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26/7/08 Bernard Martoïa

On n’insulte pas la Chine sans être prêt à lui faire la guerre

« Le faible est toujours dans l’erreur contre le fort. »

Ivan Krylov

A deux semaines de l’ouverture des Jeux olympiques d’été à Pékin, les associations de défense des droits de l’homme vitupèrent contre la présence du président de la République à la cérémonie. Le député européen Daniel Cohn-Bendit, a jugé "scandaleuse" la présence du chef de l'État à Pékin : "Aller à l'ouverture des Jeux comme le font Bush et Sarkozy, c'est faire allégeance au Parti communiste chinois." Jean Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à la chambre basse, a demandé de boycotter les Jeux « au nom de tous ceux qui luttent pour la liberté et les droits de l’homme dans le monde. »

N’en déplaise aux droit-de-l’hommistes, le président de la République a assuré de sa participation à la cérémonie d’ouverture son homologue chinois en marge du sommet du G8 qui s’est tenu, cette année, au Japon. Avec la répression qui s’est abattue au Tibet, un débat ubuesque fait rage en France. Il a culminé avec le passage de la torche olympique dans la capitale. Le maire a eu l’outrecuidance de décerner le titre de citoyen d’honneur de la ville de Paris au Dalaï Lama.

En représailles, les autorités chinoises ont demandé à leurs ressortissants de boycotter tout séjour touristique dans notre capitale. La tension reste vive entre Paris et Pékin malgré la présence assurée du chef de l’État lors de la cérémonie d’ouverture. L’ambassadeur de Chine a été convoqué au quai d’Orsay après avoir évoqué « les graves conséquences » qu’une rencontre entre le chef de l’État français et le Dalaï Lama aurait sur les relations franco-chinoises… « Ce n’est pas à la Chine de fixer mon agenda » a répondu le chef de l’État.

Les droit-de-l’hommistes, qui sont légion en France, ne mesurent pas les conséquences désastreuses de leurs propos incendiaires. On n’insulte pas une fière nation comme la Chine sans être prêt à lui faire la guerre. La France vit dans l’illusion que tout est affaire de droit et se règle par une tribune politicienne où l’on décerne satisfecit et condamnation. Elle se trompe lourdement.

Pendant que Barak Obama fait une tournée triomphale dans une Europe qui voit à travers lui le métissage auquel elle aspire de toutes ses forces, John McCain, le candidat républicain, a rencontré le Dalaï Lama, le 25 juillet 2008, à Aspen dans le Colorado. Il a déclaré lors de cette rencontre : « Je demande au gouvernement chinois de libérer les prisonniers politiques tibétains qui ont disparu depuis mars et d’engager un dialogue constructif sur une autonomie réelle du Tibet. »

L’Amérique peut se permettre de tancer la Chine. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les élus californiens passèrent en 1905 une loi discriminatoire à l’encontre des ressortissants japonais. A cette époque, la Californie s’inquiétait d’une immigration massive en provenance de l’empire du Soleil Levant. Le conseil d’administration de la ville de San Francisco refusait la scolarisation des enfants japonais. Dans une lettre confidentielle du 6 mai 1905 (1) adressée à George Kennan (1845-1924), le président Théodore Roosevelt évoqua les craintes que lui inspiraient les élus et la presse californienne qui tirait à boulet rouge contre les travailleurs japonais.

« Je suis mortifié que des Américains insultent un tel peuple. Je n’ai aucun pouvoir pour les faire taire mais j’ai fait, tout ce qui était possible, personnellement et officiellement, pour afficher la plus grande considération à l’égard des Japonais. Si les cours décident que les Japonais ne peuvent pas être naturalisés, je ne pourrai que m’incliner. C’est exaspérant que tant de nos compatriotes fassent exactement le contraire de ce qui est ma doctrine cardinale en matière de politique étrangère. Ils tiennent des propos offensants contre une puissance étrangère mais refusent de se tenir prêts à lui faire la guerre. »

Le Japon avait fait une entrée fracassante sur la scène internationale en détruisant la flotte russe, en provenance de la Baltique, dans le détroit de Tsushima. Avec l’amiral Rozhdestvenski fait prisonnier, l’humiliation du tsar Nicolas II était complète. Dans une éventuelle guerre entre le Japon et les États-Unis, l’amirauté britannique accordait 60 % de chances à l’empire du Soleil Levant d’emporter la victoire.

Les droit-de-l’hommistes nous ont précipité dans un bras de fer que nous allons perdre. Une rencontre avec le Dalaï Lama en marge des jeux olympiques serait un casus belli avec la Chine. Les associations des droits de l’homme sont arrosées de subventions publiques alors que nos armées sont au pain sec et à l’eau. Un « Tsushima » se profile à l’horizon pour la flotte française, du moins ce qu’il en restera après les coupes budgétaires...

Bernard Martoïa

(1) une traduction de cette lettre est à la page 27 du troisième tome (La Présidence Impériale), qui a été publié le 11 juillet 2008, de la trilogie que j’ai consacrée à Théodore Roosevelt (en vente sur internet uniquement).

 

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