La dette de la France inquiète
!
Inquiétudes sur le triple A de la dette française
Fitch, l’une des trois agences de notation avec Standard & Poor’s et
Moody’s, fait officiellement part de ses craintes sur les dettes anglaise et
française. Le «triple A» (la meilleure note possible) de ces deux pays est
menacé par l’ampleur de leurs déficits publics. L’analyste de Fitch annonce
clairement la couleur : «Nous avons des craintes au sujet de la France. Nous
voyons une détérioration sensible des déficits fiscaux en France, une
certaine pression commence à s'y faire sentir». Et une dégradation aurait
immédiatement de graves conséquences. Au lieu de nous vendre le stupide
«Grand emprunt», le gouvernement ferait mieux de s’attaquer sérieusement au
déficit budgétaire ! Le ministre du budget, d’habitude si prompt à endormir
Bruxelles sur un «retour à l’équilibre du budget de la France dans les
années à venir», reconnaît lui-même que la situation est très difficile. Au
travail !
Dettes publiques : scénarios noirs
Le niveau d’endettement des Etats commence sérieusement à inquiéter la
communauté financière, comme en témoigne une étude de la Société Générale
qui envisage un «scénario du pire». Sans toutefois aller jusqu’à un krach
obligataire, la SG envisage une «décennie perdue» à la japonaise. Parmi les
solutions proposées pour réduire la dette, «outre l'augmentation des impôts
», SG suggère « de nouvelles vagues de privatisations, la réduction des
dépenses publiques, et la dévaluation des devises». La dernière est
impossible (la BCE se l’interdit), la troisième improbable (spécialement en
France, avec son système social que le monde entier nous envie), la seconde
très limitée dans son montant. Reste l’augmentation des impôts…
Le temps risque de s’accélérer, les banques centrales annoncent en effet
vouloir réduire leurs «facilités» monétaires. Le temps des largesses semble
révolu ce qui - couplé justement aux inquiétudes sur les dettes des Etats -
pourrait amener une hausse des taux d’intérêts longs et ainsi faire exploser
la charge de la dette dans les comptes des Etats.
La dette sociale est mal gérée
L’Assemblée nationale publie un intéressant rapport sur la dette sociale, la
dette de la sécurité sociale, gérée essentiellement par la CADES, mais aussi
par l’ACOSS et le FFIPSA. On y a notamment confirmation que la CADES
s’endette pour un cinquième en dollars (page 58). Le rapport dénonce la
juxtaposition des différents organismes de gestion de trésorerie des caisses
qui empêche toute mutualisation et renchérit donc le coût de la dette
sociale (tableau 23, page 64). Il pointe également l’exposition au risque de
taux (page 62) : la part de la dette à taux variable pour la CADES s’élève à
32 % ! Et par ailleurs «les émissions nouvelles de titres CADES sont
affectées par l’élargissement des écarts de taux entre signatures
publiques», c'est-à-dire que l’on note un accroissement du spread avec les
OAT : une défiance du marché plutôt inquiétante (et le fait que la CADES
s'endette pour partie en dollars est une façon de reconnaître ces
difficultés). Le rapport conclut sur les «perspectives très préoccupantes»
de la gestion de la dette sociale, compte tenu de l’explosion du déficit du
régime général (20 milliards en 2009).
Philippe Herlin
https://ladettedelafrance.blogspot.com/
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