Avis de recherche : où sont donc passés 
		                        
		les Oints du Seigneur ? 
		
		Les « Oints du Seigneur » sont ces gens qui se sentent appelés par une 
		force supérieure à guider le Peuple, l’Europe, voire l’Humanité toute 
		entière vers des lendemains qui chantent. Hélas, leur parcours vers la 
		Gloire est en général accompagné de désastres inouïs. On ne fait pas 
		d’omelettes sans casser des œufs, me disent leurs supporters. Ce à quoi 
		je réponds que je vois beaucoup d’œufs cassés mais jamais une omelette.
		
		
		L’analyse du grand économiste américain Thomas Sowell (noir, ancien 
		marine et patriote en diable) démontre que ces bienfaiteurs de 
		l’humanité procèdent toujours de la même façon.
		
		Tout d’abord, ils « identifient » un problème (qui en général n’existe 
		que dans leur imagination).
		
		Ayant identifié le problème, ils proposent une solution.
		
		La solution implique toujours un accroissement du rôle de l’Etat et, 
		comme ils sont en général payés par ce même Etat, un accroissement de 
		leur pouvoir à eux… Voilà qui n’est guère surprenant.
 
Apres moult campagnes de presse, leur solution est adoptée. Ceux qui 
		s’opposent à cette solution sont traités de réactionnaires et de petits 
		esprits égoïstes (eux, ils sont généreux, avec l’argent des autres, bien 
		sûr…)
		
		La situation, à chaque fois, se dégrade très rapidement après 
		l’adoption de la « solution ».
		
		Qu’à cela ne tienne, nos Oints du Seigneur ont déjà dans leurs cartons 
		(j’ai presque envie de dire dans leur boîte à outils), une solution aux 
		problèmes que la précédente solution a créés.
		
		Et on repart pour un tour…
		
		L’exemple parfait de cette démarche peut se trouver dans l’euro.
		
		Avant l’euro, l’Europe allait très bien. Depuis, nous vivons en plein 
		cauchemar. Et l’on attend toujours l’acte de contrition des Oints du 
		Seigneur de l’époque et de leurs chefs bien aimés, les ineffables 
		messieurs Delors et Trichet qui, à eux deux, ont été capables de ruiner 
		leur pays en vingt ans. On ne peut qu’être admiratif. Ruiner un pays 
		aussi riche et talentueux que la France, en aussi peu de temps, requiert 
		une intelligence exceptionnelle.
		J’écrivais il ya douze ans que l’euro allait foutre en l’air l’Europe, 
		nous y sommes.
		
		Et la solution que propose M. Attali (Oint du Seigneur entre tous, et 
		depuis fort longtemps : il n’y a pas un désastre auquel il n’ait 
		participé activement depuis 1981) est de supprimer la démocratie, en 
		donnant le pouvoir à un Conseil de Sages (dont il ferait partie, bien 
		sûr), ce qui est en fait le but ultime de toute cette classe de sangsues 
		: supprimer la démocratie et créer des instances dirigeantes non 
		soumises à l’élection (pouah!) qui pourront rouler dans des voitures de 
		fonction avec chauffeur sans jamais craindre de devoir prendre le métro 
		à nouveau.
		
		Ils y sont arrivés à Bruxelles, pourquoi pas à Paris ?
		
		Mais je ne veux pas parler encore une fois de l’euro et de ses 
		thuriféraires, tant le désastre est maintenant patent. Il ne sert à rien 
		de tirer sur une ambulance. Je veux parler de ce qui se passait il y a à 
		peu prés un an, pendant la campagne présidentielle française.
		
		Dieu sait que je n’avais guère été impressionné par Nicolas Sarkozy et 
		que l’on ne peut me compter parmi ses chauds supporters. Mais enfin… Il 
		avait essayé de faire une ou deux réformes… et les temps avaient été 
		difficiles. Malgré cela, toute l’intelligentsia économique française 
		(oxymore s’il en fut) ou presque se fendit de pétitions, signées par les 
		économistes français mondialement connus (à Paris, par France Inter), 
		pour appeler à voter pour M. Hollande.
		
		Et tous de nous asséner leurs titres, professeurs dans telle école ou de 
		telle université prestigieuse, membres d’associations professionnelles 
		reconnues, participant à tous les comités Théodule que notre République, 
		bonne fille, organise pour arrondir les fins de mois de ceux qui peuvent 
		critiquer les Princes. Aucun des suspects habituels ne manquait à 
		l’appel.
		
		Et de nous expliquer qu’ils avaient soigneusement étudié le programme 
		(?) de Francois Hollande et qu’ils garantissaient à l’électeur que si ce 
		programme était mis en pratique, une fois leur candidat élu, alors tout 
		s’améliorerait en France très rapidement. (Ils nous avaient déjà assuré 
		que l’euro serait un immense succès, d’où mon inquiétude de l’époque). 
		Au vu de ces pétitions, accompagnées de passages constants à la 
		télévision ou à la radio des mêmes personnages, j’avais écrit ma 
		première chronique sur les Oints du Seigneur, que le lecteur doit 
		pouvoir retrouver dans les archives. Et elle n’était pas élogieuse.
		
		Un peu moins d’un an après, qu’en est- il ? Eh bien, comme je 
		l’attendais (et comme eux ne l’attendaient pas du tout), l’économie 
		française est en train de s’effondrer comme rarement dans son histoire.
		
		Que le lecteur en juge.
		
		L’INSEE effectue chaque mois une enquête auprès des chefs d’entreprise - 
		ces vampires - et cette enquête nous permet d’anticiper quelque peu 
		l’évolution à venir du PIB français.
		
		Il est tout à fait évident que le PIB français - hors dépenses 
		gouvernementales - va se contracter d’au moins 2 % d’année en année, et 
		sans doute plus (fin juin), et que la récession qui s’annonce va être au 
		moins aussi sévère que celle de 1993, pendant laquelle le Crédit (ou 
		plus exactement le Débit) lyonnais avait sauté, alors que M. Trichet 
		était à son conseil et n’avait rien vu venir, comme d’habitude. Que je 
		sache, il n’a pas rendu ses jetons de présence.
		
		Si les sondages de l’INSEE continuent à se détériorer (et cela est 
		quasiment certain), il est à craindre que la France soit entrée non pas 
		dans une récession, mais dans une dépression, un peu comme l’Italie, le 
		Portugal, la Grèce, Chypre, l’Irlande l’Espagne (merci M. Delors, merci 
		M. Trichet).
		
		Le coût du travail est inférieur en Allemagne à ce qu’il est en France, 
		et il en est de même pour le coût du capital. Quel est le chef 
		d’entreprise masochiste qui va bâtir une usine en France, assuré qu’il 
		sera de se faire mettre en pièces par son concurrent allemand ? Et si 
		par hasard il gagnait de l’argent en faisant des « profits », mot 
		horrible que M. Ayrault n’a pas cité une fois dans son discours de « 
		soutien » aux entreprises, ils lui seraient volés, de façon démocratique 
		bien sûr, au moyen d’un vote obtenu par les soins de la majorité de 
		fonctionnaires qui peuplent l’Assemblée nationale.
		
		Et bien entendu le chômage et les déficits budgétaires vont exploser à 
		la hausse. Il n’y a jamais eu de récession en France sans que le déficit 
		budgétaire ne se creuse d’au moins 2 points de PIB et que le chômage ne 
		monte massivement.
		
		Bref, M. Hollande n’a rien compris, ne connaît rien en économie, sa 
		boîte à outils est vide et l’a toujours été, et quasiment toutes les 
		mesures qu’il a prises sont incroyablement contreproductives.
		
		Et pourtant il fait ce qu’il a dit qu’il allait faire. Donc je ne lui en 
		veux pas. Il a simplement dépassé - et largement - son niveau 
		d’incompétence, ce qui est bien normal pour un homme normal appelé à des 
		fonctions anormales.
		
		Mais vous, messieurs les signataires de pétitions? Ou êtes-vous? On ne 
		vous voit plus! On ne vous entend plus! Qu’avez-vous à dire pour votre 
		défense ? Hélas, il n’y a que deux explications à vos erreurs.
		
		Si l’on est socialiste et honnête, on est incompétent.
		
		Si l’on est socialiste et compétent, on n’est pas honnête.
		
		Vous êtes socialistes et fiers de l’être, c’est ce que vous nous disiez 
		il y a un an.
		
		Et donc :
		
		- ou bien vous aviez compris que ces mesures allaient nous amener au 
		désastre dans lequel nous sommes et vous pensiez que M. Hollande ne les 
		mettrait pas en pratique, et donc vous n’êtes pas honnêtes, et votre 
		crime est pire que celui de M. Cahuzac puisqu’en tant qu’intellectuels 
		vous avez péché contre l’Esprit.
		
		- ou bien vous pensiez, en toute bonne foi, que ces mesures allaient 
		permettre à l’économie française de se reprendre, et je plains vos 
		étudiants (vous êtes tous professeurs) d’avoir comme maîtres des gens 
		certes honnêtes, mais totalement incompétents.
		
		Mais après tout, et comme je l’ai entendu souvent aux USA: si vous 
		étudiez une matière et que vous ne la maîtrisez pas bien, enseignez- la! 
		Vous êtes l’exemple vivant de ces vérités paradoxales. Je suis cependant 
		prêt à parier que dès que la gauche aura perdu le pouvoir, l’on 
		n’entendra plus que vous. Sauf, bien sûr, si l’on venait à fermer France 
		Inter, ce qui serait une mesure de salubrité publique.
		
		Charles Gave