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30/4/14 | Charles Gave |
Elections
européennes : je n’ai pas de candidat pour me représenter ! Nous allons avoir des élections au Parlement européen, et elles vont être très importantes. Pour une fois, les peuples européens vont avoir l’occasion de s’exprimer. Pour mes lecteurs, je vais donc essayer de résumer ce que seront les enjeux et, bien sûr, je vais reprendre un certain nombre d’idées qui me sont chères, ce qui donnera peut être l’impression que je deviens gâteux et que je me répète. Mais tant pis, il vaut mieux que ces choses soient dites trop souvent que pas assez. L’Europe, de 1790 à 1945, a été déchirée par un conflit permanent entre
deux Etats- nations, la France
et l’Allemagne. Après la seconde guerre mondiale, il fut décidé de trouver
une solution à ce conflit et deux routes s’offrirent aux Européens. Car c’est là qu’est la frontière. Dans le premier cas, on établit des règles du jeu communes et des procédures d’arbitrage et on laisse la concurrence entre Etats s’établir, dans l’autre, on supprime les Etats nationaux et on institue un monopole étatique au centre du système, gouverné par nos génies. D’un côté la Suisse, de l’autre l’U.R.S.S. Arrive la réunification allemande. Les technocrates français savent très bien que l’Etat allemand est mieux géré que l’Etat français et que le DM va devenir la monnaie européenne. Et donc ils mettent le marché en main à l’Allemagne : la réunification sera autorisée contre l’abandon de l’idée de l’Europe chrétienne par les Allemands, qui en étaient les principaux défenseurs, et l’euro sera la première étape vers un Etat européen. Avec l’euro, dira Mitterrand, j’ai cloué les mains de l’Allemagne sur la table. On sait ce qu’il en advint, et les ministres des finances français vont maintenant prendre leurs ordres à Berlin, la main tendue. Revenons aux élections, qui sont à chaque fois un choix personnel. Depuis toujours, j’ai été un partisan convaincu de l’Europe libertés et je me suis opposé autant que je l’ai pu aux partisans de l’Europe puissance. Je pense que la tentative de créer une Europe puissance est en train d’échouer lamentablement et que les peuples vont reprendre leur liberté, comme ils l’ont fait en URSS quand elle s’est écroulée. Mais par contre, je n’ai pas du tout envie de revenir aux Etats-nations du XIXe et du XXe siècle, tant je sais que leur réémergence serait un véritable désastre. Idolâtrer une création humaine comme l’Etat m’est interdit depuis longtemps, en fait depuis Moïse et le Sinaï : « Tu n’auras qu’un Dieu ». Les pays européens sont grands quand chacun d’entre eux est libre de son destin et collabore avec tous les autres, volontairement et selon des procédures acceptées par tout le monde. Car le « déficit démocratique » dans l’Europe puissance est tout simplement monstrueux. Comme l’a dit Jean Paul II, bon Polonais s’il en fut, la liberté individuelle, c’est de pouvoir et de vouloir faire ce que l’on doit faire, et elle ne peut s’exercer pleinement que dans son pays. Car ce qui est extraordinaire dans l’Europe, c’est son incroyable diversité. Chaque pays a son génie propre, et vouloir transformer des Grecs, des Italiens ou des Français en Allemands est monstrueux de bêtise. Mais il est encore bien pire de forcer des peuples anciens et fiers à obéir aux ordres données par des dirigeants d’une autre nation. Cela a été essayé souvent dans l’histoire (Napoléon, Hitler…) et cela s’est toujours terminé dramatiquement. Or aux prochaines élections, je n’aurai aucun parti qui représentera mes vues, celles de l’Europe chrétienne. Les technocrates français, menés par Chirac et Jospin, ont même refusé que mention soit faite de ces racines dans les documents officiels Quand on songe à Mitterrand qui faisait campagne avec une petite église en arrière plan de son affiche, on en reste confondu… Je crains donc que le ressentiment contre les partisans de l’Europe puissance ne soit absolument monstrueux, tant les peuples ont la sensation d’avoir été trahis et abandonnés depuis des lustres. Nous risquons de ce fait d’avoir une abstention monumentale, tant de nombreux électeurs ne vont pas se donner la peine de se déplacer. Ce qui va laisser un boulevard aux partisans du retour à l’Etat-nation enfermé sur ses frontières et dans ses peurs. Le contraire d’une erreur peut être une autre erreur. Quand les gens me demandent ce qu’il faut faire avec l’euro, je leur réponds qu’à l’évidence ça ne marche pas et que ce n’est pas moi qui ai inventé cette horreur. La solution est de discuter entre Européens pour savoir comment en sortir sans foutre en l’air l’Europe que j’aime. Aux élections, j’ai le choix entre des gens qui me disent que tout va très bien pour eux, merci, et des gens qui veulent tout casser. Je n’ai pas de candidats pour me représenter. Si les lecteurs voulaient bien m’éclairer, j’en serais très content…
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