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22/6/08 | Claude Reichman |
Sarkozy n’assure plus que l’intérim ! La Ve République est en train de s’effondrer, nul ne peut plus en douter. Conçue par son fondateur pour donner à la France un Etat fort capable de défendre le pays en toutes circonstances et de lui assurer la prospérité, elle n’est plus aujourd’hui qu’un Radeau de la Méduse où des naufragés ne survivent que par le cannibalisme. Qu’on se rapporte à l’histoire. Mal commandée, la frégate La Méduse s’échoue et fait naufrage en juin 1816. Les officiers et les passagers privilégiés embarquent sur des canots de sauvetage. Les 150 marins et soldats s’entassent sur un radeau abandonné à son sort. Un climat de violence s’installe bientôt. Les plus forts massacrent les faibles et n’ont pas d’autre ressource, pour se nourrir, que le cannibalisme. Une dizaine d’entre eux seulement survivra. Où en est la France en ce mois de juin 2008 ? Elle est échouée, exactement comme la Méduse. Trente années d’impéritie en ont fait un rafiot mal entretenu qui n’attendait plus qu’un banc de sable ou un récif pour faire naufrage. L’écueil s’est présenté sous la forme de l’envolée des cours du pétrole. Les classes moyennes du secteur privé, dont les salaires et les revenus ne progressent pas en raison de la concurrence internationale, voient s’envoler leurs dépenses de transport et d’alimentation. Il y a longtemps déjà qu’elles se restreignent. A présent, elles n’ont plus de solutions. Les exemples abondent de familles de salariés contraints d’habiter loin leur travail, dépendant de leur automobile pour s’y rendre, conduire leurs enfants à l’école et faire leurs courses de nourriture, qui se voient acculer à des remises en question dramatiques, comme la vente de leur maison si elles en sont propriétaires ou le recours humiliant à l’aide familiale quand elle est possible. Qui peut croire un seul instant qu’acculés à de telles extrémités, des millions de Français se laisseront couler dans la misère sans réagir et qu’ils accepteront le cannibalisme dont ils sont victimes ? Oui, c’est bien de cannibalisme qu’il s’agit. L’Etat, et avec lui tous ceux qui sont à son service ou qu’il entretient, dévore la substance de la nation. Quand vous allez acheter un litre de lait ou une baguette de pain, ou quand vous mettez quelques litres de carburant dans votre voiture, le prix que vous payez comprend les 54 % de dépenses publiques du pays. C’est ce qui rend la vie chère en France. Une goutte d’essence a fait déborder le vase. « Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? », s’exclamait Cicéron. L’interrogation est maintenant reprise à son compte par la classe moyenne du secteur privé en France. Elle s’adresse à l’Etat et à ceux qui le dirigent. Quelle réponse peut-elle en attendre ? Aucune, sauf des mesurettes pieusement appelées "réformes" par les politiciens professionnels et par les médias sous influence. Sarkozy ne s’est pas fait élire pour mettre à bas le système qui détruit la France, mais pour tenter de le rendre acceptable au peuple. C’est raté. Aujourd’hui, les fonctionnaires et les retraités sont les derniers piliers de la Ve République. Parce que leurs salaires et leurs pensions sont encore payés. Mais les coupes claires vont venir. Un Etat impécunieux ne peut plus protéger quiconque des privations. L’heure de vérité est désormais proche. Elle sonnera pour tout le monde en France. Même pour ceux qui se croient à l’abri. Réduire le poids de l’Etat, c’est réduire massivement le nombre des fonctionnaires et des assistés, tailler dans les dépenses publiques, diminuer de 150 milliards d’euros les impôts et les charges pour les ramener au niveau de l’Allemagne. Tel sera le programme du prochain président qu’attend la France. Sarkozy n’assure plus que l’intérim. Claude Reichman |