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27/2/09 | Bernard Martoïa |
Crise : Et si l’on prenait
exemple sur les fourmis ? "L’essence du keynésianisme est son incompétence à concevoir le rôle que l’épargne et l’accumulation de capital peuvent jouer dans l’amélioration des conditions économiques." Ludwig von Mises Aux yeux de Keynes et de ses innombrables disciples, l’activité économique commence et se termine par la consommation. Keynes, lui-même, écrivit dans sa théorie générale, page 129 dans la version anglaise de l’ouvrage : « La construction de pyramides, les tremblements de terre et même les guerres servent à accroître la richesse. » Croyez-vous vraiment que nous serions plus riches après une guerre ? Les Keynésiens donnent l’exemple de l’Allemagne et du Japon après la Seconde Guerre mondiale. Ils prétendant que cela aurait permis à ces deux nations de se doter d’usines ultra-modernes qui firent concurrence à celles, obsolètes, de l’Amérique. En suivant le maître universel de la fabrique à crétins, les Alliés auraient donc fait une grande faveur aux puissances de l’Axe en bombardant leurs usines et leurs habitations ! En suivant ce raisonnement fallacieux, les guerres seraient bénéfiques aux nations qui en sortent ruinées, mais pas pour les économies des pays vainqueurs qui se retrouvent avec un appareil productif obsolète. C’est évidemment archi-faux, mais comme le disait le ministre nazi de la propagande, Joseph Goebbels, « les grandes masses absorbent mieux les énormes mensonges que les petits.» A quoi est dû le redressement rapide des deux nations vaincues ? A leur surplus de travail et d’épargne pendant une longue période. Durant les dix années d’après-guerre, le taux d’épargne des ménages et des entreprises a été de 25 % par an en moyenne. C’est cette épargne qui a permis l’accumulation du capital nécessaire à la reconstruction rapide de leurs usines. Tel est le miracle accompli par ces deux nations dont l’appareil de production avait été détruit à 80 % par les bombardements des Alliés. De l’autre côté du rideau de fer, les usines qui n’avaient pas été détruites furent démontées et acheminées en Union soviétique. Plus grave, les régimes capitalistes furent remplacés par des régimes communistes qui instaurèrent la pénurie avec une planification massive de leur économie. L’exemple du coup de pied dans la fourmilière Certains d’entre vous se sont peut être amusés, un jour, à voir ce qui se passe. Dans un premier temps, les fourmis sont désemparées. C’est la phase de choc. Ensuite, elles errent dans tous les sens car leurs voies de communication ont été détruites. Après avoir retrouvé leurs sens, elles évaluent les dommages occasionnés. C’est la deuxième phase d’analyse des besoins. Ensuite, il y a un accroissement phénoménal de leur activité pour compenser lesdites pertes au cours de la troisième phase. Les contremaîtres donnent les ordres aux ouvrières pour colmater telle entrée de la fourmilière pendant que d’autres réparent les voies de communication. Cette loi de la nature se vérifie pour tous les peuples qui ont à souffrir d’un cataclysme. L’aide financière des pays étrangers ne sert pas à grand-chose si ce n’est à engraisser les potentats. Mieux vaut soigner les blessés dans des cliniques ambulantes et laisser aux populations locales le soin de reconstruire leurs habitations et leurs usines endommagées. A l’issue d’une guerre, les besoins immenses induisent le plein emploi. Même les individus dont la productivité est faible trouvent un emploi. John Maynard Keynes fit une brillante démonstration de sa théorie générale de l’emploi dans les toilettes d’un restaurant new-yorkais en 1934. Il renversa la pile de serviettes soigneusement pliées et la piétina avec ses chaussures (taille 50) devant un économiste interloqué en lui disant que son geste était plus utile à l’économie que le sien. L’autre économiste, qui ne devait pas être un Keynésien, s’était contenté d’utiliser une serviette et de la mettre dans la poubelle idoine (voir mon article du 17 janvier 2009 intitulé « Le vandalisme de Keynes à l’épreuve des faits. » Les Keynésiens ne veulent voir qu’une partie de l’équation (la demande et le plein emploi), mais ils occultent la destruction énorme de capital physique et humain engendré par toute guerre. Le système économique actuel ne fonctionne plus parce qu’il a perdu beaucoup trop de capital dans l’explosion nucléaire du 15 septembre 2008. Environ 17 trillions de dollars se sont vaporisés depuis le déclenchement de cette explosion nucléaire sur le seul marché des actions. Ne parlons pas de l’immobilier, dont l’estimation est plus difficile à cerner pour la simple raison que ce marché est moribond. Le nombre de transactions immobilières ne cesse de reculer. Les ménages qui le peuvent sursoient à une opération et ceux qui ne peuvent honorer leur emprunt sont contraints d’abandonner leur maison. Face aux pertes énormes de leur patrimoine mobilier et immobilier, les ménages ont une réaction saine en voulant épargner davantage. Ils investissent cet argent dans des bons du Trésor parce qu’ils constituent un refuge dans un marché volatile. C’est une saine précaution d’attendre la fin de la tempête avant de réinvestir son argent dans des entreprises. Ce faisant, ils n’aident pas à un redémarrage de l’économie car la vente des bons du Trésor permet à l’Etat providence de poursuivre sa politique keynésienne dispendieuse. L’Etat utilise cet argent frais pour relancer la consommation au détriment du remplacement du capital détruit par l’explosion nucléaire. Il ne fait que prolonger la crise en voulant sauver des emplois et des industries condamnées. Les banques ont perdu beaucoup de capital mais elles ne veulent toujours pas l’admettre. Malgré la parution de résultats trimestriels, on ne sait pas ce qu’elles cachent dans leur hors bilan. Elles détiennent des collaterized debt obligations (C.D.O) Ce sont des titres dont la valeur est très basse aujourd’hui. Mais elles refusent de fournir le nombre qu’elles détiennent car cela dévoilerait leur très faible capitalisation et les contraindrait immanquablement à se placer sous la loi de la faillite. En même temps, elles nous demandent de leur renouveler notre confiance. Pour rétablir la confiance, il faudrait que l’on connaisse le vrai bilan des banques. C’est la quadrature du cercle. Plus vite on se débarrassera des canards boiteux, plus vite l'économie repartira ! Le capital disponible dans une économie détermine toujours sa capacité à produire des biens, des services et à employer, in fine, de la main d’œuvre. Le capital est accumulé par l’épargne. Contrairement à l’idée fausse que s’en font toujours les Keynésiens, l’épargne n’est pas de l’argent thésaurisé. Elle sert à tous les niveaux du système capitaliste. L’épargne est la condition préalable qui permet aux vendeurs d’acheter ces biens à des grossistes, aux grossistes de payer ces marchandises aux producteurs, et aux producteurs d’acheter les biens intermédiaires pour leur fabrication à des sous-traitants. L’épargne est aussi la condition préalable permettant à tous ces vendeurs et producteurs de payer leurs salariés. De telles dépenses interviennent toujours avant qu’un bien quelconque puisse être vendu au public. Les Keynésiens croient que le commerçant ne fait que consommer ou thésauriser de l’argent. Si c’était le cas, il n’y aurait qu’une demande pour les biens de consommation. Nous avons vu que l’accumulation d’épargne sert à tous les niveaux : extraction de matières premières et production de biens intermédiaires. La folie des politiciens keynésiens Rien n’est plus incroyable qu’au milieu d’une crise qui a détruit tant de capital, des politiciens pensent qu’il est nécessaire de stimuler la demande au détriment de l’épargne qui a été détruite. Voilà le degré d’inculture économique qui règne dans certaines hautes sphères du pouvoir politique. On aurait pu penser qu’avec tant de pertes engendrées sur les marchés, certains auraient l’idée qu’il est nécessaire de reconstituer au préalable cette épargne (en augmentant les taux d’intérêt directeurs des banques centrales) plutôt que de tout faire pour éviter son remplacement à travers de massifs plans de relance. Il faudra boire le calice jusqu’à la lie. Il est finalement satisfaisant que l’Amérique (malade d’une overdose de crédit) se soit choisie un docteur Knock. Plus vite seront votées les lois qu’il réclame, plus vite sera apportée la preuve de son incompétence à gouverner la première économie de la planète et plus vite sera démontrée l’invalidité de la théorie keynésienne ! Dans ce monde d’indigence intellectuelle, il y a néanmoins un motif de réconfort. L’Europe est présidée pour six mois par Vaclav Klaus. Ce professeur de finances ne cache pas ses sympathies pour Friedrich von Hayek et Milton Friedman. Il est un correspondant du Cato Institute. On comprend qu’avec de tels maîtres à penser, il ait une si mauvaise réputation dans notre pays marxiste. Pas un article de fond n’a été consacré par la presse à ce personnage cultivé qui a sans doute des solutions différentes de celles de notre gouvernement keynésien pour nous sortir de la crise. Bernard Martoïa |