Au secours, les cons me cernent !
Pour des raisons qui m’échappent, mes articles sont repris depuis quelques
temps par un certain nombre de médias, ce dont je me réjouis puisque cela
leur donne plus d’audience.
Comme je le fais toujours, je lis les commentaires que ces articles
attirent. Ils sont souvent l’expression de ce que l’on pourrait appeler des
préjugés et sont exprimés sans aucune connaissance réelle de la situation.
Je me suis permis d’en relever un certain nombre qui tous sont empreints
d’idéologie partisane plus que de volonté de comprendre.
Petit florilège de saison :
- « Les malheurs actuels de la France viendraient d’un excès de
libéralisme ».
Voilà qui est plaisant. La France est le seul pays de l’OCDE où la
croissance de l’Etat a été chaque année supérieure à la croissance du
secteur privé depuis 1988. Prétendre que le pays où la croissance de l’Etat
a été la plus forte depuis 1973 et qui n’a pas présenté un seul budget en
équilibre depuis lors souffre d’un excès de « libéralisme » est
…intéressant. C’est dire que l’alcoolique souffre d’une insuffisante
absorption de pinard.
- « La crise bancaire montre bien que le libéralisme ne marche pas ».
La crise bancaire a commencé aux États-Unis parce qu’à la fin des années 90
l’administration Clinton a fait passer une législation forçant les banques
commerciales à prêter à ceux qui n’avaient pas les moyens de s’acheter une
maison. La crise a éclaté en 2007, mais ses fondations avaient posées par MM
Clinton et Rubin bien avant. Pour plus de détails lire mon livre « Libéral
mais non coupable », chez Bourin éditeur.
- « L’école de Chicago », autrement dit Milton Friedman, doit être
déconsidérée à jamais puisque certains de ses membres ont travaillé pour
Pinochet à la fin des années 70 ».
La réalité est toute simple. Le gouvernement dictatorial au Chili a demandé
à un certain nombre de spécialistes qui enseignaient à l’époque à Chicago de
leur bâtir un plan pour assurer une croissance satisfaisante à l’économie du
pays, détruite par Allende. Ceux-ci préconisèrent une série de mesures qui
furent suivies par le gouvernement, telles qu’indépendance de la banque
centrale, privatisations, création de fonds de pension privés libres,
flottaison de la monnaie, le b.a.ba en somme. Il fut suivi par de nombreux
pays comme les USA de Reagan, la Grande-Bretagne de Thatcher, la Suède en
1992, le Canada en 1994, la Chine avec Deng Xiao Ping, que sais je
encore…Partout et toujours la croissance revint, et avec elle plus de
démocratie. Depuis, le Chili a eu le taux de croissance le plus fort de
toute l’Amérique latine et le niveau de vie y est supérieur de cinq fois à
celui de Cuba, alors qu’ils étaient similaires à l’époque.
Curieux comme ces gens-là parlent toujours du Chili et jamais de Cuba.
D’autre part, c’est en général les mêmes personnes qui vouent un culte à
Louis Ferdinand Céline ou à Rousseau. Doit- on juger un homme pour ses
actions d’hommes ou pour ses écrits ? Toujours est- il que Milton Friedman
n’a jamais rien eu à voir avec Pinochet, et pour ceux que cela intéresse, je
précise qu’il n’a jamais non plus abandonné ses enfants.
- « Le libéralisme c’est la liberté du renard dans le poulailler ».
Le libéralisme est une doctrine juridique qui permet que fonctionne un état
de droit. A l’évidence, les ennemis du libéralisme sont de farouches
partisans du droit de l’Etat et certainement pas d’un état de droit. La
définition du fascisme, donnée par Mussolini, est « tout pour l’Etat, tout
par l’Etat, rien en dehors de l’Etat. » Le programme commun de la gauche de
sinistre mémoire était profondément fasciste. M. Montebourg est
intellectuellement un fasciste et avec lui toutes les équipes au pouvoir en
France en ce moment.
- « Le protectionnisme est la solution ».
Que l’on me donne un exemple, un seul, d’un pays qui ait été ruiné par le
libre échange. En revanche, pour ce qui est des pays ruinés par le
protectionnisme, on peut ouvrir les jeux d’été.
- « L’euro nous protège ». (De quoi ?)
Quels sont les pays qui vont bien en Europe en ce moment? La Suisse, la
Suède, la Norvège, le Danemark, la Grande-Bretagne. Ils ont une
caractéristique commune : ils
ne sont pas dans l’euro. Sûrement un hasard. L’euro protège les technocrates
et les fonctionnaires, au détriment des entrepreneurs et de l’emploi.
Voilà donc quels sont les commentaires les plus stupidement mal informés que
j’ai pu lire récemment, et j’en oublie certainement, mais ceux-là étaient
particulièrement idiots. J’ai pensé qu’il serait peut être utile aux
lecteurs que je les mentionne et que je les réfute avec tout le dédain et le
mépris qu’une telle réponse requiert, même si, comme
Chateaubriand, j’ai appris à « être économe de ce dernier en raison
du grand nombre de nécessiteux ».
De Gaulle, quand quelqu’un s’était écrié devant lui « Mort aux cons », avait
simplement répondu « Vaste programme ! »
Charles Gave
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