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	La France a décidé de se suicider ! 
	 
	En tant qu’économiste et homme d’affaires depuis quarante ans, je sais 
	maintenant avec certitude que l’économie française va s’effondrer dans les 
	trimestres qui viennent puisque M. Montebourg va faire passer une loi pour 
	la croissance, comme il avait promis de sauver la sidérurgie française. 
	 
	Ce projet vient de loin : en 1981, la droite ayant été battue, un député de 
	droite survivant avait lancé à la tribune : « Vous allez vous fracasser 
	sur la loi de l’offre et de la demande ». La réponse avait aussitôt fusé 
	des bancs socialistes : « Nous allons abolir cette loi ». C’est sans 
	aucun doute ce à quoi va s’attacher M. Montebourg, et il va réussir aussi 
	bien que Lénine, Staline, Mao, Castro, Chavez ou que M. Mitterrand de 1981 à 
	1983. 
	 
	En fait, l’économie ne croît que si le système légal permet le déroulement 
	du processus de destruction créatrice cher à Schumpeter. Or, en France, la 
	quasi-totalité des lois portant sur des domaines économiques visent à 
	empêcher la destruction, ce qui revient immédiatement à empêcher toute 
	création, c’est-à-dire toute croissance. 
	 
	Réfléchissons deux minutes : dans quels secteurs pourrions-nous avoir une 
	croissance aujourd’hui en France ? A mon avis, dans tous les secteurs qui 
	sont liés à l’éducation, aux transports en commun, aux médias, à la culture, 
	à la santé. La Suède fit faillite en 1992 et, pour s’en sortir, dérèglementa 
	et privatisa tous ces secteurs, et aujourd’hui elle se porte comme un 
	charme. 
	 
	En France, tous ces secteurs sont sous le contrôle de l’Etat, c’est-à-dire 
	sous le contrôle de la CGT, ou des syndicats professionnels, ou des 
	enseignants. 
	 
	La loi de M. Montebourg devrait donc abolir le système des syndicats 
	représentatifs datant de l’après-guerre, faire la lumière sur le financement 
	de ces syndicats et leurs rapports avec les partis, interdire toute relation 
	entre les bétonneurs et les hommes politiques, ainsi que tout ce capitalisme 
	de connivence qui ruine la France, casser les grandes banques françaises en 
	de multiples entités régionales, privatiser la Sécu et que sais-je encore… 
	et là je serais certain que la croissance repartirait comme une fusée. 
	 
	Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai des doutes…. 
	 
	D’où vient cette obsession française à considérer que la loi a le pouvoir de 
	remodeler le réel ? 
	 
	Faire une loi sur la croissance, c’est croire que le futur est connaissable, 
	ce qu’il n’est pas, comme l’a fort bien montré Karl Popper en théorie, et 
	l’URSS en pratique. Un point important doit être mentionné ici : pour la 
	première fois dans l’histoire de notre pays, il n’y a pas un seul membre 
	du gouvernement qui ait la moindre expérience du secteur privé. Tous les 
	membres de ce gouvernement ont toujours été payés par nos impôts, et jamais 
	par un client. 
	 
	Ils sont tous députés, maires ou conseillers généraux, et pour se faire 
	élire par leurs troupes, il suffit d’augmenter les impôts sur ceux qui ne 
	votent pas pour eux, ou d’emprunter. 
	 
	Et donc le poids de l’Etat dans l’économie augmente sans cesse. Et s’il y a 
	une loi qui ne connaît pas d’exception, c’est que plus le poids de l’Etat 
	augmente, plus la croissance économique diminue. Donc, pour que la 
	croissance revienne, il faut que le poids de l’Etat baisse, ce qui est 
	impossible dans notre système politique. 
	 
	Dans les trois démocraties les plus anciennes, Suisse, Grande-Bretagne, USA, 
	un fonctionnaire peut se présenter aux élections mais il doit alors donner 
	sa démission de la fonction publique pour toujours, et donc ne jamais y 
	retourner. 
	 
	Rien de tel en France où un fonctionnaire battu retourne dans son corps 
	d’origine en attendant la prochaine élection, sa carrière ayant évolué comme 
	s’il était resté fonctionnaire. Du coup, nos élus sont majoritairement 
	fonctionnaires. Si la Chambre était majoritairement composée de garçons 
	coiffeurs, elle prendrait des mesures favorables aux garçons coiffeurs. 
	 
	Et donc les fonctionnaires à la Chambre prennent des mesures favorables aux 
	fonctionnaires. Et donc le poids de l’Etat augmente et avec lui le nombre 
	des chômeurs. Chaque fois qu’un fonctionnaire de plus est engagé, trois 
	travailleurs du secteur privé perdent leur emploi. 
	 
	A quelle situation absurde cette obsession conduit-elle actuellement ? 
	 
	Très simple : le pays qui devrait être le plus riche du monde, compte tenu 
	de ses avantages naturels et de la qualité de sa force de travail, est en 
	train de s’appauvrir à vue d’œil. 
	 
	Comme je l’ai écrit dans un livre paru en 2002, « Des lions menés par des 
	ânes », les entrepreneurs français sont comme le Tiers Etat en 1789, ils 
	portent sur leur dos la noblesse (le système politique) et le clergé (le 
	système syndical), et la France en crève. La France est sur le chemin qu’a 
	suivi l’Argentine depuis un siècle. 
	 
	Rien ne peut empêcher un pays de se suicider. Nous sommes sur la bonne voie 
	 
	Quelles sont les meilleures façons de provoquer la croissance ? A quoi 
	doit-on borner le rôle de l’Etat dans ce processus ? En quoi peut-il être 
	malgré tout utile ? 
	 
	M. Hollande a été élu à peu près en même temps que M. Cameron. Peut-être 
	faudrait-il faire ce qu’a fait le Premier ministre britannique ! 
	 
	Virer 600 000 fonctionnaires, et donc permettre au secteur privé de créer 
	deux millions d’emplois, dérèglementer l’école sur le modèle suédois, 
	baisser le taux d’imposition marginal, baisser les impôts sur le capital, 
	bloquer toute croissance des dépenses de l’Etat avant que de les faire 
	baisser, et dire aux Français qu’ils vont en baver mais que le désastre 
	socialiste doit être réparé. 
	 
	Et peut-être aussi dire aux Français qu’il n’y a pas un seul exemple dans 
	l’histoire d’une économie gérée par un Etat qui ne se soit conclu par la 
	faillite et la tyrannie ! Que le socialisme est destructeur et mortifère. 
	Que rien ne peut être bâti sur l’envie, le pire des péchés capitaux comme 
	nous le disent les dix commandements. 
	 
	Et peut-être aussi dire à M. Hollande et aux politiciens de demander pardon 
	et de prendre leur retraite en laissant la place à d’autres ! 
	 
	Charles Gave 
	 
	
	 
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