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La grande crise politique française est ouverte |
29/3/04 | Claude Reichman |
Chirac et l'UMP en déroute, le parti socialiste vainqueur mais sans
programme, le Front national confirmé dans son rôle protestataire mais privé
d'espérance politique, tel est le paysage politique bouleversé qui s'offre aux yeux
ébahis des Français à l'issue du second tour des élections régionales. Nul
aujourd'hui ne peut en douter : la France est devenue ingouvernable. Elle va
inévitablement connaître une grave série de transes dont l'issue risque fort d'être
une guerre civile. Il n'y a rien d'étonnant à cela. Voilà des années que nous
dénonçons l'aveuglement de la classe politique française et annonçons les évènements
qui sont en train de se produire. Comme l'ensemble de l'Europe, notre pays est entré dans
le vingt-et-unième siècle avec des structures nées de la révolution industrielle du
dix-neuvième. Elles avaient résisté à deux guerres mondiales, et s'étaient même
renforcées après la seconde, lorsque la social-démocratie a paru devenir le régime
définitif du continent européen, une " fin de l'histoire " en quelque sorte.
Or son règne ne s'expliquait que par l'existence de l'Union soviétique et du bloc
communiste qui coupait l'Europe en deux et menaçait la paix du monde. L'effondrement du
colosse de l'Est en 1989 allait tout changer. Il était en grande partie dû à
l'impossibilité devant laquelle l'empire soviétique s'était trouvé de suivre son rival
américain dans la révolution informatique qui, un siècle et demi après celle de
l'industrie, bouleversait l'univers. Dès lors la social-démocratie de l'Europe de
l'Ouest avait vécu. Il n'y avait plus aucune raison stratégique à son maintien, non
plus que de motifs de politique intérieure. La défaite sans appel du communisme appelait
à l'évidence des solutions nouvelles pour les pays qui n'avaient pu résister à son
attraction qu'à coups de concessions sociales qui avaient fini par provoquer une
véritable ossification de leurs structures économiques. Tel est le défi auquel l'Europe a été confrontée au début de la dernière décennie du siècle passé. En général, elle y a répondu de façon insuffisante, et, en son sein, c'est l'Allemagne et surtout la France qui s'en sont le plus mal tirées. Mais si la situation est grave chez nos voisins d'Outre-Rhin, elle est dramatique chez nous pour des raisons politiques. L'Allemagne doit certes faire face aux conséquences de sa réunification, qui pèseront sur elle pendant encore plusieurs décennies, mais elle résoudra son problème car elle dispose, avec la CDU et son alliée bavaroise de la CSU, d'une grande formation politique libérale et conservatrice capable de promouvoir et d'assumer les choix économiques et sociaux qui s'imposent. Rien de tel en France, où l'UMP, qui prétendait devenir le parti unique de la droite et l'outil de son triomphe, n'a jamais été qu'un pâle décalque du Parti socialiste, l'autoritarisme technocratique en plus. Et ce ne sont pas les dérisoires incantations de M. Bayrou et de son UDF conservée qui y changent quelque chose. Cet ancien ministre de l'Education nationale dont la gestion s'était caractérisée par un total immobilisme n'a aujourd'hui que le mot de changement à la bouche, alors qu'il est bien incapable d'en proposer le moindre. Les Français n'ont donc le choix qu'entre le socialisme et le socialisme, tandis que le monde s'en éloigne à grands pas ! Une telle schizophrénie politique est extrêmement dangereuse. Elle ne peut aboutir
qu'à des conduites violentes. En effet, lorsqu'un groupe humain constate que les faits ne
se plient pas à ses actes, il attribue son échec à la malveillance d'autres groupes
avec lesquels il est inévitablement amené à entrer en conflit, ne serait-ce que pour
offrir un exutoire à la colère de ses membres. Et comme tous les groupes subissent le
même phénomène, la vie collective du pays devient une foire d'empoigne avant de sombrer
dans une inexpiable guerre civile. Pour y échapper, il n'est pas d'autre moyen que de constituer rapidement la grande et
authentique force politique libérale et conservatrice qui, seule, détient la solution
des problèmes du pays. Nous en avons jeté les bases avec la création de Droite de
France. Seule de toutes les formations politiques du pays, elle possède un programme
complet et celui-ci répond à tous les défis auquel la France est confrontée. Il nous
appartient de le faire connaître largement et de convaincre nos compatriotes que seule
son application leur épargnera les souffrances de la guerre qui vient. Pour son plus grand malheur, la France a élu en 1995, puis réélu en 2002, un président de la République incapable. Ni son analyse politique ni son comportement ne peuvent nous conduire vers la solution de nos problèmes. Il est de toute façon hors-jeu définitivement après la déroute de son camp le 28 mars. S'il lui reste un soupçon de sens national, il peut encore rendre service en facilitant l'ouverture d'un grand débat qui ne sera plus réservé qu'aux seuls tenants du système qui a conduit la France à l'abîme. Il lui suffit pour cela de demander aux médias qui lui obéissent de cesser leur censure. Et l'on verra alors ce qu'un pays peut dire quand on lui rend la parole ! Claude Reichman
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