Il est temps que les médias disent la vérité !
Le débat sur la réforme des retraites a été particulièrement
éclairant. Il a permis de vérifier que les Français sont privés
d’information. Comment ! vont hurler certains. Privés d’information ?
Alors que nous avons quatre chaînes d’information continue et que les
innombrables chaînes dont l’évolution technologique a gratifié notre
pays (comme tous les autres) ont toutes des bulletins d’information !
Bien sûr, ce ne sont pas les informations qui manquent. Mais
qu’appelle-t-on « information » ? N’importe quel observateur impartial
peut constater que sur toutes les chaînes de télévision et de radio, ce
sont les mêmes nouvelles, les mêmes analyses, les mêmes commentaires. Et
les mêmes invités sur les plateaux. Chacun a les siens, ils circulent
parfois un peu de l’un à l’autre, certains, les plus nombreux, sont
plutôt à gauche, d’autres plutôt à droite (une espèce rare) et aucun
n’est libéral. Bref, c’est partout la même bouillie.
Pour se faire une opinion éclairée, il faut beaucoup de patience, ne
pas hésiter à se plonger dans des publications austères et surtout
beaucoup réfléchir. Cette dernière occupation est devenue une rareté à
l’ère de l’immédiateté. Les réseaux sociaux permettent à n’importe qui
de réagir à la seconde par écrit sur n’importe quel sujet, de préférence
sur un sujet où l’on n’a aucune compétence, car ce qui compte c’est
l’opinion. Il fut un temps où le mot d’opinion avait un sens. Il
impliquait un minimum (et même plutôt un maximum) d’information et de
réflexion, et l’on avait un peu honte de se risquer sur ce terrain sans
y être sérieusement préparé. Ce temps est révolu et même oublié.
Un autre phénomène peut être constaté, mais surtout par ceux à qui il
arrive d’être invités sur un plateau de télévision. Ils s’aperçoivent
vite qu’il existe un code non écrit mais férocement appliqué qui oblige
les invités à ne pas sortir du cadre de pensée qui règne dans les
médias. Le malheureux qui fait l’erreur de s’en écarter le paie d’une
mise à l’écart définitive. Il ne s’agit évidemment pas d’un caprice de
rédacteur en chef. Celui qui a ce titre ne le conservera pas longtemps
s’il laisse quelqu’un s’éloigner de la doxa dominante. En fait, la
consigne vient des propriétaires des médias.
Ces derniers sont tous des hommes d’affaires milliardaires, qui ont
des intérêts si divers qu’il est parfois difficile de déterminer ceux
qui prédominent. Mais ce qui est certain, c’est que sur tous leurs
terrains d’action, ils sont en rapport avec l’Etat. Et là, le même
scénario qu’avec le plus humble rédacteur en chef se répète. Les
détenteurs du pouvoir leur font comprendre qu’ « au-delà de cette limite
votre ticket n’est plus valable », pour reprendre un titre célèbre de
Romain Gary.
On a compris qu’il règne en France un climat d’unanimité ! Bien
entendu, cette expression n’est qu’un trait d’humour. Il règne en France
un climat pesant de censure et d’autocensure, de menace permanente sur
tous les acteurs du débat public et finalement de mort intellectuelle
qui n’est pas sans évoquer celui des pays de l’Est quand y régnait le
communisme.
Alors que peut-on faire ? Se pelotonner sous l’édredon pour jouir de
la chaleur fœtale ? Se consoler dans la boisson ? Se passionner pour le
sport sans en faire jamais ? Rien de tout cela évidemment pour un
citoyen conscient de ses devoirs. Mais continuer de miser sur la force
de conviction. Tout en sachant que l’homme met du temps à se faire
précisément … une opinion.
Nous avons peu d’alliés dans le désert français. Mais il en est un
qui, à coup sûr, ne nous fera pas défaut. Il s’agit d’un chiffre. Celui
de la dette. La France est gouvernée par la dépense publique. Et
celle-ci a franchi les limites de la raison. Les deux universitaires
américains Reinhardt et Rogoff ont étudié huit siècles de crises
financières dans le monde. Ils en concluent ceci : « Ce qu’on constate
de manière répétée dans l’histoire des crises financières, c’est que
lorsqu’un accident menace de se produire, il finit par se produire. »
Personne ne peut douter qu’avec 3000 milliards d’euros de dette, la
France soit à la merci d’un accident.
Un accident financier n’est pas un simple épisode. Il peut jeter un
peuple dans la misère. Tel est précisément l’enjeu de notre combat. Il
faut absolument faire de vraies réformes avant qu’il ne soit trop tard.
Et c’est pour cela que la bataille de l’information est essentielle. Que
ceux qui se pavanent sur les plateaux de télévision veuillent bien
réfléchir quelques instants. Beaucoup d’entre eux connaissent la vérité
et savent que notre pays est gouverné au mépris du raisonnable. Un peu
de courage, Mesdames et Messieurs, est-ce trop vous demander ?
Claude Reichman