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L'interdiction du voile ne résoudra rien, la solution est politique

12/12/03 Claude Reichman
Ceux qui s'imaginent que l'interdiction du voile islamique dans les lieux publics va résoudre le problème musulman en France se font de douces illusions. Le voile n'est qu'une des premières tentatives visant à donner barre à l'Islam sur la société française. Elle sera suivie de beaucoup d'autres. Certaines ont d'ailleurs été suggérées par la commission Stasi. La seule question à trancher est en réalité assez simple : la France veut-elle ou non assimiler les musulmans vivants sur son sol ? Si la réponse est oui, les adeptes de cette religion vont devoir renoncer à la plupart de ses prescriptions, et notamment à celles qui comportent des injonctions civiles. Si la réponse est non, la porte est grande ouverte à la communautarisation de notre pays et, à moyen terme, à sa " libanisation ". Il n'y a pas de voie moyenne. En effet, l'Islam est une religion conquérante, qui n'est paisible que quand elle s'est imposée. On ne peut que la refouler ou s'y soumettre.
Le problème posé à la France par la présence musulmane sur son sol n'a pas surgi par hasard. En trente ans sa part est passée de 5% à 20% de la population. Ce calcul englobe évidemment l'ensemble de ceux qui appartiennent à cette confession, qu'ils soient ou non de nationalité française, et qu'ils soient immigrants de fraîche date ou plus anciens. Certains parmi eux se sont bien intégrés et sont en voie d'assimilation. Mais la plupart ne sont ni l'un ni l'autre et ce sont leurs enfants qui font actuellement exploser les structures de base de la société française. Bien entendu, ces " jeunes ", comme il est convenu de les appeler, ne sont pas plus voués à la violence et à la délinquance que n'importe quel être humain. Mais n'ayant pas d'objectif positif et accessible auquel se raccrocher, ils utilisent leur force vitale à des fins destructrices.
Certains analystes, sociologues et politiciens infèrent de cette situation que la cause de l'insécurité est à rechercher dans les inégalités et les injustices et qu'un " traitement social " est à même d'en venir à bout. Ce type de raisonnement a donné naissance à ce qu'on a désigné du nom pompeux de " politique de la ville ", qui coûte très cher et ne donne aucun résultat.

Internet fait exploser la censure

Et pourtant c'est bien d'un traitement social que ces " jeunes " ont besoin. Celui qu'auraient pu leur administrer l'école, l'armée et l'emploi, avant que ces institutions n'aient été détruites par trois décennies de politique socialiste et de défaillance généralisée de l'Etat. Il faut être clair à cet égard : sans reconstruction rapide des trois mécanismes intégrateurs et assimilateurs que nous venons de citer, le problème de l'Islam en France n'a pas la moindre chance d'être résolu.
C'est la raison pour laquelle l'interdiction du voile, pour nécessaire qu'elle soit afin de donner au moins un signe de fermeté, ne réglera rien. C'est dans un nouveau programme politique national que réside la solution. J'ai l'immodestie de penser que celui que j'ai présenté à la dernière élection présidentielle - et qui est aussi celui de Droite de France, le parti que nous avons créé à la suite de cette consultation - est le seul qui réponde à cette exigence, tout comme il permet de faire face aux grands défis que doit relever la France en ce début du 21e siècle. Parce qu'il représente une rupture radicale avec ce qui s'est fait dans notre pays depuis la Libération, ce programme est repoussé avec horreur par tout ce que la société compte de profiteurs du système et d'assistés. Mais il suscite l'approbation chaleureuse de tous les Français " d'en bas " qui ont pu en prendre connaissance (et cela leur est de plus en plus en facile, à mesure qu'Internet pénètre dans les foyers).
Un important chef d'entreprise me faisait récemment remarquer qu'en examinant le paysage politique, on pouvait observer un clivage fort simple : " Si l'on trace une ligne verticale, me disait-il, il y a vous d'un côté, et tous les autres de l'autre. " Certains y verront, nous concernant, la marque d'une désolante solitude. D'autres, le signe des fructueuses moissons que l'avenir réserve à ceux qui savent semer le bon grain. Ce débat sera tranché dans un avenir proche. La censure médiatique dont nous sommes victimes ne résistera plus très longtemps à la prodigieuse puissance d'information d'Internet. D'importants éditeurs de presse britanniques faisaient récemment remarquer que le choix des sujets de leurs publications ne relevait plus de leur propre décision mais des informations qui circulent sur le web. Il est vrai que l'anglais est la langue la plus employée sur Internet et qu'aux informations purement britanniques s'ajoutent toutes celles qui proviennent des Etats-Unis ou d'une multitude de sites anglophones. Le français ne bénéficie pas d'une telle influence, et la France est encore en retard pour l'accès à Internet. Mais ce retard se comble très rapidement et demain chaque foyer, chez nous, sera relié à la toile, comme c'est le cas dans tous les pays développés.
Ce jour-là, il ne sera même plus nécessaire de lancer aux dictateurs des médias le fameux " Messieurs les censeurs, bonsoir ! ". Il suffira de les ignorer. C'est d'ailleurs la seule considération qu'ils méritent. Alors, mais alors seulement, la France pourra se lancer sur le chemin des vraies réformes. Dont découlera naturellement la solution de ses relations avec l'Islam. D'ici là, bon courage à tous : on va en avoir besoin.

Claude Reichman

Chirac vacille

C'est moins pour contredire les propos de Nicolas Sarkozy sur la " discrimination positive " que pour tenter de rétablir son image fortement dégradée par notre campagne réclamant sa démission pour avoir osé affirmer que " les racines de l'Europe sont autant musulmanes que chrétiennes " que Jacques Chirac s'est cru obligé, au cours de sa visite d'Etat en Tunisie, d'affirmer que " les Français étant ce qu'ils sont, le port du voile est, qu'on le veuille ou non, une sorte d'agression qu'il leur est difficile d'accepter ". Ce que les Français ne peuvent pas accepter non plus, c'est d'être gouvernés par un homme qui, dans le fond de lui-même, ne partage en rien leurs convictions essentielles. Un tel fossé ne se comble pas par des déclarations de circonstance. Et ce n'est pas un hasard si les deux tiers de nos compatriotes sont hostiles à un mandat supplémentaire de Chirac en 2007. Il ne lui restera qu'à rejoindre Giscard à l'Académie française, où l'on n'est pas regardant sur les œuvres littéraires. Ni sur les idées d'ailleurs.


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