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27/4/12 | Claude Reichman |
La France de la rente a posé
son énorme cul sur la face de la jeunesse ! François Hollande, Nicolas Sarkozy et François Bayrou avaient finalement le même programme : maintenir le système économique et social actuel. Cette politique a été plébiscitée par les électeurs du premier tour de l’élection présidentielle. Les suffrages recueillis par ces trois candidats représentent 65 % des voix. En face, les candidats opposés au système actuel représentent 30 % du corps électoral. Cette division des Français est fondamentale si l’on veut comprendre le sens de cette élection. Les deux tiers de Français qui ont voté Hollande, Sarkozy, Bayrou sont pour l’essentiel des fonctionnaires et des retraités : c’est la France de la rente. En face, le tiers de contestataires est constitué de salariés du secteur privé et de jeunes adultes aspirant à entrer sur le marché du travail ou à y revenir, les uns et les autres se jugeant maltraités par le système et ne rêvant que de s’en débarrasser. Le sens du vote du 22 avril est donc clair : la France de la rente ne veut rien lâcher de ses privilèges. Sans réaliser que ceux-ci n’ont pas la moindre chance de se maintenir si l’on ne donne pas leur juste place à ceux dont on compte sur le travail pour financer la rente. En termes imagés, on peut dire que la France de la rente a posé son énorme cul sur la face de la jeunesse et qu’elle se refuse à la laisser respirer. Il n’est nul besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’une telle situation est explosive. Car de deux choses l’une : ou bien la jeunesse se laissera asphyxier et privera la rente de ses ressources, ou bien elle se révoltera et balayera l’Etat et les régimes sociaux redistributeurs, supprimant les circuits qui alimentent les revenus des rentiers. Face à la coupure de la société en deux parties irréconciliables, le devoir d’un homme politique responsable est de conjurer ce péril mortel en proposant un programme permettant à chacun de trouver sa juste place dans le pays. Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’a été digne de cette mission. La démagogie et le mensonge ont coulé à flot et les citoyens ne sont pas plus avancés qu’avant ce grand rendez-vous civique que devrait être une élection politique majeure. On peut donc prévoir sans risque de se tromper que les mois qui viennent verront se produire des effondrements économiques et des affrontements graves. Cette situation d’extrême péril pour la démocratie appelle une recomposition politique urgente. Dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, le professeur Philippe Nemo, un des plus grands penseurs français contemporains, a lancé un appel à la constitution d’ « un authentique parti libéral démocrate » défendant les valeurs que sont « l’entreprise, le libre marché, la propriété, le travail, le caractère à la fois moral et socialement indispensable de la liberté ». L’UMP avait vocation à être cette formation politique, mais elle « s’est trop souvent retrouvée avec la gauche pour approuver l’État providence en toutes ses dimensions liberticides, pour accepter de cogérer les affaires publiques avec de prétendus “partenaires sociaux” non élus, pour réclamer toujours plus de prélèvements obligatoires. » Il s’agit là, ajoute le Pr Nemo, d’une très grave anomalie car « cette situation idéologique n’existe dans aucun autre pays comparable, ni aux États-Unis, ni en Angleterre, ni en Allemagne, ni en Suisse, pas même en Italie ou en Espagne où la diversité idéologique est beaucoup plus grande que chez nous, pour ne pas parler des pays émergents ». Nous sommes donc bien, ici, au cœur du mal français qui a trouvé son expression ultime dans l’élection présidentielle de 2012 où le courant libéral conservateur, majoritaire dans la plupart des grands pays occidentaux, n’a pas le moindre représentant ! L’inévitable explosion de l’UMP après la probable défaite de son représentant, le 6 mai, fera qu’il deviendra possible de déblayer ses décombres et de construire enfin le grand parti moderne dont la France a un impérieux besoin. Pour notre part, nous sommes prêts à nous associer à cette tâche d’intérêt national. Claude Reichman
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