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Franco est mort, et Chirac ne se sent pas bien !

4/6/04 Claude Reichman
M. Sarkozy veut faire baisser les prix. Il a réuni à cet effet les acteurs du commerce. Il ne s'agit que d'une gesticulation de plus du vibrionnant ministre de l'Economie. S'il voulait réellement faire baisser les prix en France, M. Sarkozy devrait demander au président de la République de réunir le gouvernement avec pour unique ordre du jour une forte diminution des dépenses publiques. Ce sont ces dernières - et elles seules - qui sont responsables du haut niveau des prix en France. Si nous ramenions le niveau de nos prélèvements obligatoires ne fût-ce qu'à celui de l'Allemagne - qui pourtant a des charges sociales et des impôts très élevés - nous pourrions par exemple supprimer la TVA et donc faire baisser les prix de près de 20 % d'un seul coup. Bien entendu une baisse des dépenses publiques aurait d'heureuses répercussions qui se répartiraient sur tous les prélèvements et non sur un seul, mais nous citons le cas de la TVA pour bien montrer le rapport direct qu'il y a entre ceux-ci et le niveau des prix. Il suffit d'ailleurs de voyager dans des pays où l'Etat est moins dépensier qu'en France pour constater que les prix à la consommation y sont beaucoup moins élevés.

Naturellement, les médias préfèrent tartiner sur les comportements plus ou moins vertueux du commerce plutôt que de poser les vraies questions et de mettre en cause l'action du gouvernement. C'est exactement la même attitude que celle qui tend à rendre les abus responsables du déficit de la Sécurité sociale. Certes les abus n'arrangent rien, mais ils ne sont que le fruit du monopole et de l'irresponsabilité générale qu'il provoque. Les Français les plus lucides sont parfaitement conscients de ces réalités. Comme ils sont ou ont été des acteurs économiques essentiels à la bonne marche du pays et qu'ils se situent très majoritairement à droite, ils sont déçus, voire indignés de l'incapacité du gouvernement à assainir la situation et ont cessé de le soutenir, le condamnant à des désastres électoraux successifs qui ne manqueront pas de mettre un terme prématuré à son existence.

" Du sang et des larmes "

Telle est la triste réalité politique de la France. Un pouvoir en lambeaux en moins de deux ans, une opposition incapable de proposer le moindre programme, des citoyens écoeurés, une jeunesse en déshérence, de la violence et de l'immoralité partout : le tableau est plus que sombre. Beaucoup de ceux qui n'y pensaient même pas envisagent aujourd'hui de s'exiler pour échapper à une situation que certains n'hésitent pas à comparer à celle de l'Union soviétique quand Gorbatchev prétendait la réformer ou à celle de l'Allemagne quand le nazisme commençait d'imposer sa haine, ses bandes et sa violence à une population en détresse. Il y a assurément un peu des deux dans la France d'aujourd'hui. Pas plus que Gorbatchev, Chirac ne veut toucher à l'architecture du système, parce qu'il sait que son maintien au pouvoir en dépend. Et tout comme les nationaux socialistes, les gauchistes et les trotskistes ne rêvent que d'une société embrigadée, qu'ils sont tout prêts eux aussi à imposer par la violence.

Faut-il pour autant désespérer ? La célébration du soixantième anniversaire du débarquement de Normandie vient à point nommé nous rappeler qu'aucune situation n'est irrémédiablement compromise, pour peu qu'on se donne les moyens d'y faire face. Les motifs de découragement ne manquent certes pas en France, et nous venons de les évoquer. On peut y ajouter l'avachissement d'une majorité de la population sous l'effet d'une politique d'assistance qui ne cesse d'accroître son emprise et ses graves nuisances, ainsi que le poids d'une immigration qui, loin de se ralentir, progresse régulièrement à l'abri de statistiques manipulées qui la minimisent et même la nient. Mais affirmons-le au risque d'être taxé d'optimisme excessif, rien de tout cela n'est irréversible. A ceci près que les dégâts économiques et sociaux sont bien réels, tout comme le sont les millions d'immigrés qui ont élu domicile dans notre pays et qui, pour beaucoup, sont devenus français. Une politique de redressement national doit donc prendre en compte et se préparer à assumer non seulement la construction de l'avenir, mais aussi l'apurement du passé. Autant dire qu'il n'y aura guère à promettre que " du sang et des larmes ". Quand Churchill s'exprimait ainsi devant la nation britannique, il faisait appel à ce que les hommes ont de meilleur : leur capacité de dévouement et de sacrifice. Ce sont ces qualités qui ont vaincu le nazisme. Et c'est sur celles-ci, qui restent vivaces dans le cœur et l'âme des Français, qu'il faut aujourd'hui compter pour que se produise enfin le sursaut qui nous permettra de remonter la pente et de retrouver le rang que nous n'aurions jamais dû perdre.

Nous voilà loin, apparemment, du problème des prix et du commerce. Eh bien, précisément non. M. Sarkozy et ses semblables, qui sont pour la plupart moins malins que lui mais tout aussi dépourvus de scrupules, n'ont pas d'autre ambition que de se maintenir au pouvoir. La France leur est indifférente, tout autant que ses habitants, dont ils ne partagent en aucune manière le sort. Ils vivent dans une sorte de cité interdite, luxueuse et abritée de tout, située dans les arrondissements centraux de Paris et dans laquelle aucun visiteur n'est admis à moins d'être détenteur d'une carte de presse et d'appartenir au premier cercle des médias. C'est ainsi que la France est gouvernée. Par la consanguinité et le mensonge organisé. Quand tout va bien, une formule de ce genre peut durer longtemps. Quand tout va mal, elle est condamnée à brève échéance. Or il se trouve que tout va mal. Au terme de la longue agonie du général Franco, quelqu'un fit au gouvernement réuni l'annonce suivante : " Franco est mort ! " Après un moment de silence, la voix d'un ministre se fit entendre : " Oui, mais qui va le lui annoncer ? " Ainsi finissent les régimes.

Claude Reichman



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