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12/7/15 | Claude Reichman |
La crise grecque est en
réalité une crise française ! Quand en 1986, l’Europe a décidé de supprimer toutes ses frontières intérieures, et qu’en 1992 elle a édicté des directives abrogeant les monopoles sociaux afin de permettre la libre circulation des citoyens européens, elle mettait un terme au règne de l’Etat providence sur le Vieux Continent. Cette réforme devait permettre à chacun des pays européens d’entrer de plain pied dans le 21e siècle. La France a mis tout en œuvre pour empêcher son application chez elle, alors même qu’elle avait signé ces textes par la plume de M. Mitterrand, et du coup les autres Etats de l’Union – à l’exception de peu d’entre eux - en ont pris prétexte pour ne pas l’appliquer chez eux. Prenons un seul exemple : les généreuses retraites publiques grecques - qui sont au cœur des exigences de réforme formulées par la zone euro - existeraient-elles aujourd’hui si la Grèce avait remplacé la répartition par la capitalisation, comme le stipulent les directives de 1992 ? De même l’Allemagne, présentée comme un prix de vertu, aurait-elle à s’alarmer du vieillissement de sa population et du sort de ses retraités si elle ne continuait pas à en faire peser le poids sur ses jeunes générations ? La charité commanderait que nous ne parlions pas de la France, où le système de retraite est en complète faillite et où l’assurance maladie ne subsiste qu’à coup d’emprunts massifs, si notre pays n’avait à assumer la responsabilité majeure de l’échec européen. Les hommes politiques français, toutes tendances confondues, ont validé
tacitement un coup d’Etat technocratique destiné à maquiller l’identité
mutualiste des caisses de sécurité sociale pour les faire échapper à la
concurrence. Les auteurs de ce coup d’Etat sont connus et leurs parrains
politiques aussi. Il n’y a donc aucun mystère dans une affaire dont résulte
directement la crise européenne actuelle. C’est désormais au peuple français qu’il appartient de reprendre son destin social en mains et d’entraîner le reste de l’Europe sur la voie de son salut. Car ne nous y trompons pas : le poids de l’Etat-providence est la cause presque unique du mal européen. C’est le fruit d’un siècle de communisme et de fascisme conquérants, suivis, après leur défaite, par des conduites publiques encore marquées du sceau de ce collectivisme défunt. Comment s’expliquer autrement que le personnel politique français, par exemple, ne parvienne jamais à expurger du corpus législatif la moindre des mesures communistes qui s’y sont accumulées au fil des décennies ? Dans le film « L’aveu », un communiste tchèque aux yeux enfin dessillés se demande : « Que nous est-il arrivé ? ». Bonne question est-on tenté de dire. Que pourrait aujourd’hui se poser la classe politique française. Oui, que vous est-il arrivé à vous qui nous avez parlé d’Europe à chacun de vos discours et qui l’avez combattue de toutes vos forces quand elle dérangeait vos prébendes et votre confort ? Hommes et femmes politiques français, vous avez trahi l’idéal européen, n’en laissant plus subsister qu’un monstrueux appareil administratif acharné à détruire toute liberté, toute initiative, toute pensée autonome, et n’étant plus que la caricature grotesque de ces avancées immenses de la civilisation que furent la Magna Carta et la Déclaration des droits de l’homme. De ce désastre national et européen, le peuple se relèvera vite s’il prend les bonnes résolutions. Et place chacun à sa juste place. Rien de mieux pour le guider que cette maxime de Confucius : « Si vous placez des gens retors au dessus des hommes intègres, le peuple cessera de vous soutenir. » C’était vrai il y a vingt-cinq siècles, ça l’est encore plus aujourd’hui ! Claude Reichman
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