www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

12/7/12 Charles Gave
   Quand la France fait la fortune des pays voisins !

1685 : Louis XIV décide de révoquer l’Edit de Nantes qui accordait la liberté de culte aux protestants en France.

Cette décision force de nombreux protestants à quitter le Royaume et à s’installer en Hollande. Encouragé par cette brillante initiative, le roi anglais Jacques II Stuart (catholique, qui vient d’avoir un fils avec sa deuxième femme, très catholique) prend de plus en plus de mesures en faveur de ceux-ci, au grand déplaisir de la population. Les whigs demandent l’intervention de la fille de Jacques II et de son mari Guillaume III d’Orange (tous deux protestants) qui envahissent l’Angleterre à la tête d’une armée de 18000 hommes, dont 3000 officiers français constituaient le fer de lance, tous protestants, anciens des troupes de Turenne et remarquables soldats.

Cette coalition mit en place la base de ce qui devait devenir le régime démocratique anglais qui allait assurer au système politique anglo-saxon la domination mondiale qu’il exerce toujours aujourd’hui. Cette « Glorieuse Révolution» fit décamper le roi catholique Stuart et installa à sa place son gendre et sa fille. En fait, il s’agissait d’une invasion pure et simple de la Grande- Bretagne par des troupes franco-protestantes et hollandaises, faite avec l’assentiment de la population britannique, ce qui garantissait que l’Angleterre allait devenir l’ennemi mortel de la France.

Pire encore, bon nombre des protestants, qui n’étaient pas soldats mais commerçants ou industriels, filèrent à Londres et furent en partie au moins à l’origine de la révolution industrielle qui assura à l’Angleterre la domination économique sur le monde (les Courtauld par exemple, à l’origine du développement des filatures en Grande-Bretagne, étaient des protestants français).

Le résultat de cet appauvrissement ne se fit pas attendre, la France rentra dans l’une des pires dépressions de son histoire et le pays ruiné cessa de pouvoir entretenir ses armées. En 1704 à Blenheim, les troupes anglaises, hollandaises et protestantes françaises écrasaient les troupes de Louis XIV, mettant fin à la domination militaire française sur l’Europe.

Un siècle plus tard, c’est au tour de la France de connaître une révolution politique et là encore, le résultat essentiel fut de forcer à l’exil tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec le pouvoir en place. Furent exilés ou s’exilèrent d’eux-mêmes les aristocrates, mais aussi un grand nombre de religieux. Or les religieux étaient la colonne vertébrale du système d’éducation supérieure, ce qui fait que la France dut fermer ses universités pendant de nombreuses années, mais après tout comme l’avait dit Fouquier-Tinville en condamnant à mort Lavoisier « la République n’a pas besoin de savants ». Beaucoup de ces savants partirent et ne revinrent jamais, tels Dupont de Nemours, qui créa aux Etats-Unis ce qui était et reste encore deux siècles plus tard l’une des plus grandes sociétés chimiques du monde. La France en fut appauvrie d’autant…

Encore un siècle, et cette fois-ci nous avons l’interdiction des congrégations qui force à l’exil une grande partie du corps enseignant français de l’époque, pour mettre en place un système sous le contrôle complet de l’Etat laïc enfin !

Compte tenu des résultats remarquables atteints par ce système depuis un siècle et surtout depuis 1945, on ne peut que penser que ce fut un terrible appauvrissement intellectuel, résultat normal d’un monopole. Après tout, le clergé laïc, comme le clergé catholique en 1685 et comme tout clergé dans l’Histoire, n’aime pas la concurrence.

La déroute militaire de 1940 donne le pouvoir à Pétain, qui parce qu’il était au pouvoir et que donc il en avait le pouvoir, décide que les malheurs de la France sont dus aux juifs, qu’il convient de dépouiller de leur nationalité française et de spolier de leurs biens tout en les livrant aux occupants. Le processus intellectuel est le même, fort bien décrit par René Girard : une politique imbécile amène a des résultats désastreux, que l’on impute à un bouc émissaire, ce qui permet à la classe dirigeante de s’exonérer de toute responsabilité. Prêtres réfractaires en Vendée en 1793, juifs en 1942, même combat…

Remarquons au passage que chaque fois que l’on forçait au départ une partie de la population française, des vautours locaux jamais très éloignés du pouvoir politique s’emparaient de leurs biens et que l’appauvrissement des uns faisait l’enrichissement des autres… ceci expliquant peut être cela.

Arrivons à l’époque actuelle.

Depuis 1981, la gauche qui a le monopole des medias et des programmes éducatifs (et du cœur bien sûr) est lentement montée dans le système politique, où elle est aujourd’hui en situation de monopole à tous les niveaux, national, régional, local…

Bien entendu, elle est en train d’échouer économiquement et cet échec n’en est qu’à ses débuts. La chasse au bouc émissaire peut donc commencer et les boucs émissaires sont tout trouvés : il s’agit bien sûr « des riches » et des « banquiers », que l’on va forcer à l’exil ou que l’on va spolier au nom de la « justice sociale ».

Mais comme je ne cesse de le répéter, la nature de la création de richesse a changé (Voir mon ouvrage « C’est une révolte, non Sire, c’est une révolution », Francois Bourin éditeur, 2002).

Autrefois, la richesse était constituée par des actifs réels, immeubles, usines, terres agricoles…qui restaient en France même si l’on forçait leurs propriétaires légitimes à l’exil et à la pauvreté.

Aujourd’hui la richesse est immatérielle et quitte le territoire national avec ceux qui s’en vont. Le durcissement de la politique fiscale actuelle va convaincre ceux qui restaient envers et contre tout de s’en aller à leur tour et l’appauvrissement général va être beaucoup, beaucoup plus rapide que par le passé. Comme nous copions les politiques économiques suivies par l’Argentine, le Venezuela ou Cuba, eh bien nous allons avoir les mêmes résultats, appauvrissement généralisé et fuite de tous les cerveaux sur fond de démagogie sociale.

Inutile de dire que dans ces conditions, il est illusoire d’espérer que nous puissions conserver un taux de change fixe avec qui que ce soit. J’engage le lecteur à regarder l’évolution du cours des monnaies des trois pays que j’ai mentionnés plus haut, ainsi que l’évolution de leurs niveaux de vie.

Et l’immobilier à Caracas ou à Buenos Aires n’a pas été un très bon placement, sans parler de La Havane, si chère à la gauche française et modèle culturel et social à suivre.

La raison pour laquelle notre pays s’obstine à suivre des politiques suicidaires siècle après siècle reste pour moi un mystère. Mais après tout ce phénomène a déjà intrigué de plus grands esprits que le mien. Tocqueville, par exemple, constatait que « les Français préfèrent l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité »

Plus ça change…

Charles Gave

Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme