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26/11/08 Bernard Martoïa

La fuite en avant nous conduit à la catastrophe !

Quand il entra à l'université de Vienne, Ludwig von Mises (1881-1973) était de gauche et interventionniste. Il ne tarda pas à se convertir à l'orthodoxie monétariste lorsqu'il découvrit les principes de l'économie qu'enseignait le professeur Carl Menger.

Sans surprise, les politiciens promettent de nous sortir de la récession par des plans massifs de relance keynésienne. Sans surprise, le cartel des banques centrales, qui est aux ordres des politiques, abaisse les taux directeurs et laisse accroître inconsidérément la masse de monnaie en circulation. Après avoir laissé mourir le soldat Lehman Brothers, l'administration Bush n'a pas voulu laisser tomber le capitaine Citigroup. Sans surprise, les Bourses ont salué la "bonne" nouvelle par un rebond spectaculaire lors de la séance du lundi 24 novembre 2008.

Je ne partage pas l'euphorie du moment. Toute cette effervescence des médias à l'affût du plan miraculeux concocté par l'équipe d'Obama confirme mes soupçons que nous courons à la catastrophe. Ce n'est pas en augmentant les doses que l'on va soigner un drogué du crédit. L'économie mondiale est malade de sa montagne de dettes. Celles-ci se répartissent entre trois grandes familles : budgétaires pour l'Italie et la France, commerciales pour la France et les États-Unis, ou celles des ménages pour les Etats-Unis encore. Si le drogué du crédit remercie les donneurs, au fond de lui-même, il sait que ce n'est qu'un répit et qu'il faudra lui administrer des doses massives pour obtenir le même bienfait. Voilà où nous en sommes aujourd'hui !

Après le krach d'octobre 1929, Wall Street connut un rebond technique - dead cat bounce ou le rebond de l'animal blessé à mort - en avril 1930. Nous en serons là au printemps prochain avec le plan massif qu'Obama va mettre en œuvre dans quatre domaines : l'école, les infrastructures (ponts et chemins de fer), la couverture médicale universelle et les énergies renouvelables pour assurer l'indépendance énergétique du pays. Ce plan keynésien ne prend pas en compte les opérations de sauvetage des banques qui vont se poursuivre au gré des dénouements de position des contrats toxiques de produits dérivés. Il faudra des années pour traiter les métastases du système financier. A terme, le secteur bancaire américain sera entièrement nationalisé car il ne peut se sauver lui-même comme je l'ai écris hier.

Quand tous les plans keynésiens auront échoué, le marché capitulera et entamera sa longue descente aux enfers. L'abysse ne fut touché que le 8 juillet 1932 à Wall Street lorsque le Dow Jones clôtura à 43 points. Il s'était écoulé 27 mois depuis le krach d'octobre 1929. Les plans keynésiens ne font que retarder l'inéluctable ajustement du marché.

L'entrepreneur imprévoyant

Pour comprendre la crise actuelle, il faut se référer à l'exemple donné par Ludwig von Mises qui appartient à l'école autrichienne. Un entrepreneur veut construire une splendide maison. Il croit disposer en abondance de la main d'œuvre et des matériaux nécessaires à sa construction. Supposons qu'il se trompe de 10 % dans son estimation de briques. S'il s'aperçoit très tôt de son erreur, il pourra corriger le tir et construire une maison plus petite que celle qu'il envisageait au départ. Le coût se résumera à quelques pelletées de trop tôt pour les tranchées et au carburant dépensé pour la pelleteuse. Il égalisera le terrain et poursuivra la construction. S'il s'aperçoit tardivement de son erreur, les conséquences seront beaucoup plus néfastes. La maison sera inévitablement d'une qualité inférieure à celle qu'il avait imaginée au départ. Maintenant supposons que l'entrepreneur ne connaisse pas son erreur et que les maçons lui cachent la vérité, le chantier se poursuivra jusqu'à ce que la vérité éclate. La maison n'aura pas de toit et il faudra mettre une bâche pour la couvrir.

Dans la théorie de Mises, l'erreur de l'entrepreneur est un mauvais investissement, non pas un surinvestissement des ressources. Quelle que soit l'interprétation, l'entrepreneur aurait préféré apprendre plus tôt son erreur.

Parallèle avec la crise actuelle

Pendant la bulle immobilière, les Américains ont accumulé de larges dettes pour conserver un niveau de vie élevé. A l'époque, cela n'inquiéta personne puisque le niveau d'endettement était contrebalancé par la hausse de l'immobilier. Après l'éclatement de la bulle, les Américains se retrouvent dans la position de l'entrepreneur qui a réalisé tardivement son erreur : ils ont une maison sans toit et la tempête emporte la bâche de protection.

La réponse rationnelle à cette horrible situation est de couper la consommation des ménages américains en redessinant une maison plus petite. Lorsque l'entrepreneur s'est aperçu tardivement de son erreur, il a congédié les ébénistes qui travaillaient aux moulures du plafond. Un autre ajustement nécessaire pour l'économie américaine est la suppression des milliers d'emplois dans la finance spéculative : mutual funds, et hedge funds en particulier. C'est ce qui est en train de se faire naturellement sans que l'État intervienne.

Dans le cas particulier de la France, les efforts du gouvernement pour sortir de la récession ne font que l'aggraver. Des ressources seront dilapidées par les énarques dans leur précipitation à combler les brèches du Titanic. C'est l'assurance que l'épargne des Français sera sacrifiée pour faire plaisir à ceux qui manifestent le plus bruyamment leur mécontentement. Exemple : les fonctionnaires qui font grève et n'ont toujours pas compris que leur chèque à la fin du mois dépendait du labeur du secteur privé et des rentrées fiscales.

Bernard Martoïa

 

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