La France, un grand pays détruit par 
	                        
	une classe de parasites ! 
	   
	Nous sommes des nains sur les épaules de géants (Bernard de 
	Chartres). 
	 
	Monsieur Attali, un nain sur les épaules de pygmées, explique à qui veut 
	l’entendre que l’économie mondiale est devenue incompréhensible et que donc 
	nous avons besoin d’un gouvernement mondial. Monsieur Attali est un 
	spécialiste de ce qu’il est convenu d’appeler en logique pure un non 
	sequitur, c’est-à-dire une absence de relations directes entre la 
	première et la seconde partie de la phrase. L’une de ses phrases sans 
	connexion aucune fut : « L’euro créera plus de croissance en Europe parce 
	que ce sera une monnaie unique », dont chacun peut constater le côté 
	prémonitoire aujourd’hui.
	A mon humble avis, monsieur Attali n’a jamais rien compris à l’économie 
	et donc la première partie de la phrase ne fournit aucune information 
	nouvelle sur le personnage, tandis que la liaison logique entre la première 
	et la deuxième moitié revient à dire : « Nous n’y comprenons rien, mais il 
	faut nous donner plus de pouvoir », ce qui revient à donner les clefs de sa 
	cave à un sommelier alcoolique, définition même du socialisme. 
	 
	Mais pourquoi tirer sur une telle ambulance, me dira le lecteur ? La raison 
	se trouve dans la première partie de la phrase, « l’économie est devenue 
	incompréhensible », ce qui est d’un manque de culture foudroyant. 
	 
	Depuis 250 ans au moins, la réflexion sur l’économie s’est détachée de la 
	logique, et de très grands esprits (mes géants) expliquent de façon fort 
	claire ce qui est en train de se passer dans nos économies aujourd’hui. 
	 
	Dans cet article, je vais vous parler de quatre d’entre eux, dont on 
	pourrait presque croire qu’ils écrivent pour notre époque tant leurs propos 
	sont actuels. 
	 
	Je vais résumer autant que faire se peut leur pensée et donc en affaiblir la 
	portée, mais j’espère ne pas les trahir. 
	 
	Commençons par le Suédois Wicksell, le plus méconnu, qui a vécu à la fin du 
	XIXème et dont la thèse centrale était simple. La croissance économique 
	s’explique par la différence entre deux taux, le taux de marché (celui 
	auquel les entreprises peuvent emprunter) et ce qu’il appelle le « taux 
	naturel », c’est-à-dire le taux de croissance « marginal » des profits de 
	ces sociétés. La question pour tout entrepreneur est : « Si j’emprunte un 
	euro de plus, est-ce que mes profits vont augmenter de plus d’un euro, d’un 
	euro exactement ou de moins d’un euro ? » Et ce que dit Wicksell, et qui est
	extraordinairement important, est simple. Si les autorités 
	maintiennent le taux de marché trop bas (comme à l’heure actuelle), alors 
	les entrepreneurs emprunteront massivement pour acheter des actifs existants 
	et non pas pour créer de nouveaux actifs. Les prix des actifs existants 
	monteront massivement, mais la quantité d’actifs ne montera pas 
	puisqu’il est moins dangereux d’acheter ce qui est certain (des actifs 
	existants) que de créer à partir de rien de nouveaux actifs (prise de 
	risque). Nous aurons donc à tous les coups une hausse des marchés financiers 
	et de l’immobilier, accompagnée par une hausse considérable de 
	l’endettement, mais à terme nous constaterons une baisse de la productivité 
	puisque personne n’investit plus en prenant des risques et que donc les 
	salaires stagnent ou baissent. 
	 
	Les riches (ceux qui ont des actifs) deviendront plus riches, les pauvres 
	(ceux qui n’ont à vendre que leur travail) deviendront plus pauvres, 
	l’atmosphère sociale deviendra irrespirable, et un jour le ralentissement de 
	l’économie sera tel que la dette ne pourra plus être servie et que nous 
	aurons un krach (voir l’analyse de Minski un peu plus bas). 
	Pour qu’il y ait croissance, il faut donc que les taux d’intérêts de marchés 
	soient sur les taux naturels et y restent. 
	 
	Mettre des taux d’intérêts trop bas ne favorise pas donc la 
	croissance mais l’empêche. 
	 
	Cette analyse décrit parfaitement les résultats de la politique de la 
	Fed depuis 1998. Nous avons déjà eu deux krachs, et j’attends sans trop 
	d’impatience le troisième, qui ne saurait tarder. 
	 
	Pour résumer en une phrase l’analyse de Wicksell, des taux trop bas sont à 
	peu prés aussi dangereux que des taux trop hauts, puisque les uns et les 
	autres entraînent une allocation du capital désastreuse. 
	 
	Passons à Schumpeter, le plus grand de tous. 
	 
	D’abord, c’est lui qui est à l’origine de la notion essentielle de 
	destruction créatrice. Sans destruction, pas de création et donc pas de 
	croissance. Des taux trop bas, nous dit Schumpeter, maintiennent en vie des 
	sociétés inefficaces et favorisent l’endettement de l’Etat, et donc la 
	destruction s’arrête et la création avec elle. Schumpeter a ici beaucoup 
	utilisé les notions mises à jour par Wicksell, en les développant. 
	 
	Ensuite c’est lui qui a fait l’analyse que le capitalisme permet un 
	développement foudroyant de la richesse, et que cette richesse allait 
	entraîner des investissements énormes dans l’Education. De nouvelles classes 
	de « faux lettrés » créés par ce développement ne trouveraient pas d’emplois 
	conformes à la valeur que ces faux lettrés se donnent, et ils se lanceraient 
	en politique pour « améliorer le système», c’est-à-dire pour empêcher la 
	partie qu’ils haïssent par dessus tout, la destruction. Comme disait Raymond 
	Boudon, « les intellectuels français n’aiment pas le libéralisme parce 
	que, dans un système libéral, ils seraient payés à leur vraie valeur ». 
	On imagine le drame : BHL, Minc, Attali payés à leur vraie valeur ! Bien 
	entendu, le parti socialiste français et monsieur Hollande en sont d’autres 
	parfaits exemples. Et, se demandait du coup Schumpeter : le capitalisme est 
	il compatible avec la démocratie (voir son grand livre « Capitalisme 
	Socialisme et Démocratie » ? Il en doutait, étant issu d’une société 
	(l’Autriche-Hongrie) qui s’était effondrée sous le poids de cette 
	contradiction. En ce qui me concerne, je n’ai guère de doutes pour les 
	sociétés anglo-saxonnes, mais je suis beaucoup moins certain d’une sortie 
	heureuse pour les autres. En fait, Schumpeter décrit parfaitement ce qui est 
	en train d’arriver en Espagne, en Italie et surtout en France, et qui avait 
	été déjà décrit par les Evangiles, dans la Parabole du Maître et de la 
	Vigne, il y a plus de 2000 ans. Une majorité qui s’agrège pour rendre le vol 
	légal en le transformant en impôts ne transforme pas le fait qu’un vol reste 
	un vol. 
	 
	Le troisième de mes « géants », mort en 1996, s’appelle Hyman Minsky, et 
	était américain. En fait, ce n’était pas un vrai «géant» (à mon avis), mais 
	il a parfaitement compris le rôle de la dette dans l’évolution de 
	l’économie, ce qui pourrait être assez utile dans la période à venir. Cette 
	évolution, d’après Minski, se déroule toujours en trois phases. 
	 
	D’abord les emprunteurs s’endettent pour développer des actifs productifs, 
	la rentabilité de ces investissements permettant et le service de la dette 
	et son remboursement in fine. Le système est stable. 
	 
	Puis vient la deuxième étape, où les gens s’endettent pour bâtir de nouveaux 
	actifs ou en acheter des anciens, en empruntant autant qu’ils le peuvent 
	tant que la rentabilité de l’actif permet le service de la dette, plus 
	personne ne se préoccupant du remboursement du capital in fine. Le système 
	devient instable et ne peut supporter la moindre hausse des taux d’intérêts. 
	 
	Vient enfin la période dite « de Ponzi », où tout le monde emprunte pour 
	payer les intérêts sur la dette existante, plus personne ne songeant même à 
	rembourser le capital.  
	 
	Et là, bien sûr, le système devient explosif. 
	 
	Tout le monde voit bien que le secteur privé est sans doute en période 2 un 
	peu partout dans le monde, tandis que les Etats français, italien ou 
	espagnol sont en plein « Ponzi ». Et, nous dit Minsky, lorsque le système 
	bascule ( the Minsky moment, en anglais ), la chute économique est 
	vertigineusement rapide. L’analyse est très semblable à celle d’Irving 
	Fisher dans « The debt deflation theory of great depressions », 
	publié en 1934, et la comparaison avec la période actuelle particulièrement 
	pertinente. 
	 
	Enfin le quatrième de mes héros est un vrai géant, sans doute beaucoup plus 
	un philosophe qu’un économiste, et je veux parler de Hayek, qui a mis au 
	jour le concept de la « présomption fatale » (fatal conceit, en 
	anglais). Comme toutes les grandes idées, celle-ci est fort simple. 
	L’évolution harmonieuse d’une société, que celle-ci évolue lentement ou 
	rapidement, suppose qu’elle le fasse à un rythme qui vient de ses 
	profondeurs. Malheureusement, de temps en temps, arrivent des législateurs 
	qui ont des idées bien arrêtées sur la façon dont la société devrait 
	être organisée, par rapport à la façon dont elle l’est vraiment. Et ces 
	grands esprits, tous nourris au lait de Jean-Jacques Rousseau, de Marx ou de 
	monsieur Bourdieu, de faire passer des lois pour non seulement imposer leur 
	nouvel ordre, mais pour détruire l’ordre existant, ce qui inéluctablement 
	produit désastre sur désastre. Et, nous précise Hayek, cette « présomption 
	fatale» couplée au constructivisme est particulièrement présente dans notre 
	beau pays de France, chez nos intellectuels. On se demande ce qui a pu 
	donner une telle idée à Hayek… 
	 
	Prenons ces quatre grands penseurs pour analyser la situation actuelle sur 
	le vieux continent. 
	 
	De Wicksell, je tire la conviction que des taux bas ne favorisent en rien la 
	croissance, bien au contraire, et que la fameuse «euthanasie du rentier», 
	chère à Keynes, n’est rien d’autre qu’une incommensurable foutaise qui ne 
	profite qu’à la dépense étatique. Je déduis aussi de cette analyse que la 
	hausse actuelle des marchés financiers en Europe et aux USA est totalement 
	spéculative et se terminera dans un désastre d’autant plus probable que la 
	hausse aura été plus durable. 
	 
	De Schumpeter, je tire la conclusion que des démagogues demi-éduqués ont 
	pris le pouvoir un peu partout et manœuvrent comme des fous pour se 
	propulser au sommet et y rester, leurs manigances amenant à une disparition 
	de la croissance et donc à une demande encore plus forte d’interventions de 
	la part du reste de la population… et ainsi de suite. La France est ainsi un 
	merveilleux exemple d’un grand pays détruit par une classe de parasites (au 
	sens schumpetérien du terme). 
	 
	De Minsky, je tire la compréhension des mécanismes de l’endettement qui, à 
	terme, peuvent littéralement tuer l’économie capitaliste. Si j’en crois 
	Minsky, nous sommes peut être à la veille du moment « explosif ». 
	 
	Enfin, de Hayek, je tire le mécanisme intellectuel qui permet aux médiocres 
	qui nous gouvernent de justifier les tentatives d’applications dans la 
	réalité de leurs théories imbéciles, du style « théorie du genre ». 
	 
	Conclusion. 
	 
	Faisons rapidement le tour de notre vieux continent à la lumière 
	intellectuelle fournie par mes quatre géants. 
	 
	L’Europe de l’euro accumule tous les handicaps, dans la mesure où l’euro 
	(présomption fatale, constructivisme), empêche tout positionnement 
	satisfaisant des taux de marchés par rapport au taux naturel (voir 
	Wicksell), puisque le taux de croissance naturel de l’Italie et de 
	l’Allemagne ne sont pas les mêmes. Les taux sont donc trop hauts pour 
	l’Italie, la France ou l’Espagne, ce qui amène a une dépression, et trop bas 
	pour l’Allemagne, ce qui entraîne une spéculation financière débridée en 
	Allemagne et dans tous les actifs cotés en Europe et n’ayant rien à voir 
	avec celle-ci. Pour combler ce trou de croissance, France Italie et Espagne 
	se sont lancés dans un Ponzi budgétaire débridé - ce qui est parfaitement 
	cohérent avec les thèses de Minsky - en s’appuyant sur une technocratie 
	d’Etat qui a pris le contrôle de la monnaie pour empêcher toute destruction 
	créatrice (voir Schumpeter). 
	 
	Dans le reste de l’Europe, les Britanniques viennent de voter pour virer 
	leurs demis éduqués, ce qui est merveilleux, et songent à s’affranchir de la 
	bande d’incapables non élus sévissant à Bruxelles. Ils ont cependant un 
	petit problème Minsky à régler, mais ils s’y attèlent, comme les Suédois ou 
	les Danois. 
	 
	Les Suisses quant à eux n’ont aucun problème. Rappelez-moi le nom d’un homme 
	politique suisse ? Euh…. Ceci explique peut être cela. 
	 
	Donc, en ces temps de Tour de France, je trouve d’abord le Suisse, 
	caracolant en tête, ensuite un premier peloton comprenant les Britanniques, 
	Suédois, Danois et Norvégiens, puis les Allemands à la tête d’un groupe de 
	chasse où l’on trouve les Autrichiens, Bataves , Finlandais et autres 
	Belges, et puis enfin ceux qui en sont à rouler ensemble pour ne pas être 
	éliminés, à savoir les Espagnols, les Italiens ou les Portugais soutenant du 
	mieux qu’ils peuvent celui qui est dans le plus mauvais état, le Français, 
	le Grec ayant été interdit de course pour dopage manifeste. Et pourtant le 
	coureur français est très bon, mais son manager lui a fourni un vélo qui 
	pèse quarante kilos de plus que les autres. Alors, il a du mal… Il faut dire 
	à sa décharge cependant que nous avons non seulement la droite la plus bête 
	du monde, mais aussi la gauche la plus stupide et l’administration la plus 
	incohérente, et qu’ils s’y sont mis à trois pour lui fournir son vélo, 
	estampillé « made in France ». 
	 
	C’est donc sans doute en France que la prochaine grande crise commencera, 
	dés que mon Poulidor aura été dans le décor. Ce qui ne saurait tarder et 
	sera une bonne nouvelle.  
	Charles Gave 
	 
	 
	 
	
	 
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