« Je vous ai compris ! »
Des passagers sur une passerelle attendent d’embarquer dans un avion.
Mais il n’y a pas d’avion. Cette image trouvée au hasard d’une
navigation sur Internet illustre à merveille la situation française.
Nous faisons tous la queue pour embarquer vers quelque part, mais nous
ne savons pas pour où.
Normalement, il devrait appartenir au président de la République de
nous fixer la destination de notre voyage. M. Macron en est bien
incapable, n’ayant jamais réfléchi à un tel problème. Il est arrivé au
pouvoir par un coup d’Etat judiciaire avec pour tout viatique le petit
catalogue du parfait énarque, fait d’impôts, de taxes et de
réglementations. Et bien entendu cela ne fonctionne pas, car il n’y a
rien dans sa trousse pour combattre une épidémie de coronavirus.
Affolé par l’extension de l’infection, il en est réduit à la solution
moyenâgeuse consistant à enfermer les Français chez eux. La conséquence
inévitable est l’arrêt presque complet de l’activité économique du pays
et de la vie sociale. L’arrivée d’un vaccin permettra peut-être
d’arrêter l’épidémie, mais on nous dit que ce n’est pas certain. Et de
toute façon le vaccin ne réparera pas les dégâts économiques, pour
lesquels il va falloir chercher d’urgence des solutions. Entassés sur la
passerelle de l’aéroport, les Français ne savent toujours pas où ils
vont.
La seule hypothèse qui soit formellement exclue est celle qui nous
ferait rester sur place. Il ne s’agit pas du sol français, que le peuple
ne souhaite pas quitter, mais de tout ce que le soldat romain appelait
l’impedimenta, c’est-à-dire l’attirail de campagne qui lui permettait de
vivre et de combattre. Chez nous, ce lourd bagage est fait pour
l’essentiel de charges, d’impôts et d’allocations diverses et variées.
Les outils de production sont réduits à la portion congrue, et les
principales entreprises du pays sont d’immenses hangars appelés
supermarchés où la population dite active (ce qui en français moderne
signifie inactive) circule entre des kilomètres de rayonnages et se
laisse docilement conduire vers des caisses où elle dépense la fausse
monnaie qu’on lui a distribuée pour prix de sa courageuse paresse.
Tout cela, c’est terminé. Pour une raison des plus simples. Même la
fausse monnaie va manquer. Notre fournisseur en effet est la banque
centrale européenne, dont les principaux actionnaires sont les seuls
pays sérieux de l’Union qui ne vont pas tarder à fermer les robinets
pour ne pas être entraînés à leur tour dans la faillite qui se profile.
Du coup, nos magnifiques palais de la solidarité, caisses d’assurance
maladie, de retraite, d’allocations familiales, vont devoir fermer leurs
guichets et laisser sans ressources tous les bénéficiaires de leurs
largesses. La France ne sera plus qu’un immense attroupement de citoyens
démunis, habités selon les cas de résignation ou de fureur, et qui se
chercheront un chef pour guider leurs rapines et leur violence.
Dégagez la passerelle, tout le monde descend ! Plus aucun avion ne
décollera d’ici longtemps. Le dernier a emporté vers des pays civilisés
l’élite de nos hommes politiques et de nos artistes de gauche. Il va
falloir apprendre à vivre sans eux. C’est la seule chose facile qui nous
attend.
On a retrouvé dans une forêt vierge lointaine une tribu préhistorique
dont on pu observer les mœurs attentivement. Ayant réussi à apprendre
leur langue, nos ethnologues ont pu comprendre leur philosophie de la
vie. Même si la nature de leur jungle était prodigue de ressources
alimentaires, ils prenaient toujours la précaution de faire des réserves
au cas où le refroidissement climatique viendrait à les en priver. «
Nous capitalisons, disaient-ils dans leur langue, c’est l’honneur de
notre société et de notre peuple. Un peuple qui ne se soucie pas de son
avenir est un peuple mort. »
Quand nos télévisions nous rapportèrent ces propos, un immense
découragement s’abattit sur les Français. Un ancien général prit la
parole et déclara solennellement : « Je vous ai compris ! ». Les
Français hochèrent la tête et beaucoup d’entre eux murmurèrent entre
leurs dents : « Inutile, mon Général, nous aussi nous avons compris ! ».
Claude Reichman