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La France au ban des nations libres |
19/4/03 | Claude Reichman |
Parmi les victimes " collatérales " de la guerre d'Irak, il y
a la classe parlante française. Certes, elle n'a pas eu de morts, mais ses blessures sont
graves. Physiquement, elle n'a rien. Intellectuellement et moralement, elle est
discréditée. Rarement aura-t-on lu et entendu autant de mensonges éhontés et de
stupidités qu'en cette occasion. Par classe parlante, il faut entendre l'ensemble de ceux
qui s'expriment dans les médias français. C'est une petite troupe qui s'est arrogé le
monopole de la parole et qui interdit farouchement l'accès des organes d'information à
toute personne ne lui ayant pas fait allégeance. Cette cérémonie consiste à communier
dans le culte du politiquement correct, lequel peut d'ailleurs varier selon les
circonstances. Il fallait être pour le bombardement de la Serbie, nation indépendante,
et contre l'intervention en Irak, nation indépendante également. Cette apparente
incohérence dissimule en vérité le fait que dans les deux cas il fallait satisfaire les
musulmans. Ceux du Kosovo, il y a quatre ans, ceux de France et d'Europe aujourd'hui, en
raison de leur évidente solidarité avec leurs coreligionnaires irakiens et en dépit de
la sanguinaire tyrannie de Saddam Hussein. Bien entendu, le politiquement correct ne fait
pas que dans l'international. Au plan intérieur, il est en faveur de la sécurité
sociale que-le-monde-entier-nous-envie, de la retraite par répartition, du vote des
immigrés, de l'impôt sur la fortune, de l'intervention de l'Etat dans l'économie, des
entreprises publiques, de la prévention en lieu et place de la répression en matière de
délinquance etc. . Bref, le politiquement correct est directement responsable de tout ce
qui fait le déclin français, lequel, aujourd'hui, est en train de virer à la
catastrophe économique et sociale et de nous conduire à la guerre civile. Il était
significatif à cet égard d'observer la manifestation parisienne des salariés de GIAT,
la semaine dernière. En tête de leur cortège marchaient plusieurs rangs d'individus
battant tambour et coiffés de bonnets phrygiens. Tout un programme ! Il ne manquait que
les piques ornées de têtes coupées. Soyons toutefois équitables : il y avait un
certain nombre de personnages pendus en effigie, parmi lesquels le Pdg de la société,
qui a eu le bon goût de se faire substantiellement augmenter au moment même où il
préparait ses charrettes. Notons au passage que les syndicats de gauche qui organisaient
cette manifestation protestaient contre la réduction par l'Etat, client quasi unique de
cette entreprise publique, de ses commandes de chars, alors qu'ils défilaient au même
endroit quelques jours auparavant contre la guerre d'Irak. Il est vrai que dans celle-ci
on n'a vu en action que des chars américains et britanniques, par définition impurs. La pensée unique a remplacé l'onction divine Toute cette comédie donne la nausée. Elle est jouée par une engeance de profiteurs du système qui se moquent de l'intérêt national et des citoyens français, qu'ils prennent en otage afin de pouvoir les contrôler et les exploiter. Et qu'on ne se fasse aucune illusion : les citoyens sont aussi les victimes désignées de la catastrophe qui se prépare, et en aucun cas leurs glorieux dirigeants politiques et syndicaux qui se sont tous assuré de confortables arrières par le moyen des privilèges exorbitants dont ils jouissent. Mais nous vivons la fin de cette époque. Il suffit d'écouter parler le peuple pour savoir qu'il n'est pas dupe et que son opinion est faite sur ses dirigeants. Il n'éprouve que mépris pour eux et ce mépris se muera en colère quand il découvrira l'ampleur du désastre, qu'il ne fait encore que soupçonner. Car il reste au fond de chaque Français un peu de révérence atavique envers les puissants. On n'efface pas aisément de son subconscient dix siècles de monarchie de droit divin ! Les puissants d'aujourd'hui ne bénéficient pas de l'onction du Ciel. Mais il l'ont remplacée par celle de la pensée unique. Que celle-ci soit rejetée par le peuple, et c'est tout leur pouvoir qui s'effondre. C'est l'unique raison de l'impitoyable censure médiatique que subit la France. Et qui n'existe dans aucun pays démocratique. Il y a vraiment une exception française, et c'est celle que nous venons de décrire. Son existence vicie la solidarité occidentale et l'unité européenne. La folle position de Chirac dans l'affaire d'Irak est à la fois la conséquence logique et la manifestation scandaleuse de cette exception. Par son égoïsme monstrueux, sa cupidité effrénée et sa volonté farouche de conserver un pouvoir sans limite sur la société, la classe politico-syndicale française en est arrivée à faire mettre la France au ban des nations libres. Triste issue pour un pays qui se voulait l'initiateur et le parangon des libertés et des droits de l'homme ! Mais il ne faut pas désespérer. Cette caste maléfique n'est puissante que de la passivité des Français. Ceux-ci se réveilleront forcément, ne serait-ce que sous l'aiguillon des crises et des effondrements qu'on voit poindre à l'horizon. Elle sera balayée en deux temps et trois mouvements, comme toutes les dictatures. Il faudra alors reconstruire une France digne d'elle-même et de son grand passé. Cela se fera vite, car notre pays dispose de moyens humains exceptionnels. Nous ne souffrons que de leur étouffement par une coterie de médiocres. Dont la place est d'ores et déjà garantie. Dans les poubelles de l'histoire ! Claude Reichman |