Aucun de ces élus, du plus petit jusqu’au plus grand, ne sait gérer autrement qu’en dépensant. Le seul mot d’économies les met en transes, et les voilà partis sur les routes et les chemins à la recherche de subsides miraculeux.

Mais le drame français, c’est que la majorité de droite battue ne savait pas non plus faire la moindre réduction de dépenses, comme c’est normalement son rôle dans toutes les démocraties du monde. Pensez que le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, présenté comme un parangon de vertu budgétaire, ne rapporte pratiquement rien puisque les économies réalisées sont réparties entre les fonctionnaires restants.

Tout est en place pour que le grand drame français commence. Toutes nos défaites historiques ont eu pour cause l’inconscience et l’impréparation de nos dirigeants. Nous en vivons actuellement un nouvel avatar.

Les élections législatives n’ont apporté aucune solution à la crise démocratique que vit notre pays. Les partis dits modérés, de droite et de gauche, ont finalement tiré leur épingle du jeu, et tout indique qu’ils n’ont toujours en tête qu’une éternelle alternance entre eux, au gré de leurs échecs successifs. Les partis dits populistes ont connu l’échec, même si le Front national a fini par avoir deux élus. La raison en est simple : leur programme économique était absurde.

Les Français ne comprennent pas si mal que cela l’économie. Si on leur explique qu’on ne peut pas durablement dépenser plus qu’on ne gagne, et qu’à force d’emprunter on va vers la faillite, ils en seront d’accord. Encore faut-il que ceux qui leur proposent un programme de saine gestion soient crédibles. Tel n’était pas le cas du Front de gauche mélenchonnesque, qui ne rêvait que de promener des têtes de patrons au bout d’une pique, ni du Front national qui ne songeait qu’à renforcer l’Etat et les régimes sociaux alors qu’ils sont la cause principale du mal français.

Face à de telles absurdités, le parti socialiste et l’UMP paraissaient presque raisonnables, alors qu’ils ne proposaient que la politique du chien crevé au fil de l’eau. Et naturellement leurs élus peuplent maintenant presque tous les bancs des assemblées.

Le moment est venu, pour les Français responsables, de prendre des initiatives. La première doit consister dans une opération de vérité. Il faut que des voix autorisées par leurs connaissances et leur expérience entreprennent de s’unir pour délivrer à nos compatriotes un message fort sur l’état véritable de la nation et leur proposent les voies du redressement. On sera étonné de l’écho qu’une telle initiative suscitera.

Je ne rencontre aujourd’hui que d’excellents Français qui gémissent tout seuls dans leur coin. Ils ne savent pas qu’ils sont assez nombreux pour créer un mouvement irrésistible. Il suffira de le lancer pour que de nouvelles perspectives s’ouvrent à notre pays.

La crise actuelle est certes financière, économique et sociale, mais c’est avant tout une crise politique. L’Europe souffre d’un manque évident de leadership. Peu de bons dirigeants, et aucun homme d’Etat. La France a une responsabilité éminente. Le Traité de Rome, qui a été une grande réussite jusqu’à la folle création de l’euro alors que les institutions européennes étaient incapables d’assumer la gestion d’une monnaie unique, a résulté pour l’essentiel de l’entente franco-allemande. Il faut que notre pays retrouve les moyens de sa responsabilité et de son rang. Ses citoyens les plus lucides et les plus décidés n’ont plus une minute à perdre avant de décréter la mobilisation générale des idées et des énergies.

Nous ne devons plus laisser faire les incapables et les irresponsables qui se sont emparés de tous les leviers de commande du pays. Il faut les chasser. Les Français aspirent à un formidable coup de balai. A condition que ceux qui en tiennent le manche soient dignes de confiance. C’est tout l’enjeu de la période cruciale qui s’ouvre dès à présent.

L’histoire est en marche !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.