My
tailor is rich, mais voici pourquoi il lui arrive
d’être pauvre !
Comme mes lecteurs fidèles le savent, de temps en temps j’aime bien me
livrer à un petit exercice de survol historique d’un pays ou d’un concept en
utilisant la méthode de la banque dessinée. Comme le disait Napoléon, «un
bon croquis vaut mieux qu’un long discours ».
Le moment est venu, à mon avis, de faire ce petit travail sur la
Grande-Bretagne. S’il y a un pays en effet auquel les Français ne
comprennent rien, c’est bien celui-là. Qui plus est, notre plus vieil ennemi
est sans doute en train de sortir du trou où l’avaient collé les
travaillistes, alors que nos socialistes continuent allégrement et fort «
normalement » à creuser.
Commençons par une évidence. L’alternance politique veut dire quelque chose
en Grande-Bretagne. Que le lecteur considère le premier graphique.
De 1966 à 1979, les travaillistes (socialistes) dominent la politique
anglaise. Pour un socialiste, l’Etat est toujours la solution - sinon il ne
serait pas socialiste. Et donc de 1966 à 1976, le poids de l’Etat central
passe de 21% du PIB à 29 % en un peu plus de 12 ans. Certes, nous avons eu
un petit intermède conservateur avec M. Heath, mais qui n’eut jamais le
courage de s’opposer vraiment à la vulgate dominante. L’homme aurait pu être
chiraquien, mais je m’égare.
En 1977, nous avons la faillite de la Grande-Bretagne (le FMI à Londres), et
en 1979, Mme Thatcher est élue et s’attache à faire reculer l’Etat, tant
elle est persuadée que l’Etat est le problème. M. Major continue sur cette
lancée, tant et si bien qu’en vingt ans d’efforts acharnés, l’Etat recule de
29% du PIB à 21 % du PIB.
En 1997, les électeurs britanniques, qui pensent - à tort bien sûr - que les
socialistes ont compris quelque chose, ramènent les socialistes au pouvoir
et MM Blair et Brown défont en 10 ans ce que les conservateurs avaient mis
vingt ans à accomplir, en faisant repasser le poids de l’Etat dans
l’économie de 21% à 29, 5%. Comme d’habitude, l’expérience socialiste se
termine dans une crise financière majeure, le système financier britannique
« sautant » en 2008-2009, et en juillet 2010, les électeurs ramènent au
pouvoir les conservateurs qui s’attachent à nouveau à faire baisser le poids
de l’Etat dans l’économie….
Certes, va me dire le lecteur, mais réduire le poids de l’Etat dans
l’économie, n’est-ce pas condamner les plus pauvres à la misère ? N’est-ce
pas l’Etat qui produit de la relance avec des créations d’emplois?
C’est bien sûr ce que veulent nous faire croire les « oints du Seigneur » (cf
Thomas Sowell) qui aiment vivre noblement dans les palais nationaux, au
prétexte qu’ils auraient le monopole du cœur. Dans la réalité du terrain en
revanche, c’est exactement l’inverse qui se passe. Ce que ne nous disent
jamais nos oints du Seigneur, c’est que les dépenses étatiques
représentent toujours un coût pour le secteur privé et que quand les
coûts augmentent, la rentabilité des affaires diminue, et que quand la
rentabilité diminue, la croissance ralentit et le chômage augmente. En
pratique, l’embauche d’un fonctionnaire déclenche en général la mise au
chômage de deux travailleurs du secteur privé. Comme le disait Bastiat, il y
a ce qu’on voit, l’embauche d’un fonctionnaire, et ce que l’on ne voit pas,
la mise à pied de deux innocents. En fait on le voit très bien, mais la
comptabilité nationale cache cette vérité puisque son but c’est de favoriser
la croissance de l’Etat. Ce but-là, en revanche, est atteint de façon
remarquable.
Que le lecteur veuille bien considérer le graphique ci-dessous qui relie le
poids de l’Etat dans l’économie au taux de chômage de la population active,
en Grande Bretagne.
Le lecteur voit bien que toute hausse structurelle du poids de l’Etat
dans l’économie déclenche une hausse du taux de chômage environ deux ans
après, le contraire étant également vrai (j’ai ce graphique pour tous
les pays du monde développé : si vous voulez que le chômage augmente dans
deux ans, embauchez des fonctionnaires maintenant).
Pourquoi cela? Tout simplement parce que la croissance économique ne dépend
que d’une chose et d’une seule, que Schumpeter appelait la « création
destructrice ». Or, il n’y a jamais de destruction dans le système
étatique. Et donc plus le poids de l’Etat monte, et plus le pays se met à
ressembler à l’ex-URSS, et c’est bien sûr ce qui est en train d’arriver à la
France, et c’est contre cela que se bat le gouvernement de M. Cameron.
Charles Gave
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