www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

5/12/08 Bernard Martoïa

Le Grand-Duc du Luxembourg refuse l’euthanasie

Il n'arrive pas souvent qu'un souverain exprime publiquement son désaccord sur un grand sujet de société. C'est pourtant ce qu'a osé faire Henri de Nassau, grand-duc du Luxembourg, à propos d'une loi légalisant l'euthanasie. Le 1er décembre 2008, il a informé la chambre qu'il refuserait de signer la loi en question. La réaction ne s'est pas fait attendre. Jean-Claude Juncker, le Premier Ministre, propose de réduire le pouvoir du prince en amendant la constitution.

Sur la forme, on peut déplorer le manque de tact du Premier Ministre à l'égard d'un monarque qui honore l'image de son pays. La vie privée de la famille royale luxembourgeoise est exemplaire. Elle ne s'étale pas dans la presse "people" comme en raffolent les lecteurs de Paris-Match. L'intérêt constant du peuple français à l'égard des têtes couronnées démontre que la révolution de 1789 est la plus grande erreur de notre histoire. La France ne s'en est jamais remise. On confond allègrement deux notions essentielles que sont la démocratie et la république. Il existe en Europe des monarchies qui sont autrement exemplaires que notre république jacobine en matière de démocratie : l'Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark ou la Norvège.

Sur le fond, le Premier Ministre luxembourgeois voudrait réduire le pouvoir du Grand-Duc. Il ne signerait plus les lois mais les promulguerait : une différence substantielle qui en ferait l'égal de nos présidents eunuques sous la IIIe République. Si le texte a été approuvé par les députés à une large majorité, il est loin de faire l'unanimité au sein de la population luxembourgeoise. La fracture entre les représentants de la nation et le peuple se retrouve partout en Europe. Contrairement à une France déchristianisée, il y a encore des Luxembourgeois qui vont à la messe le dimanche. L'évêque de Luxembourg s'exprime alors que les nôtres sont interdits de parole.

Le déclin de la France est lié à la disparition de son Eglise

La séparation du pouvoir de l'Eglise et de l'État en 1905 a de facto détruit l'âme de notre nation. La république française est farouchement athée. La France était une grande nation lorsqu'elle était chrétienne, elle n'est plus rien aujourd'hui. Le magazine Time a raison d'écrire que la culture française est sur le "déclin", c'est un doux euphémisme. Je doute que le prix Goncourt de cette année ait su récompenser la meilleure œuvre littéraire… L'Obamania va faire plus de dégâts dans notre pays qu'en Amérique. La disparition de l'épreuve de culture générale dans les concours de la fonction publique est la logique de ce processus de désintégration. Il faut faire la place aux minorités dites visibles, c'est-à-dire celles qui sont censées représenter la France d'aujourd'hui, celle des banlieues qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs éculées de la France d'hier sous la plume brillante de Marcel Proust ou de Julien Gracq. Les "souchiens" (Français de souche) vont devoir s'expatrier ou se cacher dans les montagnes. Il n'y a plus d'avenir pour eux dans ce pays chamboulé par une immigration massive. Dans l'émission "la fabrique de l'histoire" de France Culture, Emmanuel Laurentin a invité un ethnologue à se pencher sur les changements à Paris. A aucun moment au cours de l'émission n'a été évoqué le bouleversement de population. Tout va très bien madame la Marquise ! C'est toujours le déni des réalités qui prévaut chez nos pseudo élites.

Les élites

Une vraie élite n'est ni schizophrène, ni soumise. Elle doit dire la vérité, aussi blessante soit-elle pour ceux qui sont endormis par le discours officiel ou les médias qui sont à sa botte. Henri de Nassau est un homme courageux qui a exprimé son désaccord sur une question essentielle de société puisqu'il s'agit de la vie. Le titre du journal Le Monde est symptomatique du degré d'ignorance dans ce pays : "Quelle mouche a piqué le grand-duc ?" C'est ignorer le poids de la religion chrétienne en Europe. Dieu merci il y a encore des Chrétiens sur ce continent qui résistent à l'idéologie libertaire soixante-huitarde.

A propos d'une réforme constitutionnelle

Je prends au mot le Premier Ministre. Il faut en effet réformer la constitution luxembourgeoise mais pas dans le sens qu'il souhaite. Monsieur Juncker est Premier Ministre depuis le 20 janvier 1995. Cela fait bientôt quatorze ans qu'il gouverne son pays. Il est aussi l'un des plus influents hommes politiques à Bruxelles. Il s'exprime couramment dans quatre langues (luxembourgeois, français, allemand et anglais) alors que nos Premiers Ministres ne s'expriment au mieux qu'en deux langues. Il a su tisser des liens étroits entre les dirigeants européens et la Commission européenne en raison de sa simplicité et de son pragmatisme. Il est un médiateur privilégié entre les deux puissances continentales que sont l'Allemagne et, dans une moindre mesure, la France. Il est malheureusement aussi l'un des plus farouches défenseurs de la constitution européenne que les peuples français, hollandais et irlandais ont rejeté.

S'il y a une réforme constitutionnelle à mettre en œuvre en Europe, ce serait d'abord de limiter à deux mandats la durée de fonction d'un Premier Ministre ou d'un président de la République. Monsieur Juncker aurait dû prendre sa retraite au plus tard en 2005.

Bernard Martoïa


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme