Attentats : le temps des
choix déchirants est venu !
Ce qui vient de se passer à Paris est totalement inconcevable et bien sûr
tout un chacun est sous le choc. Réfléchir quand on est dans cet état est
extrêmement difficile, mais à tout prendre cela vaut mieux que de se laisser
aller à des excès d’émotion, rarement incitatifs à des déploiements
d’intelligence. Car en fait, tout cela était non seulement prévisible, mais
totalement prévu, et il monte en moi une immense détresse quand je pense à
toutes ces malheureuses victimes et à leurs proches.
Ce qui m’amène à quelques réflexions.
Sur le plan formel. Le ministre de l’Intérieur devrait présenter sa
démission et celle-ci devrait être acceptée. Il n’est peut être pas
directement responsable de ce fiasco monstrueux, mais c’est sous son
commandement qu’il a eu lieu. Il serait indigne qu’il ne démissionne pas.
Nous avons déjà eu suffisamment de ministres responsables mais non coupables
dans l’histoire de cette République, et il serait bon que la tradition
revienne de ministres simplement responsables, comme autrefois.
Sur le plan opérationnel. Depuis des années, les partis au pouvoir coupent
les crédits de la police et de l’armée, officiellement en raison de
contraintes budgétaires très fortes mais surtout parce que la police et
l’armée ont mauvaise réputation dans les milieux de gauche et qu’il est plus
facile de couper les budgets de ces deux défenseurs de l’ordre que de
s’opposer aux syndicats de la fonction publique et de réformer l’Etat. Or
l’une des missions essentielles d’un Etat est la protection des biens et des
personnes contre ceux qui les menacent, soit à l’intérieur soit à
l’extérieur. Aujourd’hui, la totalité des forces combattantes dans l’armée
ne remplirait pas le Stade de France, et la situation est pire encore dans
la police. Ceux qui sont à la tête de l’Etat ont donc failli à leur mission
essentielle et il reviendra au peuple lors des élections prochaines de
prendre en compte ce fait incontestable.
Sur le plan intellectuel, le parti socialiste, sous l’influence de son
think tank (Terra Nova), a décidé il y a déjà longtemps que le futur du
PS appartenait à une alliance entre les « bobos » et les banlieues, et a
donc favorisé sciemment l’émergence du communautarisme dans notre pays, au
rebours de toute la tradition historique française. Ce faisant, la gauche
française a trahi le peuple et l’a abandonné au FN, tout en diabolisant ce
parti pour l’empêcher de conclure des alliances avec la droite classique.
Cette stratégie, initiée par M. Mitterrand, a certes permis à la gauche
d’arriver au pouvoir et d’y rester, mais quelque part c’est cette stratégie
même qui porte une lourde responsabilité dans les événements qui viennent de
se produire. Une fois pour toutes donc, la seule solution est de refuser
tout communautarisme, et cela vaut à gauche comme à droite. Il ne peut y
avoir qu’une loi et une seule et qui s’applique à tout un chacun également.
Et laisser la partie la plus défavorisée du peuple sans représentation
légitime est pire qu’un crime, une faute.
Sur le plan du personnel politique. Chateaubriand a un jour prononcé l’un de
ces mots terribles dont il avait le secret : « Il n’y a pas de pire crime
pour un homme politique que de prétendre à une position dont il n’a pas les
capacités ». Cette phrase s’applique merveilleusement à M. Hollande, qui
a dépassé son seuil d’incompétence au point qu’il ne s’en rend même pas
compte lui-même, mais aussi à la majorité de nos hommes ou femmes politiques
de gauche ou de droite. A l’évidence, le système de sélection des élites qui
nous gouvernent ne fonctionne plus. Le résultat est que nous sommes
gouvernés par des incompétents vaniteux, qui surestiment leurs maigres
talents et sont tous issus de la fonction publique. Ces soi-disant « élites»
ont de plus évidemment perdu la notion de « service public » (voir le
dernier livre de Philippe de Villiers à ce sujet), ce qui est impardonnable.
Certes, un fonctionnaire peut se présenter aux élections chez nos voisins.
Mais dès l’acte de candidature posé, il doit donner sa démission de la
fonction publique pour toujours. Il est donc grand temps de rendre le
fonctionnaire inéligible comme en Grande Bretagne pour libérer la France des
esprits étroits et jaloux qui la gouvernent. Il faut de toute urgence couper
le lien incestueux entre le monde politique et le monde de l’administration
pour que chacune des deux fonctions retrouvent sa noblesse et son
indépendance.
Sur le plan du débat d’idées. Il va bien falloir un jour poser la question
essentielle que tout le monde cherche à éviter : l’islam est il compatible
avec la démocratie ? Et ce n’est pas à moi d’y répondre, j’en serais bien
incapable, mais aux musulmans eux-mêmes. La responsabilité de l’Etat
français devrait être donc d’organiser une espèce de concile, comme le monde
chrétien en a tant connus, pour que les théologiens musulmans nous donnent
leur opinion sur ce sujet. A ce concile, on ferait venir les plus grands
d’entre eux, et un corps de juristes non musulmans leur poserait des
questions par exemple sur l’égalité de l’homme et de la femme, sur la
polygamie, sur l’esclavage, sur l’égalité de chaque citoyen devant la loi,
sur le respect de la laïcité et que sais je encore. S’il s’avérait que la
religion musulmane soit compatible avec nos institutions mais que certaines
sectes ne le soient pas, alors il faudrait interdire ces sectes de tout
prosélytisme dans notre pays, expulser le clergé afférent et rompre les
relations diplomatiques avec les Etats qui les soutiendraient. Et s’il
s’avérait que la religion musulmane soit incompatible avec nos valeurs
démocratiques, alors il faudrait que les pouvoirs publics prennent leurs
responsabilités, peut être après un referendum.
Sur le plan de la réalité politique. Il faut bien se rendre compte que nous
sommes en face de deux obligations morales qui peuvent se retrouver en
opposition l’une avec l’autre. D’un côté certes, nous devons recevoir et
aider les immigrants, mais de l’autre nous devons protéger nos systèmes
démocratiques et sociaux. Et si donc l’accueil de ces immigrés mettait en
danger nos systèmes de civilisation, nous aurions à faire un choix. Le temps
de l’angélisme serait fini.
Il me semble donc tout à fait évident que le temps des choix déchirants est
en train d’arriver, en particulier pour la gauche française. Il va falloir
choisir entre la nation et les beaux sentiments qui n’engagent que ceux qui
croient à la sincérité de ceux qui les profèrent à haute voix.
Se moquer du beauf pour se faire bien voir du beur va devenir beaucoup moins
populaire. En fait, les distinguer c’est déjà faire preuve de racisme, ce
que la gauche fait depuis longtemps, mais d’un racisme autorisé car
anti-français. Tout cela doit s’arrêter. Les deux sont français à condition
qu’ils le veuillent, et les deux doivent respecter la même loi.
Enfin, sur le plan de la réalité diplomatique. La diplomatie française a
toujours choisi les sunnites contre les chiites (voir mes articles
précédents sur le sujet). Le calcul était simple. Les terroristes
internationaux sont tous sunnites, supportés de fait par les monarchies du
Golfe. S’allier avec eux, pensaient nos diplomates, c’était prendre une
assurance contre le terrorisme. Faux calcul s’il en fut. « Pour déjeuner
avec le diable, il faut une très longue cuillère », dit le proverbe. Le cœur
financier du terrorisme se trouve en Arabie Saoudite et au Qatar. Il est
urgent de rompre toute relation diplomatique avec ces Etats criminels qui
ont corrompu financièrement de nombreux centres de pouvoir en France, dont
une grande partie des médias. Prétendre lutter contre le terrorisme et
vendre des armes aux assassins est une imbécillité logique.
Charles Gave
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