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6/2/13 | Charles Gave |
Ces technocrates
qui ont assassiné la croissance en Europe ! De 1975 à 2000, la croissance en Europe, telle qu’on peut la mesurer en utilisant les indices de la production industrielle, était de 2,5% par an en moyenne. Qui plus est, la dispersion autour de cette moyenne était très faible, chacun croissant allégrement de 2,5 % par an, avec cependant des petits à-coups de temps en temps, corrigés très vite, ce qui permettait à chaque pays de revenir dans le peloton sans trop de problèmes. A partir de 2000, une vraie catastrophe semble avoir frappé les économies du vieux continent. La croissance s’arrête net. La moyenne passe d’une pente fort régulière de 2,5 % par an à une pente de 0 % par an. Les 12 dernières années sont de loin les pires en Europe depuis les années trente, en tout cas pour les pays de l’Europe du Sud De plus, la dispersion autour de cette moyenne « explose » pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale et l’Europe se scinde en deux. D’un côté, l’Allemagne (accompagnée de certains pays du Nord) qui continue sa croissance, et de l’autre la France, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie qui perdent entre 10 % et 20 % de leur capacité industrielle (en 12 ans !), ce qui ne s’était jamais produit. Mais quelle est donc cette catastrophe, ce tsunami qui a réussi à tuer en si peu de temps toutes ces économies dans cette Europe dont la croissance équilibrée faisait l’admiration du monde entier ? La réponse est simple. Une intervention technocratique sur l’un des prix les plus importants dans tout ce qui touche à l’allocation du capital, le taux de change. Revenons en arrière : En 1990, l’Allemagne se réunifie, ce qui crée une immense panique en France. Munie d’une banque centrale crédible, la Bundesbank, possédant la plus grande et la plus efficace économie en Europe, l’Allemagne va dominer ses voisins et le DM devenir la monnaie de réserve et d’épargne de chaque Européen, ce qui interdira aux technocrates/élus français de continuer à vivre au-dessus de leurs moyens et d’enregistrer déficits budgétaires sur déficits budgétaires. Branle bas de combat entre Delors, Trichet and Co, et l’euro est mis en chantier avec comme but ultime de tuer la Bundesbank et de pouvoir continuer à avoir des déficits. Le prix à payer toutefois était d’avoir un taux de change fixe avec la monnaie allemande. Or c’étaient les variations des taux de change entre le DM et les autres monnaies européennes qui permettaient aux différents systèmes de s’adapter au travers du temps. Prenons l’exemple de l’Italie qui doit « porter » une Italie du Sud quelque peu corrompue, inefficace et criminelle. L’Italie du Nord, extraordinairement efficace, avait comme habitude de
gagner des DM et de transférer des lires vers l’Italie du Sud. Quand le
poids de l’Italie du Sud devenait si important qu’il mettait en danger la
compétitivité de l’Italie du Nord, une dévaluation de la lire suffisait à
remettre les pendules à l’heure et l’Italie recommençait à croitre de 2 % à
3 % par an, sans problème. |