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12/11/22 | Claude Reichman |
Qui est la jeune fille au tambour ?
En fait, il vaudrait mieux dire, si l’on veut être fidèle à l’image, la jeune fille à la grosse caisse. Mais cela fait un titre moins joli. Tout est parti d’un article du Figaro, le 10 novembre dernier. « Bridé par les écolos, Bridor délocalise un projet d’usine ». Signé par Mathilde Visseyrias, l’article raconte que la société Bridor, présidée par le breton Louis Le Duff, veut créer une usine de boulangerie industrielle à Liffré, en Ille-et-Vilaine. Très implantée en Bretagne, Bridor est un leader mondial de la boulangerie. Mathilde Visseyrias résume ainsi le projet : « Le projet coche toutes les cases : réindustrialisation de la France, création d’emplois et exportation d’un savoir faire français. Las. Malgré la promesse de 500 créations de postes et 250 millions d’euros d’investissement, il est menacé. » Louis Le Duff est consterné : « Face à des opposants au projet, je ne peux encore attendre dix ans sans rien faire. Samedi dernier une manifestation a réuni 500 personnes à Liffré. La
présidente du groupe écologiste à la région Bretagne explique que « le
problème essentiel est la consommation d’eau de l’usine, alors que la
ressource est rare en Bretagne. Nous reprochons également au projet
l’artificialisation des sols et la destruction de terres agricoles. Il y
a aussi une zone naturelle à préserver. » Pourtant, après trois ans de
procédures administratives, Bridor a obtenu l’autorisation
environnementale du préfet, et la commune a délivré le permis de
construire, indique Le Figaro. J’ai grande envie d’interroger la jeune fille à la grosse caisse. Qu’attend-elle de la vie ? Espère-t-elle un emploi ? Dans quel domaine ? A-t-elle des parents à la retraite ou près de la prendre ? Oui, j’ai très envie qu’elle parle, pour que nous comprenions mieux encore le désastre français. Je n’ai évidemment pas de conseils à donner à l’excellente Mathilde Visseyrias, mais ce serait bien qu’elle retrouve cette jeune fille et la fasse parler. Parce qu’à un moment ou à un autre, il va falloir crever l’abcès français, si l’on veut que notre pays survive. Jusqu’à présent, nos gouvernants n’ont rien fait d’autre que des discours. L’actuel président de la République excelle dans le genre. Il y est si bon, que plus personne ne l’écoute. On se contente de la musique des mots. Mais s’agit-il encore de politique ? L’éducation du genre humain se fait surtout par l’exemple. Bien entendu, il y a depuis vingt-cinq siècles au moins des enseignants de métier qui doivent en principe faire mieux que les bénévoles que sont les parents. Ceux qui y sont le mieux parvenu sont les instituteurs français de la troisième République, qui menaient leurs ouailles au certificat d’études. Après, les choses se sont gâchées. L’enseignement ne fut plus un sacerdoce, mais un boulot comme un autre, avec pas mal de vacances. Les parents les mieux placés ont parfaitement su pallier les insuffisances de l’éducation nationale. Mais ils l’ont fait pour leurs enfants. Les enfants des autres ont été livrés au hasard d’un bon maître et à la déréliction de tous les autres enseignants. Et puis la catastrophe finale est arrivée avec la main mise des gauchistes sur les canaux de communication. Même si les grands médias sont la propriété d’industriels ayant une saine conception de l’économie, ceux-ci en ont laissé la direction à des journalistes sommés de ne pas provoquer de troubles dans l’opinion et donc de donner mieux qu’une tribune, un monopole, à tous les braillards de gauche que n’a pas manqué de produire une société où la quête de subvention est le sport roi. Ainsi les idées de gauche les plus saugrenues règnent dans les médias et produisent des générations de pauvres jeunes gens habitués à vivre dans la stupidité et dressés à militer pour elle. Tout cela, nous sommes nombreux à le savoir. Mais pas assez nombreux pour en persuader le pays. C’est pourquoi il serait très utile d’interroger la jeune fille au tambour, en espérant que ses drôles d’idées provoqueront dans l’opinion un choc salutaire. Claude Reichman
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