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	   Quand la France fait 
	la fortune des pays voisins ! 
	 1685 : Louis XIV décide de révoquer l’Edit de Nantes qui accordait la 
	liberté de culte aux protestants en France. 
	 
	Cette décision force de nombreux protestants à quitter le Royaume et à 
	s’installer en Hollande. Encouragé par cette brillante initiative, le roi 
	anglais Jacques II Stuart (catholique, qui vient d’avoir un fils avec sa 
	deuxième femme, très catholique) prend de plus en plus de mesures en faveur 
	de ceux-ci, au grand déplaisir de la population. Les whigs demandent 
	l’intervention de la fille de Jacques II et de son mari Guillaume III 
	d’Orange (tous deux protestants) qui envahissent l’Angleterre à la tête 
	d’une armée de 18000 hommes, dont 3000 officiers français constituaient le 
	fer de lance, tous protestants, anciens des troupes de Turenne et 
	remarquables soldats.  
	Cette coalition mit en place la base de ce qui devait devenir le régime 
	démocratique anglais qui allait assurer au système politique anglo-saxon la 
	domination mondiale qu’il exerce toujours aujourd’hui. Cette « Glorieuse 
	Révolution» fit décamper le roi catholique Stuart et installa à sa place son 
	gendre et sa fille. En fait, il s’agissait d’une invasion pure et simple de 
	la Grande- Bretagne par des troupes franco-protestantes et hollandaises, 
	faite avec l’assentiment de la population britannique, ce qui garantissait 
	que l’Angleterre allait devenir l’ennemi mortel de la France. 
	 
	Pire encore, bon nombre des protestants, qui n’étaient pas soldats mais 
	commerçants ou industriels, filèrent à Londres et furent en partie au moins 
	à l’origine de la révolution industrielle qui assura à l’Angleterre la 
	domination économique sur le monde (les Courtauld par exemple, à l’origine 
	du développement des filatures en Grande-Bretagne, étaient des protestants 
	français). 
	 
	Le résultat de cet appauvrissement ne se fit pas attendre, la France rentra 
	dans l’une des pires dépressions de son histoire et le pays ruiné cessa de 
	pouvoir entretenir ses armées. En 1704 à Blenheim, les troupes anglaises, 
	hollandaises et protestantes françaises écrasaient les troupes de Louis XIV, 
	mettant fin à la domination militaire française sur l’Europe. 
	 
	Un siècle plus tard, c’est au tour de la France de connaître une révolution 
	politique et là encore, le résultat essentiel fut de forcer à l’exil tous 
	ceux qui n’étaient pas d’accord avec le pouvoir en place. Furent exilés ou 
	s’exilèrent d’eux-mêmes les aristocrates, mais aussi un grand nombre de 
	religieux. Or les religieux étaient la colonne vertébrale du système 
	d’éducation supérieure, ce qui fait que la France dut fermer ses universités 
	pendant de nombreuses années, mais après tout comme l’avait dit 
	Fouquier-Tinville en condamnant à mort Lavoisier « la République n’a pas 
	besoin de savants ». Beaucoup de ces savants partirent et ne revinrent 
	jamais, tels Dupont de Nemours, qui créa aux Etats-Unis ce qui était et 
	reste encore deux siècles plus tard l’une des plus grandes sociétés 
	chimiques du monde. La France en fut appauvrie d’autant…  
	Encore un siècle, et cette fois-ci nous avons l’interdiction des 
	congrégations qui force à l’exil une grande partie du corps enseignant 
	français de l’époque, pour mettre en place un système sous le contrôle 
	complet de l’Etat laïc enfin ! 
	 
	Compte tenu des résultats remarquables atteints par ce système depuis un 
	siècle et surtout depuis 1945, on ne peut que penser que ce fut un terrible 
	appauvrissement intellectuel, résultat normal d’un monopole. Après tout, le 
	clergé laïc, comme le clergé catholique en 1685 et comme tout clergé dans 
	l’Histoire, n’aime pas la concurrence. 
	 
	La déroute militaire de 1940 donne le pouvoir à Pétain, qui parce qu’il 
	était au pouvoir et que donc il en avait le pouvoir, décide que les malheurs 
	de la France sont dus aux juifs, qu’il convient de dépouiller de leur 
	nationalité française et de spolier de leurs biens tout en les livrant aux 
	occupants. Le processus intellectuel est le même, fort bien décrit par René 
	Girard : une politique imbécile amène a des résultats désastreux, que l’on 
	impute à un bouc émissaire, ce qui permet à la classe dirigeante de 
	s’exonérer de toute responsabilité. Prêtres réfractaires en Vendée en 1793, 
	juifs en 1942, même combat… 
	 
	Remarquons au passage que chaque fois que l’on forçait au départ une partie 
	de la population française, des vautours locaux jamais très éloignés du 
	pouvoir politique s’emparaient de leurs biens et que l’appauvrissement des 
	uns faisait l’enrichissement des autres… ceci expliquant peut être cela. 
	 
	Arrivons à l’époque actuelle. 
	 
	Depuis 1981, la gauche qui a le monopole des medias et des programmes 
	éducatifs (et du cœur bien sûr) est lentement montée dans le système 
	politique, où elle est aujourd’hui en situation de monopole à tous les 
	niveaux, national, régional, local… 
	 
	Bien entendu, elle est en train d’échouer économiquement et cet échec n’en 
	est qu’à ses débuts. La chasse au bouc émissaire peut donc commencer et les 
	boucs émissaires sont tout trouvés : il s’agit bien sûr « des riches » et 
	des « banquiers », que l’on va forcer à l’exil ou que l’on va spolier au nom 
	de la « justice sociale ». 
	 
	Mais comme je ne cesse de le répéter, la nature de la création de richesse a 
	changé (Voir mon ouvrage « C’est une révolte, non Sire, c’est une 
	révolution », Francois Bourin éditeur, 2002). 
	 
	Autrefois, la richesse était constituée par des actifs réels, immeubles, 
	usines, terres agricoles…qui restaient en France même si l’on forçait leurs 
	propriétaires légitimes à l’exil et à la pauvreté. 
	 
	Aujourd’hui la richesse est immatérielle et quitte le territoire national 
	avec ceux qui s’en vont. Le durcissement de la politique fiscale actuelle va 
	convaincre ceux qui restaient envers et contre tout de s’en aller à leur 
	tour et l’appauvrissement général va être beaucoup, beaucoup plus rapide que 
	par le passé. Comme nous copions les politiques économiques suivies par 
	l’Argentine, le Venezuela ou Cuba, eh bien nous allons avoir les mêmes 
	résultats, appauvrissement généralisé et fuite de tous les cerveaux sur fond 
	de démagogie sociale. 
	 
	Inutile de dire que dans ces conditions, il est illusoire d’espérer que nous 
	puissions conserver un taux de change fixe avec qui que ce soit. J’engage le 
	lecteur à regarder l’évolution du cours des monnaies des trois pays que j’ai 
	mentionnés plus haut, ainsi que l’évolution de leurs niveaux de vie. 
	 
	Et l’immobilier à Caracas ou à Buenos Aires n’a pas été un très bon 
	placement, sans parler de La Havane, si chère à la gauche française et 
	modèle culturel et social à suivre. 
	 
	La raison pour laquelle notre pays s’obstine à suivre des politiques 
	suicidaires siècle après siècle reste pour moi un mystère. Mais après tout 
	ce phénomène a déjà intrigué de plus grands esprits que le mien. 
	Tocqueville, par exemple, constatait que « les Français préfèrent 
	l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité »  
	Plus ça change… 
	 
	Charles Gave  |