Un grand ménage se prépare !
La
vente à perte a été interdite parce qu’elle fausse la concurrence. Et voilà
que le gouvernement la recommande sur les carburants, avant que les grandes
surfaces ne lui opposent un refus cinglant. Quand un Etat en est réduit à de
tels procédés, c’est qu’il est au bord de la faillite. En France, personne
ne s’étonnera qu’après les folles dépenses du gouvernement, la sanction
financière soit proche.
L’euro a été créé sous l’impulsion de la France parce que ses politiciens
espéraient qu’il contraindrait l’Etat à s’aligner sur la gestion vertueuse
de l’Allemagne. Il n’en a rien été. Simplement cette dernière a accepté que
la banque centrale européenne garantisse les emprunts français. Ce qui nous
a permis de continuer nos folies.
Quand on ne veut pas être raisonnable, rien ne peut vous y forcer, sauf le
coup de gong annonçant la faillite. On en est désormais très proche. Faut-il
s’en indigner ? Bien sûr. Une telle dérive de notre gouvernance n’a pu être
acceptée par les Français qu’en raison de la désinformation dont ils sont
victimes. On a célébré, il y a quelques semaines, les mérites de
l’économiste Daniel Cohen, qui venait de décéder. Quand on regarde qui
« notre économiste vedette » a soutenu, on ne trouve que des politiciens
socialistes, dont des présidents de la République. Quelle lucidité ! Et quel
exemple d’un magistère dévoyé. Comme un journaliste, un économiste a un rôle
majeur dans la formation de l’opinion. S’il manque à ses obligations, le
pays risque de s’enfoncer dans la crise à force de mauvaise gestion.
On touche ici du doigt la véritable cause du mal français. Si le communisme
a pu s’imposer dans notre pays, c’est parce qu’il n’a pas été combattu par
les élites. Même un penseur comme Raymond Aron, pourtant partisan des
valeurs occidentales, ne cachait pas une certaine attirance pour la Russie
soviétique. Et combien d ‘autres comme lui ? Aujourd’hui, les médias sont
pleins d’éditorialistes et de « philosophes » qui « pensent à gauche »,
c’est-à-dire qui ne pensent pas. En effet, comme Jean-François Revel l’avait
observé, ces faux penseurs ne sont nullement gênés par la réalité des faits.
L’important pour eux, c’est leur opinion, peu importe qu’elle soit en
contradiction permanente avec ce que voit le peuple quotidiennement. Mais
alors pourquoi les grands médias, qui appartiennent tous à des milliardaires
propriétaires de grandes entreprises, abritent-ils leurs élucubrations ?
C’est pour être tranquilles dans leur business. Ils donnent à leurs
adversaires idéologiques un monopole de la parole qui fait croire à ceux-ci
que les faits obéissent à leurs mots. Et pendant ce temps, l’argent rentre
gentiment dans les caisses, tandis que la mauvaise gestion de l’Etat se
donne libre cours et ruine le peuple. On ne peut mieux trahir son pays !
Un grand ménage se prépare. Il emportera dans ses balayures la plupart des
« vedettes » politiques et médiatiques du moment. Mais ne rêvons pas :
d’autres nullités se préparent à entrer en scène. Espérons seulement qu’ils
ne seront pas seuls. Chacun doit donc se préparer, car le salut ne se
délègue pas. Une fois que la tempête s’est déclenchée, rien ne peut
l’arrêter. Il faut avoir pris le courant au bon moment, quand il peut vous
porter. Et après, la bataille sera rude, mais les idées saines ont une
chance de l’emporter si elles sont soutenues par des personnes convaincues
et décidées. Voilà l’enjeu des jours qui viennent.
Il suffit parfois d’une désignation opportune pour changer le cours de
l’histoire. Quand le président du tribunal de Paris, Jean-Michel Hayat,
proche de la gauche, au lieu de désigner, dans l’affaire Fillon, le juge
d’instruction de permanence, comme le veut l’habitude, porte son choix sur
le juge Tournaire, habituel pourfendeur des hommes politiques de droite, il
change le cours de l’histoire. La tradition voulait qu’une affaire
judiciaire survenant lors d’une élection présidentielle, soit reportée après
l’élection. Il n’en fut rien, Fillon fut battu et Macron élu alors qu’il
n’avait aucune chance avant l’affaire Fillon. Ainsi va l’histoire. Mais dans
une démocratie digne de ce nom, le président Hayat ne se serait pas comporté
comme il l’a fait. Il s’est depuis confondu en excuses. Mais jouit à présent
d’une paisible et confortable retraite. Ne cherchons donc pas de lointaines
excuses à nos malheurs. Ils sont le fruit de comportements qui, à tous les
niveaux, auraient dû être évités si l’opinion avait pu se manifester. Et
l’on en revient aux médias et aux politiciens.
L’ambiance, en France, est pourrie. Pas un seul individu digne d’estime
n’émerge. Et pourtant il y en a des millions. Ils sont le peuple. C’est à
lui de prendre la parole. Parfois un sage s’exprime. Et cela suffit à calmer
le jeu. Dans le tombeau où il aimait se réfugier pour méditer, Démocrite,
dérangé par le chahut de jeunes gens, leur lança : « Cessez donc de faire
les fous ! » Ils se calmèrent. Il suffirait d’un Démocrite.
Claude Reichman
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