Pour le camp de la liberté en France, il n'y a qu'une question qui
vaille : sommes-nous représentés par l'actuelle majorité politique ? Ma réponse est
claire et nette : c'est non. Il en découle une conséquence évidente : non seulement
nous ne devons plus la soutenir, fût-ce du bout des lèvres, mais encore nous devons la
combattre et nous préparer à la remplacer.
Car enfin qu'on ne s'y trompe pas. Si bas que soit tombée la gauche après sa défaite de
2002, c'est elle qui, mécaniquement, succèdera à l'actuelle majorité si nous
n'agissons pas dès maintenant. Les mécanismes électoraux ont été manipulés par ceux
qui alternent au pouvoir depuis plus de vingt ans de telle manière qu'aucune concurrence
ne puisse troubler leur jeu. Seul un puissant mouvement populaire peut vaincre ces pervers
mais puissants arrangements. Il nous appartient de le créer.
Continuer à égrener, de colloques en journées d'études, les mesures qu'il faudrait
prendre pour sauver la France est inutile, ridicule et contreproductif. Il y a belle
lurette que, tous, nous savons ce qu'il faut faire. Pendant trop longtemps, nous avons
voulu le faire faire à des gens qui s'y refusaient de toute leur force. Leurs raisons
sont fort simples : redonner sa liberté au peuple, c'est se condamner à être rapidement
remplacé par ses représentants authentiques et sincères. Tant que les politiciens de la
fausse droite pourront se maintenir en place, ils le feront et, à cet effet, ils
refuseront toute mesure de libération. Tenter de les convaincre est vain. On ne pousse
pas les gens au suicide facilement, surtout quand la politique leur procure une vie
confortable et délicieuse.
Chirac, Raffarin et l'UMP sont nos adversaires, au même titre que les socialistes, les
communistes, les Verts et les gauchistes. Ne pas les combattre, c'est renoncer à
réformer la France et la condamner au drame. Car plus personne de lucide ne peut douter
que notre pays marche à grand pas vers la catastrophe. Celle-ci, une fois de plus,
prendra la forme d'une guerre civile. Les divisions et les factions ne peuvent être
surmontées, en France, que par une politique ferme, empreinte du souci manifeste de
l'intérêt général et menée par des gens personnellement désintéressés. Pas un seul
des politiciens actuellement en place ne répond à ces définitions. Ils sont donc tous
à chasser. Et pour ce faire, il faut constituer une force électorale puissante. Le
peuple doit prendre conscience de sa force
Certains nous objectent que cela prendra de longues années. Telle n'est pas ma
conviction. Dans les temps ordinaires, une telle force ne peut se construire que très
lentement, parce que sa nécessité n'apparaît pas clairement à tous. Mais dans les
périodes de crise - et qui peut encore douter que nous en vivions une ? - tout cela peut
se faire très vite. Il suffit que les citoyens désireux de faire bouger les choses se
réunissent et se parlent. En quelques mois des comités peuvent se constituer partout
dans le pays, avec pour objectif de présenter des candidats aux élections.
L'argent pour le faire n'est pas un problème non plus. La politique ne coûte cher que
quand elle veut tromper le peuple. S'il s'exprime lui-même, sa voix porte partout et nul
ne peut l'ignorer.
Nous ne pouvons plus attendre davantage. Nous n'avons que trop attendu. Il est vrai que
ceux qui se sont présentés comme nos amis et qui détiennent aujourd'hui tous les
pouvoirs ont monté habilement leur coup. Ils nous ont tenu un langage mensonger et se
sont surtout arrangés, par un contrôle strict des médias, pour que personne ne puisse
dénoncer leur double jeu. Ils en sont même arrivés, à présent, à ne plus tolérer la
moindre discussion dans leurs rangs, afin d'éviter précisément que quelqu'un ne finisse
par les accuser de duplicité. Le refus par ses dirigeants de la constitution de courants
au sein de l'UMP, pourtant expressément prévue par les statuts, est très éclairant à
cet égard.
Chacun d'entre nous doit vaincre son inertie. C'est particulièrement malaisé dans les
moments de difficultés économiques, quand le souci quotidien accapare l'esprit. Mais
l'aggravation rapide de la situation va dessiller les yeux. C'est vraiment de salut public
qu'il va s'agir. De nombreux signes montrent que le réveil est en train de se produire.
Mais il faut dépasser le stade des conversations privées et des échanges d'idées. Le
phénomène crucial, dans la vie publique, se produit quand les gens sortent de chez eux
et se réunissent, où que ce soit. C'est ce qui doit être fait maintenant. Le peuple
doit prendre conscience de sa force. Isolé, chacun de nous est faible. Unis, nous
devenons invincibles.
Les fantoches qui occupent aujourd'hui les palais de la République ne feront pas illusion
longtemps. Leurs trahisons et leurs échecs sont tels qu'il ne sera même pas nécessaire
de les en accuser. Ils disparaîtront d'eux-mêmes, comme une nuée de parasites est
chassée par un grand souffle de vent. A vrai dire, ils savent tous ce qui les attend.
Cela ne les empêchera pas de s'accrocher jusqu'au bout. Il dépend de chacun d'entre
nous, désormais, que ce bout soit proche. Alors commençons !
Claude Reichman
Déclaration de guerre
" Il est important pour nous de prendre la rue, de prendre l'espace public ",
a déclaré à la télévision l'organisatrice de la Techno parade qui s'est déroulée à
Paris le 13 septembre dernier. On ne saurait être plus clair. Il s'agit bien d'une
véritable guerre de conquête, menée contre tous ceux qui ne veulent pas se laisser
abrutir et souhaitent conserver la maîtrise d'eux-mêmes. Car loin d'être un " art
", comme le dit l'ineffable Jack Lang, la " musique " techno n'est qu'une
suite de vibrations sonores destinées à provoquer une transe. Il est inadmissible que le
ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, ait cru devoir défiler en tête de la
Techno parade, en compagnie du maire de Paris, Bertrand Delanoë, et du président du
conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon. Tous ces pitoyables démagogues
croient se mettre bien avec une certaine jeunesse. Ils ne font rien d'autre en vérité
que de perturber encore un peu plus ses repères en validant son goût de la transe, alors
qu'il vaudrait mieux lui faire comprendre que ces moments d'égarement ne sont acceptables
que s'ils restent occasionnels et passagers et ne constituent en rien un art de vivre. Une
société est gravement malade quand ses adultes, et qui plus est ses élus, courent
après une certaine jeunesse pour singer ses comportements. Il n'en sera que plus
difficile à cette dernière de passer à l'âge adulte et d'assumer sa condition. Mais
après tout, n'est-ce pas cela, le but recherché par les politiciens, pour qui il est
plus facile de régner sur une société abrutie que sur des citoyens conscients et
organisés ? |