric Dumas, ingénieur commercial : 
	Je constate, d’un côté, combien me coûte l’assurance-maladie française, 
	et de l’autre côté, combien je devrais payer, comme salarié, pour m’assurer 
	auprès d’un assureur privé européen. Il y a une différence de 7000 € bruts, 
	annuels, entre les deux.  
	Voix off : 
	Son employeur le soutient, la part habituellement versée à la Sécu par 
	l’entreprise pourrait être ajoutée au salaire des 2 500 employés. La 
	possibilité de quitter l’assurance-maladie reste mal connue. Mais, pour ce 
	professeur de droit à Paris V, spécialiste de la législation européenne, 
	cela ne fait plus aucun doute.  
	 
	Jean-François Prévost, professeur de droit à Paris V, avocat : 
	On peut dire, aujourd’hui, stricto sensu, que le monopole de 
	l’assurance-maladie au premier franc est supprimé pour les caisses de la 
	sécurité sociale, ce qui n’empêche pas les caisses de le faire, mais elles 
	n’en ont plus, juridiquement, le monopole.  
	Voix off : 
	Inquiète, l’Assurance-maladie se contente de démentir formellement et 
	rappelle qu’inciter le public à quitter la Sécu peut conduire à 30 000€ 
	d’amende et à deux ans de prison.. En réalité, plus de 5 000 Français 
	auraient déjà franchi le pas. Sauf pour l’Allemagne, le taux de 
	remboursement moyen de notre assurance-maladie est en effet inférieur à 
	celui de nos voisins : 54 % pour la France, mais surtout 65 % pour l’Italie, 
	71 % pour la Suède, et 90 % pour la Grande-Bretagne (sources OCDE).  
	Frédéric Dumas, ingénieur commercial : 
	Quand je constate que les taux de remboursement, sans que je puisse 
	décider, sont de plus en plus bas ; quand je regarde que les cotisations, là 
	aussi sans que je puisse décider, sont de plus en plus élevées : où est ma 
	liberté ? Ma liberté, c’est celle que m’offre, semble-t-il, la 
	réglementation européenne, de m’assurer auprès d’un autre organisme que la 
	Sécurité sociale.  
	Voix off : 
	Une association, le Mouvement pour la Liberté de la Protection Sociale, 
	détaille sur son site la marche à suivre. Les candidats doivent d’abord se 
	couvrir à l’étranger, puis renvoyer à la Sécu la carte Vitale et la nouvelle 
	attestation d’assurance. Trois compagnies ont reçu un agrément officiel, le 
	belge DKV, le danois IHI, et le britannique Amariz, qui courtisent désormais 
	les assurés européens. 
	Autre population intéressée : les professions libérales qui, pour bénéficier 
	d’une couverture maladie, doivent cotiser à l’URSSAF. Sans que cela ne 
	change rien pour ses patients, ce médecin a quitté la Sécu il y a un an. 
	Depuis, ses charges ont baissé.  
	Dr Bruno Gomez, médecin : 
	Je payais à l’URSSAF, entre la CSG et l’assurance maladie, ou les 
	caisses d’assurance-maladie, je payais 9 000 €, plus 1 000 € de 
	complémentaire, ça fait 10 000. Aujourd’hui, pour une couverture bien 
	supérieure, je paye 3 600 € ! 
	Voilà, ça se passe de manière très simple. Moi, j’ai choisi de payer tous 
	les trois mois. Donc tous les trois mois je reçois cette facture, cet avis 
	d’échéance de  
	900 €, et je fais le virement en Belgique, et ensuite j’envoie mes 
	différents reçus, mes factures, mes feuilles de soins là-bas, et je suis 
	remboursé sur mon compte en France.  
	Voix off : 
	Et quand ce médecin va lui-même chez son ostéopathe, il est mieux 
	remboursé.  
	Dr Bruno Gomez, médecin (montrant un remboursement) : 
	Vous voyez ici, il y a de l’ostéopathie, 65 € la consultation, qui est 
	remboursée  
	0 € par la Sécurité sociale française, et qui est remboursée à 80 % par mon 
	assurance belge, c'est-à-dire 52 €.  
	Voix off : 
	Reste que les juges divergent encore sur l’interprétation de la 
	législation.  
	Jean-François Prévost, professeur de droit à Paris V, avocat : 
	Pour l’instant, ceux qui veulent sortir du système monopolistique, ne 
	peuvent pas le faire en France. Ils vont auprès de compagnies étrangères, 
	qui, elles, ont obtenu l’agrément. Je suis obligé de vous dire qu’à l’heure 
	actuelle les personnes qui font ça se heurtent à une non-application du 
	droit en France ! Beaucoup de magistrats se disent que c’est quelque chose 
	de tellement révolutionnaire qu’ils ont mis du temps en quelque sorte à 
	l’absorber, et que, comme tout un chacun, ils pensent à leur carrière, à ce 
	qui peut se passer en appel s’ils sont infirmés... Ils ne sont pas du tout, 
	si j’ose dire, sécurisés...  
	Voix off : 
	Ces départs de la Sécu n’ont pas fini de créer des remous. Selon un 
	sondage IPSOS, 65 % des Français souhaiteraient pouvoir avoir le choix de 
	leur assurance maladie.  
	Présentatrice (Marina Carrère d’Encausse) : 
	Voilà. Si l’Assurance maladie ne souhaite pas communiquer sur ce sujet 
	c’est que le décret européen risque de poser à long terme le problème de la 
	survie du système, sachant que le financement de l’assurance-maladie repose 
	à 59 % sur les cotisations patronales et salariales, ce système français qui 
	est fondé sur la solidarité pourrait à terme avoir bien du mal à subsister.
	 
	Recension de Laure Allibert  
	Le Magazine de la santé sur France 5  
	Vous pouvez voir les vidéos en haut débit ou en bas débit. 
	Positionnez-vous 3 minutes après le début de l’émission.  
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