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17/1/09 | Claude Reichman |
« Ils nous vendront la corde pour les pendre ! » Les centaines de milliers de voyageurs qui ont eu à souffrir des grèves quotidiennes de la SNCF à la gare Saint-Lazare depuis le 14 décembre 2008, et de la fermeture totale de celle-ci le 13 janvier 2009, peuvent remercier les médias français qui ont fait du leader de la Ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot, leur coqueluche. « Le facteur », comme tout le monde l’appelle, est devenu aussi familier et sympathique aux téléspectateurs que Nounours ou Babar. Mais ce jeune homme au visage poupin n’a rien d’une inoffensive peluche. Derrière son air angélique se cachent des idées diaboliques. Que bien entendu personne ne veut prendre au sérieux tant elles paraissent datées et tant elles semblent n’avoir aucune chance de prendre le pouvoir. La fermeture de Saint-Lazare a ouvert les yeux de nombre d’observateurs, tout comme les massives manifestations de musulmans proclamant leur soutien aux Palestiniens et leur haine d’Israël ont soudain ouvert les yeux de ceux qui se refusaient depuis des décennies à voir les effets d’une immigration incontrôlée qui a changé la composition de la population de la France. Le syndicat Sud Rail, qui a mené les grèves à Saint-Lazare, et la Ligue communiste révolutionnaire ne sont pas une seule et même organisation, mais leurs liens sont tels qu’on peut considérer leurs actions comme complémentaires et coordonnées. D’ailleurs « le facteur » est lui-même militant à Sud PTT. Que veulent les membres de ces organisations ? Briser la société du libre-échange et de la liberté et lui substituer un ordre collectiviste et autogestionnaire. Se réclamant de Trotski, et donc ennemis du stalinisme, ils veulent faire oublier que leur idole ne fut qu’un personnage sanguinaire et sans scrupules qui ne doit qu’à son échec face à Staline la stupide absolution que trop d’Occidentaux lui ont décernée. Alors que la crise financière, bancaire, économique et sociale ne cesse de s’aggraver et menace de ne laisser que ruines, les actions de la LCR et de Sud (acronyme de « Solidaires, unitaires et démocratiques ») ne doivent pas être traitées par l’indifférence et encore moins par le mépris. Ces gens sont dangereux. Très dangereux. Il n’est pas nécessaire en effet d’être très nombreux pour susciter des troubles graves dans une société déboussolée. Et tout indique que tel est bien l’état, aujourd’hui, de la société française. Ceux qui, comme nous, ont, depuis des années sonné l’alarme, ne peuvent qu’être sidérés par l’inconscience du monde médiatique français. Qui a culminé avec l’invitation, le 11 mai 2008, d’Olivier Besancenot à « Vivement dimanche », l’émission de Michel Drucker sur France 2. L’animateur de télévision le plus «consensuel» de France (qu’on pourrait sans injustice appeler « le flatteur universel ») a ainsi inscrit l’un des plus dangereux personnages politiques de notre pays parmi ceux que tout le monde peut recevoir chez soi un dimanche après-midi ! Et qui plus est aux frais du contribuable, puisque France 2 est une chaîne publique qui vit de la redevance. A force de traquer – à juste titre – toute résurgence du nazisme, on en est arrivé à ne plus se soucier de la barbarie communiste. Qui pourtant mérite toute l’attention dans un pays en crise où trop de Français souffrent d’exclusion et où trop de jeunes gens ne parviennent pas à se faire une place dans la société. Non, il ne faut pas banaliser Besancenot, et encore moins lui servir de marchepied. Michel Drucker ne prend certainement pas le train à Saint-Lazare pour rentrer chez lui. Cela ne devrait pas l’empêcher – et nombre de ses collègues avec lui qui, comme lui, savent que Besancenot fait de l’audience et donc les nourrit – de méditer cette phrase de Lénine : « Ils nous vendront la corde pour les pendre. » Claude Reichman |