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2/9/09 | Claude Reichman |
La France n’est plus gouvernée ! Plongée dans la crise mondiale et dans celle qui la mine depuis plus de trente ans, la France est aujourd’hui frappée de paralysie. Aucune des décisions qu’il faudrait prendre d’urgence n’est en discussion ni, à plus forte raison en préparation. Au contraire, le président de la République et le gouvernement s’attachent à des mesures dérisoires à grand renfort de mise en scène et de communication, et cela afin de masquer leur complète inertie. Qui peut sérieusement penser que l’éventuelle mise sous tutelle des bonus des traders va améliorer si peu que ce soit notre situation économique ? Qui peut croire que la France, avec sa taxe carbone, va sauver la planète ? Or ce sont ces sujets qui font l’actualité du monde politique et médiatique français. Comment en est-on arrivé là ? En laissant sans solutions depuis des décennies des problèmes qui auraient pu et dû être traités dès leur survenue, comme cela se fait dans toute démocratie digne de ce nom. Pourquoi ce qui fonctionne dans le monde entier n’a-t-il pas fonctionné en France ? Parce que le pouvoir politique est en fait entre les mains de l’administration et notamment des hauts fonctionnaires. Ceux-ci dirigent à la fois l’Etat, les partis politiques, les grandes entreprises et notamment les banques, et de ce fait ont la haute main sur l’ensemble des grands médias. Par définition, un haut fonctionnaire sait mieux que quiconque ce qui est bon pour le pays. Il ne voit donc pas ce qu’un débat peut apporter et fait en sorte que celui-ci soit réduit à la portion congrue, voire supprimé. Il n’y a donc pas, en France, de pression de l’opinion, puisque celle-ci est condamnée au silence, sauf sur des sujets dits de société et qui ne mettent en cause ni l’économie, ni les finances, ni la protection sociale, ni tout autre domaine sensible. Nicolas Sarkozy avait compris que la France n’en pouvait plus de ce système qui la conduisait à la catastrophe. Il a donc entrepris de se faire élire sur le thème de la rupture, dont on voit bien aujourd’hui qu’elle n’a eu lieu dans aucun domaine important. Notre pays continue d’accumuler les déficits et la dette (dans des proportions devenues vertigineuses avec la crise mondiale), nos entreprises disparaissent comme fauchées par la mitraille, la Sécurité sociale ravage l’économie et continue d’attirer une immigration fascinée par ce pays de cocagne où l’on a droit à tout sans avoir jamais rien payé, l’insécurité – cheval de bataille depuis 2002 de M. Sarkozy – accumule les mauvais chiffres, infligeant un cinglant camouflet à l’actuel président de la République, et l’on pourrait sans difficulté accumuler bien d’autres exemples. Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il échoué ? Tout d’abord parce qu’il est arrivé au pouvoir sans la moindre idée de ce qu’il fallait faire. Il continue d’ailleurs de faire la démonstration de son incompétence en annonçant un grand emprunt sans en avoir décidé le montant ni l’objet, laissant à deux anciens premiers ministres réputés pour leurs échecs dans cette fonction, le soin de les lui proposer. Ensuite, parce qu’il n’a pris aucune des mesures immédiates qui s’imposent quand on doit réformer un pays de fond en comble. Un homme d’Etat doit, dès son entrée en fonction, frapper fort et marquer son territoire avant que les inévitables oppositions ne tentent de le paralyser. M. Sarkozy n’est hélas pas un homme d’Etat. Celui ou celle qui vont devoir enfin réformer la France ne peuvent être cherchés dans l’actuel personnel politique, tant celui-ci est formaté par la pensée unique et incapable même d’imaginer ce que pourrait être un pays libéré de toutes les scandaleuses entraves qui l’empêchent d’être prospère et plein d’avenir. Mais la nature ayant horreur du vide, soyons certains qu’au milieu des terribles orages que chacun voit poindre à l’horizon, des équipes nouvelles se formeront, qui entreprendront de redresser notre pays. Les compétences existent, il suffira qu’elles se fassent connaître. Comptons sur les médias du système pour retourner leur veste et pour adorer ceux qu’ils ensevelissent aujourd’hui sous des tombereaux de silence. Claude Reichman
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