Quand les indices boursiers tombent comme
des cailloux !
Nous sommes en train de connaître l’un des marchés baissiers les plus
sauvages que j’aie connus dans ma carrière. A son origine, comme je n’ai
jamais cessé de le dire et de l’écrire, l’orgueil insensé d’une classe
technocratique française qui a pensé qu’elle pouvait imposer sa volonté de
créer un Etat européen, dont les peuples ne voulaient pas, envers et contre
tout. Le résultat après 10 ans est visible : la Grèce est déjà en faillite,
l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, le Portugal sont au bord d’un gouffre dont
notre pays se rapproche à la vitesse grand V.
Et bien entendu, ce Frankenstein financier va nous amener dans une récession
en 2011-2012, (tous les indicateurs sont au rouge), la deuxième en moins de
trois ans, ce qui est à peu près sans exemple dans l’histoire de l’Europe
depuis la deuxième guerre mondiale. On ne peut imaginer désastre plus total,
et il faut remonter à la ligne Maginot pour retrouver une période ou nos
élites ont été aussi incroyablement incompétentes.
Bref, comme le lecteur s’en rend compte, j’enrage, mais tout cela, c’est
du passé et il ne sert à rien de pleurer une fois que le lait a été
renversé…
Que va-t-il arriver aux marchés dans les semaines et les mois qui
viennent ? Telle est la question essentielle.
C’est ici que je voudrais faire part de mon expérience acquise au cours
des 40 dernières années
Voici donc ce que j’ai à dire.
Dans un marché baissier, il faut bien distinguer deux choses :
1. L’étendue de la baisse
2. La durée de la baisse
Sur le premier point, je n’ai que peu de choses à dire si ce n’est que
dans mon expérience, les grandes baisses pouvaient atteindre entre le plus
haut et le plus bas au minimum 50 %, au maximum 90 % (Hong-Kong 1973-1974).
Nous sommes en train de passer, ou avons dépassé les 50%, donc nous arrivons
à des moments où il va falloir être vigilant pour acheter.
Sur la durée du bear market (marché baissier), on peut et on doit
dire beaucoup de choses.
D’abord, les marchés baissiers durent beaucoup moins longtemps que les
marchés haussiers. Comme le dit le proverbe boursier, les baisses prennent
l’ascenseur, les hausses les escaliers…
Ensuite, la baisse commence de façon imperceptible et ce lent déclin, un
peu similaire à un supplice chinois, occupe la plus grande partie du temps
pendant lequel les marchés baissent.
Au bout d’un certain temps, des ventes « forcées » commencent à
apparaître, qui peuvent être le fait soit d’investisseurs collectifs
(SICAV), soit d’investisseurs endettés (en levier), tels des hedge funds
, soit enfin d’investisseurs dits institutionnels qui sont en train de
toucher leurs ratios de fonds propres tels qu’ils peuvent être fixés par les
réglementations et qui donc se voient forcés de vendre leurs positions
actions . La baisse alors se met à se nourrir d’elle-même et les indices se
mettent à tomber littéralement comme des cailloux.
Ce phénomène de chute en accélération rapide se passe en général dans les
toutes dernières semaines de la baisse.
Malheureusement, c’est également dans ces dernières semaines que les
écarts de cours sont les plus importants…Un exemple : je me souviens de la
crise asiatique (qui présente bien des similitudes avec la crise actuelle en
Europe) où j’avais pris la décision d’acheter (en juin 2008, si mes
souvenirs sont exacts) des actions de sociétés locales. Ce que je fis. Trois
mois plus tard, leurs cours avaient été divisés par 2. Dire que j’étais fier
de moi serait exagéré…Un an après, leurs cours avait quadruplé, et donc
j’avais doublé mon argent.
Pourquoi suis- je en train de raconter ces souvenirs d’ancien combattant
? Tout simplement parce que nous sommes en plein dans une période similaire
en Europe.
Le moment se rapproche où il va falloir acheter au « son du canon ».
L’ennui est bien sûr que Singapour est gérée par des gens compétents, ce qui
n’est hélas pas le cas chez nous, comme chacun commence à s’en rendre
compte…Donc j’attends encore.
Je maintiens cependant ce que je dis depuis quelques semaines : nous
sommes en train d’arriver dans le vortex de la crise de l’euro. Toute cette
construction complètement artificielle va éclater dans les 6 mois qui
viennent.
La Bourse quant à elle aura fini de baisser bien avant. Donc, laissez
traîner des limites « stupides » (entre 15% et 30 % en dessous des cours
actuels) sur les belles valeurs que vous aimez bien et commencez à utiliser
votre cash.
Mon but est sans doute de ne plus en avoir vers le 15 octobre…
Le pire qui peut vous arriver c’est ce qui m’est arrivé avec mes exploits
à Singapour, mais surtout, surtout, ne prenez aucun levier.
L’aurais-je fait, j’aurais été liquidé au plus bas du marché deux mois
plus tard, ce qui m’aurait beaucoup, beaucoup agacé…
Charles Gave
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