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29/12/14 |
Charles Gave |
Notre société est malade du mensonge
de ses élites !
Jonathan Gruber est professeur d’économie au MIT, spécialisé dans tout ce
qui touche l’économie de la santé. Il a été l’un des grands architectes de
ce qu’il est convenu d’appeler l’« Obamacare », la réforme du système de
santé aux USA, qui reste très controversée encore à ce jour.
Récemment, lors d’une émission télévisée, il a tenu des propos quelque peu
stupéfiants, qui ont été enregistrés et qui passent en boucle sur le net.
En termes parfaitement clairs, il a dit que son rôle était d’aider à écrire
des textes tellement obscurs que personne n’y comprendrait quoi que ce soit,
et surtout pas les membres du Congrès, et que son but essentiel était de
dissimuler un fait tout simple : dans cette réforme, les gens jeunes et en
bonne santé allaient payer pour ceux qui n’étaient ni l’un ni l’autre et
donc que cette nouvelle donne allait amener à une hausse des impôts sur les
jeunes bien portants.
En aucun cas, a-t-il ajouté, les représentants élus de ces mêmes personnes
n’auraient accepté de voter cette loi s’ils avaient compris de quoi il
retournait, et pour terminer, il a ajouté que ce n’était pas très grave
puisqu’aussi bien les élus que les électeurs étaient des imbéciles et que
les Etats-Unis étaient un bien meilleur pays avec cette loi que sans elle.
On voit donc que M. Gruber est un parfait représentant de la classe des «
oints du seigneur » ou ODS, dont j’ai souvent parlé ici, qui sait mieux que
le peuple ou ses représentants ce qui est bon pour le peuple, et pour qui,
de façon générale, la fin justifie les moyens.
Rien de bien surprenant dans tout cela.
Il n’en reste pas moins que tout cela me trouble beaucoup.
Dans les Evangiles, le Christ a une phrase prodigieuse : « Que votre oui
soit un oui, que votre non soit un non, tout le reste vient du Malin ».
Ailleurs, il dit que « le Malin est le Prince du mensonge », ce qui revient
au même. Or pour moi, il est évident qu’une société ne peut pas prospérer et
se développer si les élites ont comme mode de fonctionnement de mentir au
peuple.
Et les élites actuelles ne font que ça… en particulier en Europe.
Quels sont les formes de mensonge que mes ODS utilisent sans cesse ?
Pour répondre a cette question, je vais essayer de passer en revue les
mensonges utilisés par ces escrocs.
Commençons par le mensonge par insinuation. Tout le monde sait que le
nazisme a été monstrueux. Dans un débat, quand ils sont confrontés à une
réalité gênante, les ODS soutiendront qu’Hitler ou Mussolini étaient «
favorables » à cette idée et donc que ceux qui viendraient à la soutenir
sont des chauds partisans de ces deux monstres. Ils procéderont donc
toujours à ce que j’appelle la « reductio ad Hitlerium ». Nous en avons un
exemple parfait dans la façon dont les ODS, de droite comme de gauche
traitent le dernier livre d’Eric Zemmour. La thèse de Zemmour est simple :
les classes au pouvoir en France depuis la mort de Pompidou ont eu un grand
projet, tuer le patriotisme français pour pouvoir créer un patriotisme
«européen». Ce projet, d’après Zemmour, est en train d’échouer
lamentablement et le peuple français s’en rend compte.
La thèse est fort bien défendue et Zemmour a fait un remarquable travail de
recherche dans les archives pour la soutenir. Les partisans de l’Europe, mes
ODS, se gardent bien de l’attaquer sur ce qui est, après tout, une idée qui
mérite discussion. Ils l’attaquent sur un tout petit passage de son livre,
où il mentionne en passant que le nombre de juifs français assassinés
pendant la guerre a été très inferieur à celui des autres pays européens
occupés par les Allemands, et il en donne crédit à Pétain, qui aurait
protégé les juifs français au détriment des juifs non français refugiés en
France, ce qui n’a pas grand-chose à voir avec la thèse centrale du livre.
Et nous n’entendons parler que des ces quelques paragraphes…
En ce qui me concerne, et je suis loin d’être un spécialiste de la question,
j’aurais tendance à penser qu’il était beaucoup plus facile au peuple de
France de dissimuler des juifs français que des juifs polonais. Un ami de
mes parents a ainsi dissimulé un de ses camarades de polytechnique en
l’installant avec toute sa famille éclusier sur le canal du Midi…
Continuons avec le mensonge par assimilation. L’antisémitisme est non
seulement une abomination, mais aussi une imbécilité. Le ministre de
l’intérieur vient de déclarer qu’il allait faire de la lutte contre
l’antisémitisme en France une grande cause, tant les actes antisémites
étaient en forte recrudescence. La France serait la proie d’une vague
antisémite. Tout le monde sait que cela est faux. Une partie de la
population française d’aujourd’hui est antisémite, et tout le monde sait de
qui je veux parler. Expliquer que la population française dans son ensemble
est en train de devenir antisémite est donc un mensonge et ce mensonge
empêche le vrai problème d’être diagnostiqué et donc traité.
Venons-en au mensonge statistique. D’après les chiffres officiels, la
croissance économique en France, telle qu’elle est mesurée par le PIB,
aurait été supérieure à celle de l’Allemagne depuis 1995, ce qui est une
absurdité, même si les chiffres le prouvent. Pourquoi ? Tout simplement
parce que le PIB est une ânerie comptable. Pour arriver au PIB, on
additionne la valeur ajoutée créée par le secteur privé aux frais de
fonctionnement de la sphère étatique. Comme personne ne sait calculer la
valeur ajoutée créée par des fonctionnaires, puisqu’il n y a pas de prix de
marché pour leurs services, on prend simplement leurs coûts que l’on
additionne à la valeur ajoutée créée par le secteur privé. En fait, il
faudrait les soustraire et si l’on fait cela, on se rend compte que la seule
explication à la prétendue croissance française a été une expansion continue
de la sphère publique, financée par la dette. Depuis 1995, et la politique
du franc fort, suivie par l’entrée dans l’euro, la France s’est
considérablement appauvrie, telle est la triste réalité.
Passons au mensonge par rétention d’information. Quand les partisans de
l’euro ont présenté leur projet, ils nous ont assuré que cela ne pouvait pas
ne pas marcher. Or, un homme comme Delors savait très bien - et il l’a dit,
en privé - que si la France ou l’Italie ne se réformaient pas profondément,
en particulier en faisant baisser la sphère publique, des tensions
insoutenables risquaient d’apparaître dans les pays affaiblis par l’absence
de réforme. Ils ont donc fait le pari invraisemblable que l’euro forcerait
les hommes politiques à la réforme.
Ce pari est perdu et l’appareil industriel français en voie de disparition.
Or ces hommes, Delors, Trichet, Lamy etc. n’avaient jamais été élus, nulle
part et à quoi que ce soit. Il s’agit donc bel et bien d’un coup d’Etat,
perpétré par des non élus, mes ODS, à leur profit, et la victime en a été la
démocratie. Ils voulaient un Etat européen dont ils auraient été les chefs,
et pour cela ils étaient prêts à prendre le risque d’un désastre. Nous
n’avons pas d’Etat européen, nous avons le désastre, comme cela était à
craindre. Et ils sont toujours là, mais ils ne sont pas les chefs, allant
prendre en fait leurs ordres à Berlin.
Et terminons avec le mensonge par changement de logique. Ces braves gens
nous expliquaient que l’euro allait amener à la baisse du chômage, à la
hausse du niveau de vie et à la paix en Europe. Au lieu de cela, nous avons
un effondrement économique et la guerre en Ukraine. Un esprit normal en
tirerait la conclusion que puisque cela ne marche pas, il faudrait en
sortir. Pas nos ODS, qui nous expliquent que les coûts pour sortir de l’euro
seraient tels que c’est une solution inenvisageable et que d’ailleurs Mme Le
Pen est pour, ce qui est un argument imparable à leurs yeux (voir la
reductio ad Hitlerium plus haut).
Conclusion
La crise actuelle n’est pas une crise économique, mais est une crise de la
démocratie.
Une démocratie ne peut être fondée que sur la confrontation des idées,
ancrée dans une information contradictoire et de qualité.
Or les ODS croient, comme M. Gruber, que le peuple et ses représentants sont
idiots et que l’on peut et que l’on doit leur mentir si c’est pour leur
bien.
La réalité est différente.
Comme le disait Lincoln, le plus grand des présidents américains, « on peut
tromper une personne tout le temps, on peut tromper tout le monde quelque
temps, on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps ».
Les projets des ODS ne sont plus ceux du peuple.
Comme je ne cesse de le dire depuis longtemps, nous entrons donc dans des
temps révolutionnaires.
Charles Gave
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