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25/1/10 Christian Gerondeau

Eoliennes, la grande arnaque !

Selon la légende, l'Ouest américain était autrefois parcouru de chasseurs de primes. C'est désormais la France qui est sillonnée de chasseurs d'un tout autre genre. Ceux ci ne font pas métier de la poursuite de bandits, mais de signatures. Le jeu consiste à obtenir de la part des 36 000 maires que compte notre pays l'autorisation de construire des éoliennes sur leur territoire. La recherche est sans aucun risque, le profit est garanti par l'État et payé par EDF, et la récompense d'une ampleur à laquelle n'auraient jamais osé rêver les desperados du Far West.

Une transaction a défrayé la chronique financière à la fin de 2007. Le groupe Suez a racheté 50,1 % de la Compagnie du Vent pour un montant de 321 millions d'euros, valorisant cette entreprise à quelque 640 millions d'euros. Ce serait là une transaction banale, si la Compagnie du Vent, spécialisée dans la promotion d'éoliennes, n'avait été alors une PME de 60 salariés dont le chiffre d'affaires n'excédait pas 11 millions !

Bien entendu, ce n'est pas l'activité de l'entreprise à l'époque qui a pu justifier un seul instant le montant mirobolant payé par Suez. Ce que celui ci a valorisé à un tel niveau, c'est le portefeuille des accords obtenus auprès de maires ruraux par le promoteur et fondateur de la Compagnie du Vent, un certain Jean-Michel Germa.

Le nombre de signatures recueillies par l'intéressé est confidentiel, mais la presse s'accorde généralement à estimer que les accords obtenus portent sur un total de 2 000 mégawatts, ce qui valorise chaque mégawatt à plus de 300 000 euros. Une « ferme » éolienne (belle appellation qui témoigne de l’art écologiste de la communication) comprend d'habitude de 6 à 10 éoliennes, et sa puissance totale varie de 12 à 30 mégawatts. Le calcul est donc vite fait. La valeur de chaque signature obtenue auprès d'un maire varie de plus de 3 millions d'euros pour les projets« modestes » à près de 10 millions pour les plus grands, le tout en toute légalité et sans le moindre risque.

On comprend que les « chasseurs de signatures » se comptent désormais à foison, et que t'on commence à parler des fortunes ainsi bâties en quelques années, pour ne pas dire en quelques mois. Le magazine Challenges cite ainsi M. Paris Mouratoglou, désormais 56e fortune nationale, dont le portefeuille atteint 683 millions d'euros, M. François Pélissier, qui s'est lancé dans le «business » éolien il y a quatre ans seulement et dont la fortune atteindrait à ce jour 125 millions, etc. Tous jusqu'alors d'illustres inconnus, dont les gains outrepassent aujourd'hui, dans des proportions qui défient l'imagination, les salaires et les stock options des dirigeants de nos grandes entreprises. Rien à voir avec les parachutes dorés de quelques pauvres millions de dollars qui focalisent aujourd'hui les réprobations et défraient la chronique. Par dizaines voire par centaines, pharmaciens, dentistes, ingénieurs, artisans, agriculteurs, etc., ont tout abandonné pour participer à cette ruée vers l'or « des temps modernes », et on les comprend. Comme le déclare l'un de ces heureux promoteurs : « Il s'agit d'un « business model » parfait: un contrat de quinze ans avec un client unique qui paye à 30 jours : EDF. »

Ce que l'on comprend moins en revanche, c'est comment un pays tel que le nôtre, réputé civilisé et développé, a pu mettre en place les conditions d'une aussi grande arnaque sur le dos du consommateur d'électricité qui devra en définitive payer l'addition.

Pour comprendre comment nous avons pu arriver à une telle aberration, un retour en arrière est nécessaire. Tout a commencé il y a trois décennies en Allemagne, lorsque le mouvement vert a pris son essor. Anciens rouges, les « Grünen » ont une obsession : la phobie du nucléaire. Étant parvenus au pouvoir, ils ont imposé à leur pays le renoncement aux centrales atomiques. Non seulement il n'est plus question d'en construire outre Rhin, mais celles qui existent doivent être progressivement démantelées de telle sorte que nos voisins ont désormais une politique énergétique à deux faces.

Parce qu'ils ont besoin d'électricité, ils construisent, en toute discrétion, des centrales à gaz et à charbon, émettrices massives de gaz à effet de serre. Mais pour le masquer, ils ont couvert leur territoire d'éoliennes qui sont essentiellement des leurres. En Allemagne comme ailleurs, les éoliennes sont des sources intermittentes qui ne fonctionnent que lorsqu'il y a du vent, c'est à dire au plus un quart du temps. Il faut donc, l'essentiel du temps, avoir recours à des centrales thermiques polluantes. Comme l'a déclaré à propos du Danemark Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva : « L'hydraulique et le nucléaire sont des énergies qui fonctionnent en base, c'est à dire par tous les temps. L'éolien et le solaire sont des énergies d'appoint Elles ne produisent que quand il y a du vent et du soleil. Elles nécessitent donc la mise en place de « back up ». Le pays qui a le plus développé l'éolien est le Danemark avec 13 % d'éolien dans son bilan énergétique. Il y a ainsi 13 % de centrales au fuel qui démarrent quand le vent ne souffle pas. Ce n'est pas une façon efficace d'éviter la pollution de l'atmosphère. » (Revue Défense, septembre octobre 2005, n° 117.)

Il ne faut donc pas s'étonner que les Allemands, avec 10 tonnes de gaz carbonique émises par habitant et par an contre 6 tonnes pour nous, soient les plus grands pollueurs d'Europe pour avoir appliqué la politique de leurs écologistes. Les éoliennes apparaissent alors clairement pour ce qu'elles sont : à la fois la conséquence et l'alibi du refus du nucléaire. La vérité, c'est que nucléaire et éoliennes sont antinomiques.

Christian Gerondeau

(Extrait de « CO2, un mythe planétaire », Editions du Toucan.

 

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