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15/10/11 Alex Korbel
          Zone euro :pas de salut hors la baisse des
                           dépenses publiques !

Depuis le 10 mai 2010, les neuf tentatives successives de résoudre les problèmes des États membres de la zone euro ont toutes échoué. La crise des dettes publiques européennes, partie de Grèce, d’Irlande et du Portugal, s’est propagée à l’Italie et à l’Espagne.

Les règlementations monétaire et financière de la zone euro expliquent la dangerosité de la situation actuelle. La politique de création monétaire au sein de la zone euro permet artificiellement aux États trop endettés de se financer. La Banque centrale européenne (BCE), via les banques centrales nationales, rachète les obligations d’État aux banques privées en échange de leur refinancement, sans faire de différence significative entre obligations d’États endettés et trop endettés.

Cette politique a comme objectif d’attirer le financement nécessaire à l’achat d’une grande quantité de dettes souveraines à court terme. Leurs obligations trouvant artificiellement preneurs, les États trop endettés ont donc fait le choix de continuer à créer de la dette, attirant le scepticisme justifié des investisseurs internationaux au fur et à mesure que s’assombrissait la perspective de croissance des économies concernées.

Le système financier de la zone euro repose ainsi sur un aléa moral qui est la conséquence du refus politique de voir un État membre de la zone faire défaut sur sa dette publique et de règles fixées par la BCE favorisant à la fois les États les plus endettés et les obligations d’État à court terme.

Maintenant que les gouvernants européens réclament des investisseurs privés qu’ils renoncent à une partie de ce qui leur est dû, ceux-ci exigent des taux d’intérêt plus élevés en échange de la détention de ces dettes souveraines. Mais cette hausse des taux accélère la course des États trop endettés vers le défaut de paiement.

Le fonctionnement actuel du système de paiements de la zone euro a pour objectif le renflouement opaque d’États trop endettés afin de ne pas faire éclater la zone elle-même. Mais puisque le nombre d’États à risque augmente, ce système de sauvetage n’est plus en mesure de faire face au volume d’achats potentiels requis.

Étant donné la situation actuelle, il semble qu’il y ait peu de chance pour que les décideurs européens puissent éviter d’aller dans la direction d’une réduction de l’aléa moral présenté ci-dessus, auquel cas il serait préférable qu’ils se préparent à faire face à un nombre substantiel de défauts de paiement étatiques et à une large restructuration des dettes bancaires.

On peut envisager trois scénarios pour les prochains mois :

• Les décideurs européens restent dans les limbes actuels, incapables de choisir l’une ou l’autre option politique. Des faillites bancaires et étatiques désordonnées s’en suivront par vagues successives, rendant majoritaires les États en situation désespérée, ce qui aura pour conséquence d’amener la BCE à choisir une politique inflationniste. En annonçant qu’elle achèterait un nombre illimité d’obligations étatiques, la BCE démontrerait qu’elle est prête à assumer un rôle de mécanisme de renflouement budgétaire pour les pays européens. Cette politique permettra d’éviter ou de limiter les faillites étatiques mais elle conduira à une forte baisse de la valeur de l’euro et une inflation plus élevée, accroissant les dissensions entre capitales européennes et le mécontentement électoral.

• Les décideurs européens choisissent de mettre fin à l’aléa moral de la zone euro. Cela se fera d’une manière plutôt désordonnée mais la restructuration des dettes souveraines et bancaires des pays à haut risque et la recapitalisation des banques des pays à risque moins élevé peuvent atténuer les perturbations de ce scénario à l’allemande.

• Les décideurs européens redeviennent crédibles et accouchent d’un plan évitant inflation et défaut de paiement. Ce plan reposerait sur des mesures de réduction des déficits publics (réduction des dépenses publiques) bien plus importants et rapides que ce qui existe en ce moment dans la périphérie de la zone euro.

Dans le contexte actuel de perte de crédibilité des hommes d’État européens, d’inaptitude politique à réduire les dépenses publiques et de croissance économique moribonde, ce troisième scénario a peu de chance de se réaliser.

De plus, parce que les contribuables ont des intérêts moins concentrés que certains groupes de pression, les hommes d’États européens préfèrent augmenter le niveau d’imposition plutôt que baisser les dépenses publiques. Or une hausse de la fiscalité accroît l’évitement fiscal et empire la situation en ne relançant pas l’économie : on n’a jamais vu un pays devenir plus riche par une hausse d’impôt.

Ce troisième scénario reposant sur la baisse des dépenses publiques est pourtant le seul permettant de résoudre la crise actuelle de manière durable puisqu’il permet la réforme des finances publiques et l’amélioration de la compétitivité des pays de la zone euro.

Alex Korbel


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