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2/12/07 Claude Reichman

Il faut à la France un gouvernement de salut public !

La date du 29 novembre 2007 restera celle où s’est brisé le rêve de Nicolas Sarkozy de relance par la consommation. Il n’aura donc rêvé qu’un mois de plus que Jacques Chirac qui, après avoir gagné sa campagne présidentielle sur le thème de la «fracture sociale », qu’il promettait de réduire, voire de supprimer, s’était résolu, le 26 octobre 1995, à adopter une politique d’austérité budgétaire. S’adressant aux Français sur deux chaînes de télévision, M. Sarkozy a fait cet aveu : « Il n’y a pas d’argent dans les caisses ». Douché par les piètres résultats des mesures fiscales de cet été, le président de la République a compris qu’il n’y aurait plus désormais, pour ses compatriotes, que « du sang et des larmes » et, pour ne pas leur annoncer tout de suite la terrible cure d’austérité qu’il va être contraint de leur infliger, il a adopté la conduite du type fauché qui fouille désespérément ses poches à la recherche d’un billet de banque miraculeusement oublié. A cette différence près que ce sont les poches des entreprises et des salariés qu’il a nerveusement inventoriées.

Les faits sont terriblement simples. La France dépense trop. M. Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, entendu par la commission Attali pour la libération de la croissance française, a indiqué que les dépenses publiques françaises sont supérieures de neuf points de PIB à celles de l’Allemagne. Ce qui signifie que, pour revenir au niveau de cette dernière, qui, rappelons-le est notre principal client et fournisseur et dont nous ne pouvons donc pas diverger trop sensiblement, nous devons réduire nos dépenses de 167 milliards d’euros (1093 milliards de francs) ! Autrement dit nous sommes face à l’impérieuse nécessité de diminuer rapidement notre train de vie public de 20 %. En 2002, il aurait suffi d’une réduction de 10 % pour nous remettre à flot. On mesure le formidable gouffre qui s’est creusé sous nos pas en cinq ans.

Et ce n’est qu’un début. Car le rythme de la crise française s’accélère sans cesse, comme c’est toujours le cas quand on arrive au bout d’un tel processus. Ce n’est donc pas un plan décennal qu’il faut mettre en œuvre, mais une saignée massive à effet immédiat. Avec évidemment le risque que le malade ne résiste pas au traitement ! D’un autre côté, des mesures trop timides n’auraient aucun effet et ne retarderaient même pas la chute finale, qui consisterait dans la survenue d’une crise économique, financière, sociale et politique qui plongerait notre pays dans le chaos.

Inutile de préciser que les envolées lyriques de M. Sarkozy ne sont déjà plus d’actualité. Sa dernière prestation télévisée laissait d’ailleurs apparaître, derrière la virtuosité de l’orateur, un évident désarroi.
De quelles armes le président de la République dispose-t-il à présent ? La première est le langage de la vérité. Il doit expliquer au pays quelle est la situation, sans rien lui cacher. Il bénéficie à cet égard d’un atout sérieux. Il a certes été un acteur important de la politique nationale depuis au moins deux décennies, mais il ne porte pas la véritable responsabilité de sa faillite. Rien ne l’empêche donc de dire que nous avons fait fausse route depuis trop longtemps (il l’a d’ailleurs clamé pendant sa campagne) et qu’il s’est trompé en croyant que des mesures sympathiques, comme celle qu’il a adoptées pendant les premiers mois de sa présidence, suffiraient à redresser notre pays.

Il lui faudra alors constituer non pas un gouvernement d’ouverture (ce qui n’a aucun sens, les socialistes ayant commis encore plus d’erreurs que la droite et ne disposant d’aucun crédit dans l’opinion), mais un gouvernement de salut public, composé de personnalités à la compétence économique reconnue et dotées du courage nécessaire pour assumer des mesures évidemment impopulaires mais qui, si elles sont expliquées régulièrement à nos concitoyens, les convaincront qu’il s’agit d’une épreuve indispensable pour que la France retrouve la prospérité.

On peut être raisonnablement optimiste pour l’avenir de notre pays si un tel plan de combat est mis en œuvre. La France est coutumière de spectaculaires redressements. Quand elle est bien gouvernée, quand elle a confiance en ceux à qui elle a confié les rênes du pouvoir, les immenses qualités humaines de son peuple peuvent lui faire accomplir des prodiges.

Il faut agir, Monsieur le Président, et vite. On vous pardonnera une première erreur. La deuxième serait fatale. Et l’histoire ne vous trouverait aucune excuse.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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